Autobiographie

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Marie Bashkirtseff, Autoportrait à la palette, 1880
Marie Bashkirtseff, Autoportrait à la palette, 1880

L’autobiographie (du grec ancien auto, soi, bios, vie, et graphein, écrire) est un genre littéraire de popularité relativement récente, en tous cas le mot l’est (première occurrence en 1836 selon le dictionnaire petit Robert). Philippe Lejeune, qui s’est spécialisé dans son étude, le définit comme « un récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité, contrairement aux "mémoires", qui mettent l'accent sur le caractère Historique de la vie de l'auteur, comme c'est le cas chez Chateaubriand ou Charles de Gaulle. »[citation nécessaire]

Sommaire

[modifier] Histoire de l’autobiographie

La toute première autobiographie est celle de Jules César qui narrait ses conquêtes dans un livre intitulé "la guerre des Gaules". Il parlait de lui à la troisième personne. La première autobiographie « reconnue » en tant que telle est celle de Rousseau, Les Confessions datant du XVIIIe siècle (dont le titre a été inspiré par Confessions de saint Augustin qui, elles, ne correspondent pas exactement au genre de l’autobiographie : en effet, bien qu’elles soient l’une des premières œuvres d’introspection, les Confessions d’Augustin n’ont pas pour but de mettre l’accent sur la singularité individuelle de l’auteur, mais au contraire de présenter sa vie comme un cheminement intellectuel et spirituel caractéristique de la condition humaine en général; elles s'inscrivent de plus dans une démarche religieuse visant à convaincre le lecteur de l'importance de la rédemption).Le récit qui a cependant lancé le genre autobiographique reste Essais de Montaigne.

Le genre autobiographique, a mis beaucoup de temps à s’imposer, même si l’on peut trouver de nombreuses œuvres plus anciennes s’y s’apparentant, quoique n’en respectant pas scrupuleusement tous les principes (Augustin d'Hippone, les Confessions, et même Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules se rattachant au genre des mémoires). Au Moyen Âge n’existent que les biographies et les hagiographies, même si certaines œuvres comme Le Livre de Margery Kempe, mystique anglaise du XVe siècle, contiennent également de nombreux éléments autobiographiques.

Au XVIe siècle, avec l’humanisme, le genre s’affirme grâce à l’intérêt centré sur l’individu. On le voit avec Montaigne et ses Essais, bien que l’absence de chronologie nous défende d’y apposer le nom d’autobiographie au sens strict. Néanmoins, pendant la période classique, elle ne connaît guère de véritable avancée, car on n’apprécie peu de parler excessivement de soi (« Le moi est haïssable », selon Blaise Pascal). C’est un peu plus tard, en 1782 que Rousseau écrit la première véritable autobiographie — au sens moderne du terme : les Confessions (d’aucuns tiennent néanmoins les Essais de Montaigne pour l'œuvre fondatrice du genre).

Au XIXe siècle, à la suite de Rousseau, les « récits de vie » connaissent un véritable engouement et nombre d’auteurs vont écrire leur autobiographie, tels Chateaubriand (Mémoires d'outre-tombe) et Stendhal (Vie de Henri Brulard). De plus avec l’apparition du romantisme, le "moi" devient à la mode et nous assistons donc à une multiplication des œuvres autobiographiques.

Au XXe siècle, l’autobiographie change de nature avec le développement des sciences humaines : psychanalyse, sociologie et ethnologie y marquent un tournant, notamment avec l’apparition de la notion d’inconscient. L’autobiographie s’intériorise et la justification sociale s’estompe au profit d’une difficile quête de soi.

[modifier] Caractéristiques du genre

Selon Philippe Lejeune, on trouve derrière l’autobiographie un « pacte » conclu entre le lecteur et l’auteur : l’autobiographe prend un engagement de sincérité et, en retour, attend du lecteur qu’il le croie sur parole. C’est le « pacte autobiographique ». L’auteur doit raconter la vérité, se montrant tel qu’il est, quitte à se ridiculiser ou à exposer publiquement ses défauts. Seul le problème de la mémoire peut aller à l’encontre de ce pacte.

Le projet autobiographique se caractérise donc par la présence de trois «je». Celui de l’auteur, du narrateur, et du personnage principal. Dans le cas de l’autobiographie, trois «je» se confondent, tout en étant séparés par le temps. L’alliance de ces trois «je» fait partie du pacte autobiographique.

Pour le reste, le projet autobiographique de chaque écrivain lui est particulier. Il est souvent défini en préface : celle des Confessions de Jean-Jacques Rousseau est considérée comme fondatrice.

L’autobiographie conjugue deux mouvements complémentaires :

  • l’introspection : observation méthodique de l’auteur sur sa vie intérieure,
  • la rétrospection : regard en arrière sur les faits passés.

C’est aujourd’hui un genre diversifié et en pleine expansion, à travers les genres parallèles que sont l’autofiction et le journal intime.

[modifier] Difficultés

L’auteur d’une autobiographie se heurte à de nombreuses difficultés pour ce qui est du respect du pacte autobiographique, parmi lesquelles :

  • le problème de la mémoire: certains souvenirs restent incomplets, comme c'est le cas chez Montaigne, qui dans ses Essais, « Des Cannibales », se plaint de sa mauvaise mémoire (« ils répondirent trois choses, d’où j’ai perdu la troisième, et en suis bien marri ; mais j’en ai encore deux en mémoire ») ;
  • le souci de plaire au lecteur, de ne pas l'ennuyer avec la simple enonciation d'une suite de faits, à l’image de Rousseau qui dit dans Les Confessions vouloir compléter son récit par « quelque ornement indifférent »;
  • la difficulté de l’utilisation de mots pour la description de certains éléments du vécu, comme Nathalie Sarraute qui hésite, dans Enfance, entre plusieurs termes afin de décrire un tropisme ;
  • le décalage temporel entre le « je » présent et le « je » passé ;
  • la nécessité du recours à des témoignages tiers (par exemple pour Chateaubriand, qui décrit sa propre naissance dans les Mémoires d'Outre-tombe), d’autant plus susceptibles d'être biaisés ou inexacts ;
  • le refoulement éventuel d’un souvenir douloureux ( Marguerite Duras, l'Amant de la Chine du Nord où elle utilise la troisième personne du singulier pour décrire son enfance douloureuse ) ;
  • la censure morale (pudeur) imposée par les convenances ;
  • la nécessité éventuelle d’atténuer des vérités trop extravagantes pour rendre crédible le récit (exemple : Le Roman des Jardin) ;
  • la conformité au message argumenté que l'œuvre s’est donné pour but de transmettre ou de démontrer (exemple : Les Mots de Sartre) ;
  • le caractère nécessairement esthétique de l’autobiographie, qui peut empêcher de révéler la vérité (« Le paradoxe de l’autobiographie, son essentiel double jeu, est de prétendre être à la fois discours véridique et œuvre d’art », Philippe Lejeune).
  • l’authenticité : le souci d’ordonner sa narration, de donner un sens à ses actes en les prenant avec du recul peut inciter un auteur à proposer une image falsifiée car reconstruite de lui-même
  • l’inachèvement : l’autobiographie est en effet vouée à être inachevée, et c’est un truisme : l’auteur ne peut pas raconter sa mort...

[modifier] Fonctions pour l’auteur

Différents facteurs entraînent un auteur à rédiger son autobiographie, et notamment :

  • La volonté de laisser un témoignage, de lutter contre l’oubli (exemple : Primo Levi, Si c'est un homme) ;
  • La volonté d’accéder à la postérité par l’écrit ;
  • La nécessité de se soulager, de se libérer d’un poids, voire de se confesser (saint Augustin, Les Confessions) ;
  • L’envie de s’analyser pour mieux se connaître, de dresser une image de soi, un bilan de sa vie, de se remettre en question (Sartre, les Mots) ;
  • L’obligation de se justifier (Rousseau, les Confessions) ;
  • La possibilité de l’utiliser pour défendre une thèse, un point de vue, ou transmettre un message, parfois au détriment de l’impartialité et de la justesse des faits (Sartre, Les Mots; Rousseau, Les Confessions, "Le vol des Pommes");
  • La possibilité de se créer une image, une apparence voulue et de la présenter au lecteur, c’est un moyen de faire changer le regard des autres sur sa personne, une sorte d’influence (mais le pacte de la sincérité est brisé)
  • La possibilité de se remémorer des éléments qu’il a oubliés (W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec)

[modifier] Intérêts pour le lecteur

L’autobiographie présente de nombreux intérêts pour son lecteur, par exemple :

  • la possibilité de s’identifier à l’auteur grâce au caractère universel de certains faits présentés (par exemple, la naissance, l’enfance, l’amour, etc.) ;
  • la possibilité de tirer une leçon de la vie exposée au bénéfice de la sienne ;
  • les qualités littéraires de l'œuvre ;
  • la possibilité de mieux comprendre la personne, ou son œuvre ;
  • l’intérêt historique : peinture

[modifier] Les genres de l’autobiographie

[modifier] Exemples d’autobiographies

[modifier] Bibliographie

  • (en) Paul de Man, "Autobiography as De-facement", MLN, Vol. 94, No. 5, Comparative Literature. (Dec., 1979), pp. 919-930. (consulter sur JSTOR, accès restreint)
  • Philippe Lejeune, L’Autobiographie en France, 1971.
  • Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique, 1975.
  • Philippe Lejeune, Je est un autre. L’autobiographie de la littérature aux médias, 1980.
  • Philippe Lejeune, La Pratique du journal personnel, 1990.
  • Philippe Lejeune, Pour l’autobiographie, 1998.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

wikt:

Voir « autobiographie » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Lien de référence

[modifier] Conférence

[modifier] Liens scolaires

[modifier] Notes et références

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