Alfred Machin
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Alfred Machin de son vrai nom Eugène Alfred Jean Baptiste Machin (né le 20 avril 1877 à Blendecques, mort le 16 juin 1929 à Nice) est l'un des rares cinéastes français dont les films ont manifesté des tendances progressistes avant la Première Guerre mondiale : Au ravissement des dames, le mélodrame raffiné Maudite soit la guerre... Après 1920, Alfred Machin se consacre notamment aux comédies animalières.
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[modifier] Biographie
Reporter photographe de presse, Alfred Machin travaille un temps au journal L'Illustration. Il est ensuite recruté par la puissante firme Pathé, qui l'envoie en Afrique à partir de 1907. Il en rapporte des scènes filmées de chasse, des courts-métrages d'aventures et animaliers. Les scènes qu'il tourne de la vie des grands fauves font sensation. Au péril de sa vie, il n'hésite pas à recourir à des plans rapprochés. Il figure aussi parmi les pionniers de l'image aérienne[1]. La performance est saluée par la presse française et étrangère.
De retour, Alfred Machin s'emploie un temps à la direction de la photographie pour deux succursales spécialisées de Pathé : La Comica et la Nizza. Les deux filiales sont établies à Nice. La Comica est consacrée à la farce, la Nizza au cinéma animalier. Pathé charge le réalisateur de développer une industrie cinématographiquee aux Pays-Bas puis l'envoie en Belgique en 1912 comme directeur artistique de l’une des filiales de Pathé, Belge Cinéma Film. Charles Pathé confie à Alfred Machin, la mission d'exploiter le premier studio de films en Belgique. Le fonctionnement de la Belge-Cinéma/Film aura constitué un laboratoire incontestable de la stratégie internationale de cette entreprise cinématographique.[2]
C'est d'ailleurs en 1912, à la chaussée de Gand (Molenbeek-Saint-Jean), que prend naissance le cinéma belge. Plusieurs films de qualité dont La Fille de Delft mais aussi le pacifiste et prémonitoire Maudite soit la guerre (en couleurs peintes à la main) sont tournés par Alfred Machin dans l'environnement des studios du château du Karreveld. Le cinéaste commande l'exécution dans ce lieu d'un studio vitré, des ateliers, une infrastructure pour les artistes ainsi qu'un mini-jardin zoologique qui accueillent des animaux exotiques tels que des ours, des chameaux et des panthères[3]. Il utilise également Mimir la Panthère comme personnage dans plusieurs de ses films des années Karreveld.
Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il est l'un des quatre opérateurs fondateur du Service cinématographique des Armées, et est reporter photographe pour la maison Pathé, sous traitant au service cinématographique de l'Armée française. On lui doit ainsi notamment les images de la bataille de Verdun. Il tourne également les images des tranchées françaises pour Les Cœurs du monde de D. W. Griffith[1].
Peu après la première guerre mondiale, Alfred Machin ouvre Les Studios Machin dans l'ancien studio Pathé-Nice, à quelques kilomètres de Nice.[4] qui deviendra une grande entreprise familiale. En effet, il est l'époux de Germaine Lecuyer, avec qui il aura trois enfants. Elle interprète quelques rôles dans ses films. Un des fils, Claude Machin ou Cloclo (1921-1978) jouera également quelques rôles d'enfants dans les films de son père.[5]. Dans ce studio, tout est réalisé par cette entreprise mis à part la fabrication de la pellicule, il est même équipé de sa propre centrale électrique fournissant quelque 8000 ampères et d'un laboratoire. Il possède également une ménagerie et une très spacieuse volière au sein de son entreprise. L'entreprise négocie même un arrêt de tramway devant ses portes avec la compagnie locale[6].
Dresseur d'animaux passionné, Alfred Machin adopte un chimpanzé du nom d'Auguste pour qui il voue une admiration pour son intelligence, et lui apprend de multiples tours pour des besoins de films documentaires et ses comédies animalières. Le singe tourne dans Cœur des gueux avec l'interprète Maurice Féraudy. La production nécessite plusieurs mois de préparation et la construction d'une dizaine de grands décors[7]. Le film suivant est, lui, une fiction entièrement jouée par des animaux : Bête comme des hommes (1924). Le film insolite ne suscite pas l'enthousiasme du public français mais obtient un certain succès en Amérique du Nord.
Lors d'un tournage ambitieux, une panthère le blesse gravement à la poitrine. Suite à cet accident, la santé du cinéaste décline. Il meurt en 1929 d'une embolie à Nice, après avoir achevé Robinson Junior. Alfred Machin est un cinéaste très prolifique. Il aura réalisé plus de cent films. Pour Francis Lacassin[8], il a permis, par ses tentatives et innovations, une importante évolution du cinéma.
[modifier] Filmographie
- 1908 : Chasse à l'hippopotame sur le Nil bleu
- 1909 : Une journée à l'Île de Marken
- 1909 : En Hollande, le port de Volendam
- 1909 : Enfants de Hollande
- 1909 : Coiffures et types de Hollande
- 1909 : Chasse à la panthère
- 1909 : Le Moulin maudit (court-métrage expressioniste)
- 1910 : Moeurs et coutumes des Chillouks
- 1910 : En Égypte, élevage d'autruches - Épisode 2
- 1910 : En Égypte, élevage d'autruches - Épisode 1
- 1910 : En Afrique Centrale, Fachoda
- 1910 : Cérémonie à Madagascar[9]
- 1910 : Les Chillouks, tribu de l'Afrique centrale
- 1910 : La Chasse à la girafe (ou La Chasse à la girafe en Ouganda)
- 1910 : La Catastrophe ferroviaire de Saujon
- 1911 : Soyez donc charitables
- 1911 : Parfum troublant
- 1911 : Les Oiseaux d'Afrique et leurs ennemis
- 1911 : Little Moritz, soldat d'Afrique
- 1911 : Le Dévouement d'un gosse
- 1911 : Comment une lettre nous parvient des grands lacs de l'Afrique Centrale
- 1911 : Le Cinéma en Afrique
- 1911 : La Cherté des vivres
- 1911 : Chasse aux éléphants sur les bords du Nyanza
- 1911 : La Chasse au marabout en Abyssinie
- 1911 : Chasse à l'aigrette en Afrique
- 1911 : Babylas vient d'hériter d'une panthère
- 1911 : Babylas habite une maison bien tranquille
- 1911 : L'Effroyable châtiment de Yann le troubadour
- 1911 : Madame Babylas aime les animaux[10]
- 1912 : La Peinture et les cochons
- 1912 : Molens die juichen en weenen, De
- 1912 : Little Moritz chasse les grands fauves avec Maurice Schwartz
- 1912 : Little Moritz soldat d'Afrique
- 1912 : L'Histoire d'un petit gars
- 1912 : L'Histoire de Minna Claessens (film perdu)
- 1912 : La Dramatique passion d'Algabert et d'Élisabeth de Rodembourg
- 1912 : Les Chasseurs d'ivoire
- 1912 : Le Caire et ses environs
- 1912 : La Fleur sanglante
- 1912 : L'Or qui brûle
- 1912 : Le Calvaire du mousse
- 1912 : L'Âme des moulins
- 1912 : La Grotte des supplices
- 1912 : Babylas va se marier
- 1912 : Obsèques solennelles de la comtesse des Flandres, mère du roi Albert Ier (Begrafenisplechtigheid van de gravin van Vlaanderen, moeder van Koning Albert I)
- 1912 : Joachim Goëthal et le secret de l'acier (ou Le Secret de l'acier)
- 1913 : Les Vieilles rues arabes du Caire
- 1913 : La Vie cosmopolite au Caire
- 1913 : La Vengeance du pêcheur Willing
- 1913 : Une briqueterie sakalave à Akavandra, Afrique Orientale Française
- 1913 : Les Sabots de Madame Favart
- 1913 : La Ronde infernale
- 1913 : Medeminaars, De
- 1913 : L'Hallali
- 1913 : Grote maneuvers van het Belgisch leger
- 1913 : La Goutte de sang
- 1913 : Les Frères ennemis
- 1913 : La Pie noire (également intitulé Le Diamant noir)
- 1913 : Le Cow-boy John cherche un engagement au music-hall
- 1913 : Les Bords de la Semois (Ardennes belges)
- 1913 : Le Blanc-seing
- 1913 : Le Baiser de l'empereur
- 1913 : Au ravissement des dames[11]
- 1913 : L'Agent Rigolo et son chien policier
- 1913 : Rastus a perdu son éléphant
- 1913 : Jack le petit dompteur
- 1913 : Un épisode de Waterloo[12]
- 1913 : Saïda a enlevé Manneken-Pis
- 1913 : La Chasse aux singes
- 1913 : Voyage et grandes chasses en Afrique
- 1913 : Monsieur Beulemeester, garde civiqueavec Fernand Gravey, Nicolas d'Ambreville
- 1914 : Je vais me faire raser[13] avec Darman
- 1914 : Napoléon : du sacre à Sainte-Hélène
- 1914 : Traction canine dans l'armée belge (De Hondentrekkracht in het Belgisch leger)
- 1914 : La Fille de Delft (également intitulé La Tulipe d'or)
- 1914 : Maudite soit la guerre
- 1915 : Zouaves d'Afrique dans les Flandres belges
- 1915 : Notre cavalerie d'Afrique au front
- 1915 : Goumiers algériens en Belgique[14]
- 1915 : Le Drapeau des chasseurs en Artois
- 1915 : Comment on nourrit nos troupes au front
- 1915 : Avec nos soldats dans les forêts d'Argonne
- 1915 : L'Armée française après neuf mois de guerre
- 1915 : Après la retraite des barbares
- 1915 : L'Œuvre de la kultur
- 1915 : Après 305 jours de guerre, le moral du soldat
- 1915 : Nos soldats à l'embouchure de l'Yser
- 1915 : Les Grenadiers
- 1915 : L'Artillerie française sur le front
- 1915 : Autos-canons sur le front de bataille
- 1915 : Nos poilus dans les tranchées de Notre-Dame de Lorette et de Souchez
- 1915 : Les Éclaireurs de l'air
- 1915 : Le Président de la république à l'armée d'Alsace
- 1915 : Son altesse royale le prince de Connaught décore sur le front d'Alsace quelques-uns de nos héros
- 1916 : L'Obusier français de 370
- 1916 : Après la dernière attaque française de l'Hartmannswiller
- 1916 : Les Monuments historiques d'Arras victimes de la barbarie allemande
- 1916 : Le Service de santé aux armées
- 1916 : Dressage de chiens sentinelles
- 1916 : Sur les sommets du Lingekopf et du Vieil-Armand
- 1917 : Hearts of world de D.W. Griffith (opérateur des scènes de front français)
- 1917 : Film spécial pour Monsieur Griffith
- 1919 : Suprême sacrificeachevé par Armand Du Plessy (film perdu)
- 1920 : Une nuit agitée
- 1920 : On attend Polochon
- 1921 : Pervenche
- 1922 : Le Couronnement du Prince Louis II de Monaco
- 1922 : Serpentin fait de la peinture co-scénarisé et joué par Marcel Lévesque
- 1922 : Bêtes ... comme les hommes
- 1923 : Moi aussi, j'accuse
- 1924 : L'Énigme du Mont Agel
- 1924 : Les Héritiers de l'oncle James (également intitulé Les Millions de l'oncle James) co-réalisé avec Henry Wulschleger, avec Claude Machin
- 1925 : Le Cœur des gueux (également intitulé Humanité) co-réalisé par Henry Wulschleger, avec Claude Machin[15]
- 1927 : Fakirs, fumistes et compagnie
- 1927 : L'Homme noir (Le Manoir de la peur)
- 1928 : L'Exposition philatélique internationale
- 1928 : De la jungle à l'écran
- 1928 : Le Carnaval de Nice
- 1929 : Robinson Junior (également intitulé Black and White) avec Claude Machin
[modifier] Bibliographie
[modifier] Ouvrages
- Guido Convents, A la recherche des images oubliées. Préhistoire du cinéma en Afrique 1897-1918 , Bruxelles, OCIC, 1986, 235 p.[16]
- Eric de Kuyper, Marianne Thys (introduction), Sabine Lenk (filmographie), Alfred Machin: cinéaste/film-maker, Bruxelles, Cinémathèque royale de Belgique, 1995, 272 p.[17]
- Francis Lacassin, Alfred Machin : de la jungle à l'écran, Paris, Dreamland, 2001, 223 p. (ISBN 2-910027-71-6)[18]
[modifier] Presse
- Jacques Polet, Alfred Machin, pionnier du cinéma en Belgique, entre tradition et modernité, Revue belge de cinéma, nos 38-39, p. 55 à 72), 1995.
- René Predal, Le cinéma français sur la promenade des anglais, Cinéma 67, n° 114.
- Émile Breton, Pionniers en Belgique (Gros plan), L'Humanité, 19 mars 1997 [2].
[modifier] Liens externes
- Alfred Machin sur l'Internet Movie Database
- Filmographie complète
- Alfred Machin : Visite à un réalisateur français pionnier du cinéma, 1926
[modifier] Notes et références
- ↑ a b Machin, Alfred in Dictionnaire du cinéma - Les réalisateurs, Jean Tulard Robert Laffont, 1999
- ↑ Les studios du Karreveld et La Belge-Cinéma/Film
- ↑ Le Karreveld, notre lieu de spectacle
- ↑ Visite à un réalisateur français pionnier du cinéma.
- ↑ IMDb
- ↑ René Predal, Le cinéma français sur la promenade des anglais, Cinéma 67, n° 114, p. 80.
- ↑ René Predal, Le cinéma français sur la promenade des anglais, op. cit., p. 79
- ↑ Francis Lacassin, Alfred Machin, de la jungle à l'écran, Paris, Dreamland, 2001
- ↑ Ce documentaire offre un intérêt historique car ce sont les plus anciennes tournées à Madagascar. V. à ce propos la manifestation sur Regards comparés Madagascar organisée par Africultures en 2003[1]).
- ↑ L'intrigue tourne autour d'une femme qui aime les animaux et ne peut pas s'empêcher de les ramener chez elle.
- ↑ Un film social et progressiste marquant du réalisateur français qui met en scène l'exploitation par un grand magasin de ses confectionneuses. Leur misère au quotidien entraîne une dégradation de leur santé. Elles deviennent tuberculeuse et contaminent malgré elles la riche clientèle à travers les textiles qu'elles confectionnent.
- ↑ avec Fernand Crommelynck dans le rôle du capitaine Stewart, Cécile May dans Mademoiselle Stewart, Jean Liezer dans le rôle du détrousseur de cadavres Vaneck, Fernande Dépernay qui incarne la dame de compagnie, Herzé dans le sous-officier blessé, Georges Mertens, Fernand Gravey
- ↑ Une vengeance d'un coiffeur en forme de vaudeville.
- ↑ Le cinéaste filme des goumiers algériens ; des combattant à l’allure inhabituelle, arrivant de France et issus de diverses tribus d'Algérie. Les goumiers y apparaissaient comme des cavaliers à l'allure fière, à la peau mate, portant un turban blanc et armés d’un long et mince fusil, porté à l’épaule par une bretelle.
- ↑ ainsi que Ginette Maddie, Maurice de Féraudy, Maxime Desjardin et Maurice Schutz
- ↑ Ce livre evoque le contexte du travail de Machin en Afrique.
- ↑ Avec une publication en fin d'ouvrage de 20 scénarios pour lesquels aucun matériel film n'a pû être retrouvé a ce jour.
- ↑ Quelques deux cents documents et le témoignage de ses collaborateurs rassemblés par Francis Lacassin font d'Alfred Machin, de la jungle à l'écran un ouvrage qui permet de découvrir un grand pionnier de l'histoire du cinéma français, hollandais et belge.