Augustin Cochin (historien)
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Augustin Denis Marie Cochin est un historien français né le 22 décembre 1876 à Paris (VIIe) et mort pour la France le 8 juillet 1916. Issu de la grande bourgeoisie, il est le fils du ministre Denys Cochin. Il est catholique et monarchiste (orléaniste).
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[modifier] Biographie
C'est « probablement le plus méconnu des historiens de la Révolution française », écrit l'historien François Furet qui lui consacre un chapitre de son essai Penser la Révolution française (1978).
Il se forme à l'École des chartes et se spécialise, à partir de 1903, dans l'étude de la période révolutionnaire et pré-révolutionnaire. La fortune familiale le dispensant du souci de travailler, il consacra sa brève existence à deux enquêtes :
- l'une sur la campagne électorale de 1789, d'abord en Bourgogne puis en Bretagne ;
- l'autre, centrée sur la Terreur, l'amena à élaborer un recueil de sources : les Actes du gouvernement révolutionnaire (23 août 1793-27 juillet 1794) dont le premier volume fut achevé en 1914 et publié en 1920.
Ces livres désignent la franc-maçonnerie comme une des instigatrices de la révolution française[1] avec d'autres « société de pensées » mais en cherchant à dépasser la thèse du complot lancée par l'abbé Barruel pour se baser sur une analyse plus factuelle du processus de la Révolution de 1789. Pour cela il a pris appui sur la méthode sociologique que venait d'introduire Émile Durkheim, en cherchant à en éliminer le déterminisme. Sa thèse principale est que la démocratie moderne est née d'une prise de pouvoir d'un genre radicalement nouveau, caractérisé par une dualité entre la réalité des rapports politiques et la fantasmagorie de leur représentation sociale, dualité rendue possible et durable par le mécanisme d'entraînement sophistique extrêmement efficace des « sociétés de pensée » (salons philosophiques, clubs politiques, loges maçonniques, plus tard, partis idéologiques).
Pour Cochin, une règle générale détermine le corps maçonnique : toute délibération officielle est précédée d’une délibération officieuse et déterminée par elle; autrement dit tout groupe franc-maçon est dirigé sans le savoir par un groupe plus restreint, assez peu nombreux pour être uni et avoir une ligne de conduite[2].
La Révolution française serait donc un coup d'État organisé à partir de sociétés de pensée qui auraient prévu et organisé leur prise de pouvoir et non un mouvement populaire spontané
Selon l'historien et philosophe Marcel Gauchet, l'expression « théorie du complot » est apparue en France en réaction à la parution de ses théories[3].
En 1909, il riposte à la critique adressée par Alphonse Aulard à l'œuvre de Taine par un essai brillant : La crise de l'histoire révolutionnaire : Taine et M. Aulard.
Mobilisé en 1914, le capitaine Augustin Cochin, du 146e régiment d'infanterie, est tué à l'ennemi le 8 juillet 1916 à Maricourt (Somme).
Après sa mort, son collaborateur, Charles Charpentier, fit paraître en 1925 son seul ouvrage achevé : Les sociétés de pensée et la Révolution en Bretagne. En 1921 et 1924, sa mère avait fait publier deux recueils d'essais : Les sociétés de pensée et la démocratie moderne et La Révolution et la libre pensée.
[modifier] Publications
- (et Charles Charpentier), La campagne électorale en 1789 en Bourgogne, Paris, H. Champion, 1904. Extrait de la Revue d'Action française.
- La Crise de l'histoire révolutionnaire: Taine et M. Aulard, Paris,H. Champion, 1909.
- Quelques lettres de guerre par le capitaine Augustin Cochin, préface de Paul Bourget, Paris, Bloud et Gay ; Barcelone, 1917.
Description matérielle : 63 p. ; In-16
- (et Charles Charpentier), Actes du gouvernement révolutionnaire (23 août 1793 – 27 juillet 1794), édité par Michel de Boüard Paris, A. Picard et fils, puis H. Champion, 1920-1935.
- Les sociétés de pensée et la démocratie moderne: Études d’histoire révolutionnaire, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1921.
- La Révolution et la libre-pensée. La Socialisation de la pensée (1750-1789). La Socialisation de la personne (1789-1792). La Socialisation des biens (1793-1794), Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1924.
- Les sociétés de pensée et la Révolution en Bretagne (1788-1789), Tome I, Histoire analytique ; Tome II, Synthèse et justification, Paris, Plon, 1928.
- Sur la politique économique du gouvernement révolutionnaire, Blois, J. de Grandpré, 1933.
- Abstraction révolutionnaire et Réalisme catholique, Introduction de Michel de Boüard, Paris, Desclée De Brouwer et Cie, 1935.
- L'Esprit du jacobinisme. Une interprétation sociologique de la Révolution française, préface de Jean Baechler, Paris, Presses universitaires de France, 1979.
[modifier] Liens et références externes
[modifier] Notes et références de l'article
- ↑ Revue Catholica - Dossiers spéciaux
- ↑ Monde et Vie, septembre 1966
- ↑ Marcel Gauchet, entretien paru dans les Collections de l'Histoire, n°33, octobre-décembre 2006, pp 60-67.