Affaire des frégates de Taïwan

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L’affaire des frégates de Taïwan est une affaire ayant entre autres impliqué le groupe Thomson-CSF, le groupe pétrolier Elf et le gouvernement français, dans le cadre d'un contrat d'achat de frégates à la France par Taïwan. Ce contrat fut entouré d'une épidémie de morts subites (noyades, défenestrations, accidents thérapeutiques) et fut l'objet de plus de 500 millions de dollars de commissions et rétrocommissions, qui ont nourri beaucoup de fantasmes.

Sommaire

[modifier] Lancement de l'affaire

En 1988, le groupe Thomson-CSF (aujourd'hui Groupe Thales) approche le gouvernement français en vue de l’opération Bravo, soit la vente à Taïwan de six frégates de la classe La Fayette pour la somme de 2,8 milliards de dollars. Le ministre des Affaires étrangères Roland Dumas met son veto, relayant ainsi l'opposition de la Chine à cette transaction.

Le groupe pétrolier Elf, en la personne de Alfred Sirven (bras droit de Loïk Le Floch-Prigent, président du groupe), propose alors aux dirigeants de Thomson les services du "réseau Elf" (par le biais d'Edmond Kwan, un homme d'affaires chinois) pour jouer les intermédiaires avec Pékin. Quelques mois après, la Chine met en sourdine ses objections et le ministère français des Affaires étrangères lève son veto. En août 1991, le contrat Bravo (contrat d'achat des frégates de Taïwan) est signé pour 2,8 milliards de dollars US.

[modifier] Chronologie

[modifier] Les différents volets de l'affaire

[modifier] Un prolongement de l'« affaire Elf »

En 1997, la juge Eva Joly, qui enquête sur l'affaire Elf, est anonymement invitée à « visiter un palais », rue de Lille à Paris. Il s'agit de l'appartement de Christine Deviers-Joncour (maîtresse de Roland Dumas), acheté grâce à un virement d'Elf. La mise en cause de Christine Deviers-Joncour provoque le début de l'affaire dite « des frégates ». En effet, Alfred Sirven, son officier traitant chez Elf.à compléter, infomation manquante

Thomson-CSF a contesté la réalité de l'intervention du réseau Elf et a porté plainte pour tentative d'escroquerie.

[modifier] Trois réseaux d'intermédiaires

Thomson-CSF a activé trois réseaux d'intermédiaires pour faire aboutir son dossier :

  • Le réseau A cible Taïwan et est animé par Andrew Wang ;
  • Le réseau B cible la Chine populaire ;
  • Le réseau C, animé par Alfred Sirven et Edmond Kwan, cible Taïwan et la France.

Ces trois réseaux apparaissent dans une série de notes internes de Thomson-CSF saisies par les juges français en 2000. Ces intermédiaires ont distribué des sommes que Roland Dumas avait publiquement estimé en 1998 à « 2,5 milliards de francs environ », avant de réévaluer ce chiffre à « 5 milliards de francs » dans un entretien accordé au Nouvel Observateur le 9 mars 2000.

Soumis à l'« autorisation de transfert » du 17 septembre 1991 de la part de la Direction générale des douanes du Ministère du Budget, alors dirigé par Michel Charasse, les « rémunérations » consenties se montèrent à près de 3 milliards de francs pour le réseau A et à quelque 80 millions de francs pour le réseau B, selon les informations confiées en 1998 à la brigade financière par l'ancien directeur de Thomson pour l'Asie, Alain Fribourg. À en croire Alain Fribourg, la disproportion entre les deux commissions s'expliquait par le fait que les « négociations » menées à Taïwan par Andrew Wang avaient « permis d'obtenir » l'augmentation du volume du marché conclu avec Taïpeh, passant de 12 milliards initialement prévus à 16 milliards de francs lors de la signature finale.

[modifier] Réseau A (Andrew Wang)

Ce réseau, appelé « réseau traditionnel », doit traiter l'administration et la présidence taïwanaise. Dans une note de 1991, l'ancien directeur général de Thomson-CSF, Jean-François Briand, précisait que ce réseau avait « fonctionné efficacement, étant bien entendu motivé par la structure politique de Taïwan et son désir ardent de signer cette affaire ». Il repose sur le trésor de guerre d'Andrew Wang, qui s'élève à 1 milliard de francs suisses. Les comptes suisses d'Andrew Wang ont probablement été bloqués avant que les rétrocommissions n'aient été distribuées en Europe.

L'enquête est confiée à Renaud Van Ruymbeke et à Dominique de Talancé. Les juges exigent les contrats de commissions, qui faisaient l'objet d'autorisations au plus haut niveau chez Thomson et au ministère des Finances. Le secret défense leur est opposé par Laurent Fabius et Francis Mer, ministres successifs de l'Économie. En avril 2001, 250 millions de francs suisses (1 milliard de francs) sont bloqués lors d'un transfert bancaire effectué par le fils d'un autre intermédiaire : Andrew Wang, patron du « réseau A » d'intermédiaires.

L'enquête suisse confiée au juge Paul Perraudin continue, mais l'argent des Wang n'a pas été redistribué. Contractuellement interdites, les commissions ont fait gonfler le prix. Taiwan engage une procédure pour se faire rembourser.

Avant Jean-Louis Gergorin, un ancien banquier français avait expliqué au juge Renaud Van Ruymbeke que l'argent des commissions avait pu passer par des comptes Clearstream qui auraient servi d'écran. Les Suisses ont vérifié sans succès la piste Clearstream.

[modifier] Réseau B (Lily Liu)

Le réseau B a pour animatrice une femme d'affaires chinoise de Hongkong, Lily Liu, uniquement désignée par son prénom dans les notes internes, et qui aurait également des compétences artistiques de chant et de danse.

« À cheval sur Taïwan et Pékin », ce deuxième réseau « ne pouvait être mis en œuvre que de manière ponctuelle et discrète », notait l'ancien directeur général de Thomson-CSF, Jean-François Briand. Une note de synthèse établie à l'intention du PDG de l'époque, Alain Gomez, précise qu'entre mars et octobre 1990 « une série d'actions » a été lancées par Lily Liu « pour préparer les rencontres d'octobre 1990 avec les dirigeants chinois, au niveau essentiellement du ministère de la défense et des commissions politiques correspondantes du comité central du Parti communiste chinois ».

La note ajoutait que, « au cours du voyage d'octobre 1990 à Pékin, une réponse positive avait été obtenue des responsables chinois rencontrés dans le contexte difficile d'après Tiananmen ». Soulignant la complémentarité des différentes filières, Jean-François Briand précisait que le réseau B avait « permis de valider l'action du réseau A au niveau le plus élevé de Taïwan ». Dans un courrier daté du 19 décembre 1991, Alain Gomez affirmait lui-même que le réseau de Lily Liu avait « prouvé son efficacité ».

[modifier] Réseau C (Alfred Sirven)

Le réseau C repose sur Edmond Kwan et Alfred Sirven, dirigeant d'Elf. « Mis en place (…) par mesure d'assurance » et « dans des conditions non rigoureuses », écrivait Jean-François Briand, l'ancien directeur général de Thomson-CSF, ce réseau suscitait plus de doutes que de certitudes chez les dirigeants d'Elf. Aux policiers, ce dernier a expliqué qu'au moment où le projet de vente des frégates était bloqué par l'Élysée et le Quai d'Orsay, il était apparu utile d' « utiliser les relations que le groupe Elf avait en Chine », signalant que de telles synergies existaient déjà « entre Thomson CSF et Elf, notamment en Afrique ».

Mais s'il rencontra Alfred Sirven, Jean-François Briand fut tenu dans l'ignorance du rôle joué par Christine Deviers-Joncour, a fortiori de sa proximité avec le ministre des Affaires étrangères Roland Dumas. Et lors de son voyage en Chine, Jean-François Briand n'avait entendu parler d'aucune intervention du prétendu « réseau Elf », qu'était censé incarner sur place l'homme d'affaires Edmond Kwan.

Après la conclusion du marché taïwanais, en août 1991, les « doutes » du dirigeant de Thomson se changèrent en inquiétudes. Peu avant de quitter le groupe, en raisons de désaccords persistants avec son PDG, Jean-François Briand bloqua le paiement du réseau C, derrière lequel il entrevoyait « le financement d'un parti politique », ce que l'un de ses collaborateurs, Alain Fribourg, interpréta comme le soupçon d'un « financement du PS », le Parti socialiste français.

Depuis le 4 juillet 1991, Alfred Sirven et Christine Deviers-Joncour avaient mis en place un dispositif bancaire destiné à accueillir la commission espérée. La compagne du ministre devait entreposer sa part sur un compte à Lugano. La part d'Alfred Sirven devait être transférée vers le Luxembourg, sous couvert d'une société de droit britannique, Travlane Haulage Limited. Nul ne sait où la piste conduisait ensuite.

Peu après la signature, Alain Gomez, PDG du Thomson CSF, refuse de le payer car il a des doutes sur la destination finale des 160 millions de francs de commissions. C'est la connexion avec l'affaire Elf.

Alfred Sirven fait payer une partie de la commission promise par les fonds secrets d'Elf. 8,25 millions de dollars partent sur le compte de Christine Deviers-Joncour. Edmond Kwan attend 7%.

Saisie d'une plainte de Thomson CSF pour « tentative d'escroquerie » visant Alfred Sirven et Christine Deviers-Joncour, Eva Joly préfère renvoyer Roland Dumas et son ex-amie devant le tribunal correctionnel pour des « abus de biens sociaux » au détriment d'Elf. En « oubliant » au passage les frégates. Cet oubli est peut-être dû aux menaces de mort explicites qu'elle reçut alors de la part d'officiers supérieurs français, peu avant le suicide de son propre mari. C'est Renaud van Ruymbeke qui reprendra alors ce dossier qui s'enlisera dans les sables du secret défense.

[modifier] Commissions et rétro-commissions

  • Interrogé comme témoin en juin 2001, Roland Dumas, ministre des affaires étrangères au moment de la signature du contrat Bravo, avait affirmé que cette somme était en fait destinée à "des responsables de Taïwan, à concurrence de 400 millions de dollars, et de 100 millions de dollars à destination du comité central du Parti communiste de Pékin". Il fallait à la fois convaincre le gouvernement taïwanais d'"acheter français" et amadouer les autorités chinoises, opposées à toute livraison de matériel sensible à l'île nationaliste. Selon Roland Dumas, les commissions étaient destinées à 80% aux « responsables de Taiwan » et à 20% au « comité central du Parti communiste chinois » ­
  • Ex-directeur adjoint chez Thomson-CSF, Alain Fribourg a assuré aux juges avoir "toujours considéré à l'époque que c'était le parti au pouvoir à Taïwan qui bénéficiait pour une bonne partie de ce que l'on versait à M. Wang".

[modifier] L'autorisation du ministère du Budget

  • Le 17 mai 2004, l'ancien ministre socialiste du Budget Michel Charasse a reconnu avoir signé des commissions "légales" pour les frégates de Taïwan. "J'ai signé, comme ministre chargé de l'administration des douanes et des impôts, la commission douanière, ce qu'on appelle les frais de prospection de marché, qui a été allouée aux intermédiaires étrangers qui ont facilité l'acquisition des frégates de Taïwan", a expliqué Michel Charasse. L'ancien ministre a assuré que "c'était légal et régulier" mais a refusé de révéler le montant de ces commissions au nom du "secret défense". Ces commissions sont par ailleurs déductibles d'impôt puisqu'elles sont considérées comme des frais de prospection.

[modifier] Rétrocommissions

  • Une information judiciaire française, ouverte contre X en juin 2001, pour "abus de biens sociaux et recel", concerne d'éventuelles rétrocommissions versées à des personnalités françaises en marge de la vente des frégates. Les juges français estiment que 3 milliards de francs (environ 458 millions d'euros) de commissions auraient été versés à l'occasion du marché. Ils n'ont cependant pu établir la réalité de rétro-commissions versées à des intermédiaires français. L'enquête des juges français a été close le 2 octobre 2006.
  • Le retour vers l'Europe d'une partie de cette masse énorme (rétrocommissions) a nourri d'importants fantasmes dont le prolongement a été trouvé dans l'affaire Clearstream 2, dont la base est la scénarisation par le "corbeau" de distribution de ces rétrocommissions à travers la boîte noire financière Clearstream.
  • Une autre enquête est en cours à Taiwan pour les actes de corruption des fonctionnaires et des personnalités politiques taïwanaises.

[modifier] Volet bancaire

  • James Kuo, le cadre (loan officer) de la Société générale de Taïwan suivait China Shipbuilding qui initialement, devait construire les frégates ! Mais en aucun cas le montage financier élaboré en secret par des cadres français. Il a été retrouvé défenestré en novembre 1992.

[modifier] Procédure arbitrale et amende

  • Une procédure arbitrale a été initiée en 2001 par Taïwan, qui réclame à la France le remboursement de 600 millions de dollars, le montant des commissions versées par Thomson-CSF. En effet, l'article 18 du contrat Bravo interdisait explicitement de rémunérer des intermédiaires.
  • Cette procédure risque de conduire l'État français à payer une amende d'un montant évalué en l'état de l'enquête à 599 millions de dollars (près de 500 millions d'euros).

[modifier] L'enquête française

  • Une information judiciaire contre X a été ouverte en juin 2001 pour "abus de biens sociaux et recel" après la découverte sur un compte suisse, et la mise sous séquestre, de plusieurs dizaines de millions d'euros qui pourrait être liée à cette affaire. L'enquête a peu progressé, les magistrats se heurtant systématiquement au secret défense.
  • Le 10 octobre 2006, les juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset ont notifié aux parties l'article 175 du code de procédure pénale qui met fin à leurs investigations. Les parties ont vingt jours pour demander des actes supplémentaires. Ensuite, les juges renverront le dossier d'instruction au parquet de Paris. Les magistrats semblent s'orienter vers une décision de non-lieu.
  • Les juges estiment que 3 milliards de francs (environ 458 millions d'euros) de commissions auraient été versés à l'occasion de ce marché" Ils n'ont cependant pas pu prouver le versement de rétro-commissions versées à des intermédiaires français.

[modifier] Secret Défense

  • Les juges Van Ruymbeke et Simeoni s'intéressent à la liste détenue par la direction des douanes, portant le nom des bénéficiaires des commissions versées lors du contrat Bravo.
  • Ministère de l'économie et des finances : Mi-avril 2002, les juges ont une nouvelle fois demandé au ministre de l'Économie Laurent Fabius la levée du secret défense afin d'obtenir la déclassification de documents de Thomson, maître d'œuvre du contrat. Dans leur courrier adressé à M. Fabius, les deux juges déploraient alors la "conception extensive" de la notion de secret défense qui représente selon eux dans cette affaire une entrave à la bonne marche de la justice. Son successeur Francis Mer, membre du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a opposé également le secret défense en juin 2002. Le 4 octobre 2006 et pour la quatrième fois depuis 2001, le ministre de l'Économie Thierry Breton a une nouvelle fois refusé de déclassifier les documents des douanes dans l'affaire des frégates de Taïwan. Il a ainsi suivi l'avis de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), publié le même jour au Journal Officiel. [1]
  • DGSE: Le directeur de la DGSE, Pierre Brochand, a de nouveau opposé le secret défense devant les juges le 22 janvier 2004. Pierre Brochand était notamment interrogé sur des révélations qu'aurait pu faire Thierry Imbot, ancien conseiller commercial à la représentation française à Taïwan au début des années 1990 et qui travaillait également pour la DGSE. Thierry Imbot, fils de l'ancien directeur de la DGSE René Imbot, est décédé en octobre 2000 à Paris en chutant du quatrième étage de son appartement. L'enquête sur sa mort a été classée sans suite, étant considérée comme accidentelle.
  • Le 21 juillet 2006, pour la troisième fois, la commission consultative du secret de la défense nationale rejette la demande de déclassification d'un document des douanes demandée par les juges Pons et d'Huy. L'avis a été publié le 5 août 2006 dans le journal officiel.

[modifier] Affaire Clearstream 2

  • De 2004 à 2006 s'est développée une extension inattendue de cette affaire. En mai et juin 2004, le juge Renaud Van Ruymbeke a reçu deux lettres anonymes et un CD-ROM contenant des listings de comptes de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream. Selon le corbeau, ces listes contenaient les intitulés de comptes de plusieurs personnes impliquées dans le système complexe de commissions occultes et de rétrocommissions ayant entouré la vente des frégates à Taïwan. C'est l'affaire Clearstream 2 (ou affaire du corbeau des frégates de Taïwan).
  • Rapidement, ces listes se sont avérées être en partie des faux, parmi les titulaires de comptes cachés, des noms de responsables politiques français se sont glissés et le scénario conspirationniste du corbeau peut être une manipulation du juge Van Ruymbeke dans le but de protéger sa source. En avril 2006, les investigations judiciaires ont montré que le ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, et le ministre des Affaires étrangères de l'époque Dominique de Villepin, auraient été au courant de la circulation de ces listes falsifiées dans les milieux du renseignement avant même la réception des lettres anonymes par le juge Ruymbeke. Cette révélation a entraîné une nouvelle affaire d'État dans l'affaire d'État. Il apparaît que Nicolas Sarkozy était au courant de l'affaire dès septembre 2004, mais a gardé le silence sans chercher à se défendre jusqu'à début 2006.

[modifier] L'enquête suisse

  • En 2001, le juge genevois Paul Perraudin a bloqué à Zurich 1,2 milliard de francs suisses appartenant sur les comptes suisses de l'intermédiaire taiwanais, Andrew Wang, 73 ans. Réfugié aux États-Unis, Andrew Wang est recherché à Taïwan dans l'enquête sur le meurtre du capitaine Yin Chin-Feun.

[modifier] L'enquête à Taïwan

Depuis, treize responsables militaires et quinze marchands d'armes ont été incarcérés à Taïwan dans le cadre de cette affaire et, en juillet 2000, le nouveau président taïwanais Chen Shui-bian a mis sur pied une commission d'enquête.

[modifier] Affaire Dumas

L'affaire Dumas concerne un possible trafic d'influence vers Roland Dumas orchestré par Alfred Sirven par le biais de Christine Deviers-Joncour, maîtresse du premier.

Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères, et ancien proche de François Mitterrand, reconnaît alors avoir entendu parler du « versement d'une commission de 500 millions de dollars autorisée par le gouvernement français » et « d'un possible retour en France » des fonds (Voir Affaire Dumas).

[modifier] Les protagonistes

[modifier] Thomson CSF et Thales

  • Jean-Claude Desjeux, l'ancien directeur juridique de Thomson CSF, a reconnu avoir reçu un million de francs en 1997 sur un compte domicilié en Suisse. Il a été mis en examen pour « recel d'abus de biens sociaux » par le juge Renaud Van Ruymbeke. Il aurait expliqué aux enquêteurs qu'il s'agissait d'un prêt personnel affirmant même l'avoir remboursé. Il travaillait en relation avec Jean-Claude Albessard, responsable de la société pour l'Asie, terrassé en mai 2000 par un cancer foudroyant. Comme Jean-Claude Albessard, Jean-Claude Desjeux aurait entretenu des contacts étroits avec l'intermédiaire Andrew Wang. Il se serait notamment occupé pour le compte de Thomson des « affaires parisiennes » de l'intermédiaire : appartement, loyers, relations avec le syndic…
  • L'actuelle direction de Thales, présidée par Denis Ranque, dit n'être pas concernée par l'enquête, et s'est désolidarisée d'Alain Gomez, PDG de Thomson CSF au moment des faits. Convaincue de l'existence de rétrocommissions, Thales pourrait demander que les millions de dollars saisies sur les comptes suisses d'Andrew Wang soient séquestrés. L'argent pourrait alors servir au règlement du litige civil avec Taïwan qui exige que la France rembourse les commissions occultes que le contrat signé en 1991 interdisait formellement par son article 18.

[modifier] La malédiction des frégates

De nombreux protagonistes ont trouvé la mort depuis la signature du contrat:

  • Yin Chin-Feun (ou Yin Chen-Feng) : Capitaine de la marine de guerre taïwanaise, il gérait la direction des achats de la marine taiwanaise. En septembre 1993, il est envoyé en mission à Lorient, en France, où sont construites les frégates Lafayette. En décembre 1993, il est retrouvé noyé dans la baie de Taipeh, portant de violents coups à la nuque. Sa veuve Lee Mei-Kuei a été auditionné le 14 mai 2002 par Renaud Van Ruymbeke, introduite dans son cabinet par Me Thibault de Montbrial.
  • Jacques Morisson : Capitaine de vaisseau de la marine française, il était négociateur du volet technique de la vente des frégates à Taiwan. En mai 2001, il s'écrase en bas de son immeuble à Neuilly, dans la banlieue de Paris. Habitant au deuxième étage, il était monté au cinquième par l'escalier de service, a ouvert une fenêtre pour se jeter dans le vide. La justice française a conclu au suicide.
  • Thierry Imbot : Fils du général Imbot, ancien de la DGSE reconverti dans les affaires, il a participé à la vente des frégates. Il fut retrouvé défenestré en bas de son immeuble. La justice française a conclu à un accident domestique.
  • James Kuo : Loan Officer sous les ordres de Joël Bucher DGM de la Société générale de Taïwan. Il suivait le compte de China Shipbuilding mais pas le montage élaboré par la Direction SG/Sofrantem ( M Pasty) dans l'opération Bravo. Défenestration en novembre 1992 pour une raison probablement indépendante à ce montage mis au point par J Bucher & Steve Ho de Europasia mais en secret !
  • Yves de Galzin : Ex-représentant des missiles Matra à Taïwan. Accident thérapeutique en 2001.
  • Cdt Rouaret : Ancien responsable de la brigade financière de la Gendarmerie à Paris. Il découvre le schéma des rétro-commissions chez M Lambert ex financier de Thomson. Son dossier est ignoré par les Juges dont bien curieusement E Joly. Il est décédé brutalement quelques mois après son départ à la retraite.
  • Pierre Aigrain : Le véritable responsable du choix des frégates par Taiwan qui le respectait en tant que conseiller militaire pour Thomson et membre du gouvernement français. Il est décédé sans avoir jamais parlé aux Juges pourtant au courant de son action décisive!

[modifier] Épilogue

  • Comme le capitaine Yin Chin-Feun l'avait écrit de son vivant, Taïwan a un plus grand besoin de patrouilleurs que de frégates pour patrouiller dans le canal de Taïwan. Il est rapidement apparu que l'armée taïwanaise n'avait pas tant besoin de ce matériel ultrasophistiqué.
  • En 2004, la France tentait de négocier le rachat des frégates vendues en août 1991 à Taïwan. Une délégation taïwanaise était ainsi présente au salon naval du Bourget, ouverte à tout type d'accord.
  • L'armée française n'a pas besoin de ces frégates et le budget de la France ne peut rembourser 16 milliards de francs plus intérêts. L'idée serait de trouver un pays tiers qui rachèterait les frégates maudites. ­Le Qatar a été un temps évoqué.

[modifier] Références

[modifier] Médias

  • « Dans l'ombre du dossier taïwanais, trois réseaux d'intermédiaires », Le Monde, 20 juillet 2000
  • Entrevue de Joël Bucher par Le Figaro Magazine (2002)
  • « Frégates de Taïwan : l'ancien directeur adjoint de la Société générale à Taïwan témoigne », Sud Ouest, 13 mars 2002
  • « L'affaire des frégates rebondit avec une perquisition au siège de Thales », AFP, 18 juin 2002
  • « Des frégates et des morts », Swiss Info, 22 juin 2002
  • « Frégates : ces morts qui en savaient trop », VSD, 31 octobre 2002
  • « Frégates de Taïwan : Charasse se défend », AP, 28 mai 2004
  • « Les frégates de Taïwan cherchent preneurs », Libération, 29 octobre 2004
  • « L'ancien directeur juridique de Thomson mis en examen », Le Figaro, 19 février 2005
  • « Dans le sillage des frégates de Taiwan », Libération, 19 mai 2006

[modifier] Web

[modifier] Livres

  • Karl Laske, Ils se croyaient intouchables, Albin Michel (1er septembre 2000). ISBN 2226116214
  • Karl Laske, Des coffres si bien garnis : Enquête sur les serviteurs de l'État-voyou, Denoël (20 mai 2004). ISBN 220725478X
  • Thierry Jean-Pierre, Taïwan Connection. Scandales et meurtres au cœur de la République, Robert Laffont (16 octobre 2003). Broché - 285 pages. ISBN 2221100824
  • Roland Dumas, L'Epreuve et les preuves, Michel Lafon (27 février 2003). Broché - 437 pages. ISBN 2840985314
  • Jean-Pierre Thiollet, Les dessous d'une Présidence, Anagramme éditions (janvier 2002). ISBN 2 914571 14 3
  • Hervé Gattegno, L'affaire Dumas, Stock (septembre 2000). ISBN 2234052785
  • Christine Deviers-Joncour, Opération Bravo, Pocket (2000). ISBN 2266106333
  • Christine Deviers-Joncour, La putain de la republique, J'ai lu (3 juin 1999). ISBN 2290052418
  • Christine Deviers-Joncour, Corruption : Une affaire d'États, Editions du Rocher (7 avril 2005). ISBN 2268052621

[modifier] Citations

« L'affaire des frégates de Taïwan est une bombe qui n'éclatera jamais. » – un magistrat parisien.

Autres langues

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