Émail de Limoges
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L'émail de Limoges (en latin opus lemovincense) est une technique d'émail champlevé qui apparaît au milieu du XIIe siècle dans la ville française de Limoges. Après avoir connu un vif succès en Europe occidentale, elle disparaît au milieu du XIVe siècle.
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[modifier] Technique
L'émail de Limoges repose sur l'usage de trois techniques : le champlevé, le pseudo-champlevé et le cloisonné. D'abord, l'orfèvre martèle des feuilles ou plaques de cuivre jusqu'à obtenir une épaisseur de quelques millimètres. Il creuse ensuite au burin et à l'échoppe — selon la technique du champlevé — des alvéoles d'environ un millimètre d'épaisseur. Alternativement, l'artiste peut utiliser deux plaques soudées l'une à l'autre : la plaque supérieure est découpée alors que celle du dessous sert de support — c'est le pseudo-champlevé. Il est possible d'ajouter dans ces alvéoles des rubans de cuivre qui forment le dessin — c'est le cloisonné.
Les alvéoles sont ensuite remplies de poudre de verre, obtenu en pilant au mortier des morceaux de verre coloré. Le verre lui-même est obtenu à partir de sable ou de quartz additionné de fondants alcalins (cendres végétales ou natron) destinés à abaisser la température de fusion. Dans la très grande majorité des œuvres, l'artiste a utilisé du verre au sodium, comme le faisaient les verriers romains : il présente la particularité d'être plus stable que le verre au potassium, utilisé abondamment dans les vitraux de l'époque.
La plaque est ensuite mise au four : une fois le verre fondu, la température est abaissée graduellement. Le cuivre possédant un coefficient de dilatation proche du verre, la pièce refroidit harmonieusement. La surface est ensuite polie, nettoyée puis dorée avec un mélange d'or et de mercure.
[modifier] Histoire
La première mention de la technique se trouve dans un texte rédigé vers 1167-1169 par un clerc proche de Thomas Becket, qui emploie l'expression « œuvre de Limoges » au sujet de la plaque de reliure d'un livre conservé à l'abbaye Saint-Victor, à Paris. Les témoignages se multiplient ensuite, évoquant des couvertures de livres et surtout des objets de piété : châsses-reliquaires, crucifix, vases sacrés (ciboires, calices et pyxides) ou encore encensoirs.
Les premiers objets pouvant être rattachés à Limoges sont précisément des châsses commandées par le comte de la Marche. L'une, dite « châsse de Bellac », date de 1120-1140 et est actuellement conservée à l'église Notre-Dame de Bellac ; elle représente le Christ en majesté entouré des évangélistes et d'anges. L'autre, actuellement au Metropolitan Museum of Art de New York, date de 1150 environ ; elle accorde une large place à saint Martial, premier évêque de Limoges.
Progressivement, le répertoire des orfèvres-émailleurs s'élargit à des thèmes inconographiques moins locaux, comme la mort de Thomas Becket : les châsses en émail de Limoges sont les plus anciennes connues sur ce thème. Les artistes s'intéressent également à de nouveaux styles : ainsi du fond vermiculé, c'est-à-dire gravé de rinceaux enroulés. De même, un certain nombre d'artistes choisissent de réserver les figures, dont les détails sont gravés, l'émail étant appliqué au fond orné de rosettes. Enfin, certains éléments sont désormais fabriqués à part, puis fixés sur les plaques de cuivre à l'aide de rivets : c'est par exemple le cas des têtes des saints représentés sur les châsses.
C'est alors l'âge d'or des ateliers limousins : leurs œuvres sont exportées jusqu'en Suède, en Espagne et en Italie. Ce succès s'explique d'abord par le faible coût du cuivre émaillé par rapport à l'or ou l'argent : les églises et monastères peuvent ainsi acquérir à peu de frais leurs objets liturgiques. En outre, l'œuvre de Limoges se prête bien à la représentation de scènes narratives, particulièrement importantes sur les objets liturgiques.
Au milieu du XIIIe siècle, l'œuvre de Limoges continue d'évoluer : tombeaux et objets en ronde-bosse sont désormais prépondérants et le décor héraldique fait son apparition. Les orfèvres adaptent leur style aux évolutions de l'art gothique. Néanmoins, malgré des chefs-d'œuvre comme la plaque funéraire de Guy de Mejos, la production est de moins en moins abondante. Quand le Prince Noir met Limoges à sac en 1370, les ateliers ont déjà disparu.
[modifier] Collections
France (principales collections)
- Paris, Musée du Louvre
- Paris, Musée de Cluny
- Limoges, Musée de l'Évêché
- Guéret, Musée de la Sénatorerie
- Poitiers, Musée Sainte-Croix
- Nantes, Musée Dobrée
De nombreux trésors d'églises en France, notamment en Limousin et Auvergne, conservent des champlevés limousins.
[modifier] Notes et références
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
[modifier] Bibliographie
- « Les Émaux de Limoges au Moyen Âge », Dossier de l'art no 26H, novembre-décembre 1995.
- L'Œuvre de Limoges : art et histoire au temps des Plantagenets : actes du colloque organisé au Musée du Louvre par le Service culturel, le 16 et 17 novembre 1995, Documentation Française, 1998.
- Véronique Notin, L'art de l'émail à Limoges, Culture et Patrimoine en Limousin, 2005.
- Élisabeth Taburet-Delahaye, « L'“Œuvre de Limoges” au XIIIe siècle », feuillets du Musée du Louvre, 1990.
- « Camille Fauré : Impossible Objects», auteur Cork Marcheschi - 2007