Ahmed Abdallah
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Ahmed Abdallah Abderamane (12 juin 1919 - 26 novembre 1989) est un ancien président de la République fédérale islamique des Comores.
Abdallah est né à Domoni, sur la côte est l'île d'Anjouan. Fils de famille riche et noble, il fut d'abord préparateur de vanille et commercant sous la houlette d'un frère aîné qui fait du commerce entre Madagascar et les Comores. En 1946, en tant que notable influent, il devint homme politique et est élu au conseil général des Comores. Il est alors dans le sillage de Said Mohamed Cheikh le fondateur du Parti vert.
Président du conseil général en 1950 il siège ensuite à Paris (1953) à l'Assemblée de l'Union française avant d'être élu au Sénat en 1959 sous diverses étiquettes de Gauche républicaine. Il s'assure parallèlement un contrôle quasi-total sur la production de vanille de l'île d'Anjouan et réinvestit ses profits par l'achat de plantations, surtout à Mayotte. En 1958 le gouvernement français contraint la S.C.B. (Société Comores Bambao) à revendre des parcelles de ses domaines considérables. Ahmed Abdallah, qui fait partie du groupe de travail sur la réforme foncière, lequel se réunit à Paris, est aussi un des premiers acquéreurs.
À partir de 1961 et du régime d'autonomie interne accordé par la France, Ahmed Abdallah accroît sa fortune en important l'aliment de base des Comoriens, le riz. Ce produit, acheté à un bas prix, car subventionné par la métropole, est revendu au prix interessant. C'est ainsi qu'il met au point un redoutable réseau de clientélisme. À la mort de Saïd Mohammed Cheikh (1970) il s'allie au Parti blanc, lequel souhaite accélérer le processus d'indépendance. Il fonde ainsi l'Union Démocratique des Comores (UDC) et devient président du Conseil de gouvernement et premier ministre des Comores (décembre 1972).
Le 22 décembre 1974 l'ensemble des quatre îles se prononce à 95 % pour l'indépendance mais avec 65 % de « non » à Mayotte où Abdallah, propriétaire de nombreuses terres est impopulaire. La décision du gouvernement de Jacques Chirac, adoptée par le Parlement français le 3 juillet 1975, de permettre à Mayotte de rester française est un camouflet pour Ahmed Abdallah lequel riposte en proclamant unilatéralement l'indépendance le 6 juillet 1975 et devient le premier chef d'État des Comores. Pas pour longtemps car le 3 août 1975 il est renversé par un coup d'État organisé par Ali Soilih et le mercenaire français Bob Denard sur l'île de la Grande Comore. Ahmed Abdallah est délogé de l'île d'Anjouan par une centaine de « mapinduzi » (militaires militants) encadrés par des mercenaires. Il part alors en exil en France.
En mai 1978 il reprend le pouvoir par un coup d'État toujours organisé par le mercenaire Bob Denard. Il revient le 21 mai, est accueilli de façon triomphale et proclame à des journalistes occidentaux médusés : « Il faut que je me refasse ». Il installe alors un pouvoir autocratique dans lequel l’opposition n’est que tolérée. Il est élu le 23 octobre 1978 président de la république fédérale islamique des Comores. Il est le seul candidat.
En 1982, Abdallah dissous tous les partis politiques et créé le parti unique Union comorienne pour le Progrès (Parti bleu). Peu à peu, le régime devient dictatorial, encadré par les mercenaires qui contrôlent le pays et évitent plusieurs tentatives de coup d'État. Réélu le 30 septembre 1984 son parti remporte la totalité des sièges à l'Assemblée fédérale le 22 mai 1987. Il ouvre son pays aux investisseurs étrangers, surtout sud-africains, dans les domaines du tourisme et de la pêche. En échange Moroni devient une base arrière pour des opérations contre le Mozambique. Capable de grande générosité, en payant le mariage de certains, en offrant le pèlerinage à La Mecque à d'autres il vit sobrement et ne profite guère de sa fortune. Mais sur les dernières années de sa vie il s'enferme de plus en plus dans ses résidences, entouré des mercenaires dont il se murmure parfois qu'il en est l'otage, tandis que la corruption se développe de façon considérable.
En novembre 1989, Abdallah est assassiné dans des conditions mystérieuses d'une rafale de pistolet-mitrailleur et en présence de Bob Denard, le coupable pouvant être Bob Denard lui-même. La réprobation internationale qui suit cet homicide permet à la France d'imposer le départ des mercenaires. Ahmed Abdallah laisse à sa famille une fortune considérable mais un pays miné par la corruption et au développement économique insuffisant.