Benoît XII

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Benoît XII
Pape de l’Église catholique romaine
Image du pape Benoît XII
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Armoiries pontificales de Benoît XII
Nom de naissance Jacques Fournier
Naissance 1285
Élection
au pontificat
20 décembre 1334
Intronisation: 8 janvier 1335
Fin du
pontificat :
25 avril 1342
Prédécesseur : Jean XXII
Successeur : Clément VI
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Antipape :
Listes des papes: chronologie · alphabétique
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Jacques Fournier (vers 1285 - 25 avril 1342), issu d'une famille modeste du comté de Foix, devient pape sous le nom de Benoît XII.

Sommaire

[modifier] Jeunesse et formation religieuse

Jacques Fournier né à Saverdun (Ariège) est d’humble origine, fils d’un boulanger ou plus vraisemblablement d’un meunier. Son oncle maternel, Arnaud Novel, se charge de l’éducation du jeune jacques. Cet oncle, sévère moine cistercien, abbé de Fontfroide (Aude), l’attire dans ce monastère, puis l’envoie au collège Saint-Bernard à Paris. Jacques Fournier fréquente les Universités et devient docteur en théologie.

Il est nommé abbé de Fontfroide succédant ainsi à son oncle promu cardinal par le pape Clément V et légat en Angleterre. Déjà connu pour son érudition et sa rigueur, il est nommé le 19 mars 1317 évêque de Pamiers, et le 3 mars 1326 évêque de Mirepoix.

[modifier] L’inquisiteur

L’épiscopat de Jacques Fournier à Pamiers est caractérisé par le zèle extrême avec lequel il poursuit les hérétiques albigeois, réfugiés dans ces lieux retirés du haut pays ariégeois. Les évêques appaméens ne se sont jusqu'alors guère préoccupés de l’orthodoxie des pensées de leurs ouailles. Il met à profit une décision du concile de Vienne (1312) qui permet à l’évêque de se joindre au tribunal d’inquisition, pourtant du seul ressort des dominicains. Il dirige donc le tribunal d’inquisition en collaboration avec Gaillard de Pomiès et Jean de Beaune, tous deux dominicains à Carcassonne.

Du 15 juillet 1318 au 9 octobre 1325 cette cour de justice siège 370 jours, donnant lieu à 578 interrogations et concernant 98 dossiers[1]. Au cours de la comparution, l’évêque pose les questions, fait préciser tel ou tel point. Les interrogatoires qu’il dirige traduisent un inquisiteur expert arrachant les aveux avec habileté. Cette tâche lui est facilitée par le fait qu’il connaît bien le pays et surtout sa langue contrairement aux inquisiteurs pontificaux qui sont souvent des Français. L’accusé peut être laissé libre ou mis en prison. Les moyens de pression sont l’emprisonnement et l’excommunication. Jacques Fournier n’a pas recours à la torture qu’il fait pratiquer dans le seul cas concernant le procès que les agents français l’obligent à intenter aux lépreux accusés d’empoisonner les sources avec de la poudre de crapaud. Au terme de cette procédure, 5 comparants sont exécutés par le bûcher : 4 vaudois de Pamiers, et le relaps albigeois Guillaume Fort de Montaillou.

Les interrogatoires ont été transcrits en un certain nombre de volumes. Il subsiste un gros registre en parchemin de 325 pages in folio conservé à la bibliothèque vaticane sous le numéro 4030. Divers érudits et historiens ont pris connaissance de e document : Döllinger, Molinier, Mgr Douais, J.M. Vidal et J. Duvernoy qui en a fourni la publication intégrale en 3 volumes (1965)[2] ainsi que la traduction de certains textes.[3]

Utilisant l’ extraordinaire document, qu’est ce registre d’inquisition, qui donne une foule de renseignements sur la vie quotidienne d’humbles villageois, Emmanuel Leroy Ladurie, professeur au collège de France et membre de l’Institut, a publié un ouvrage historique « Montaillou, village occitan de 1294 à 1324. » Ce livre, publié en 1976, a eu un succès mondial considérable et a été tiré à plus de 2 millions d’exemplaires.

[modifier] Le cardinal blanc

Pour le récompenser de son zèle, Jean XXII le nomme le 18 décembre 1327 cardinal de Saint-Prisque. Il conserve l’habit blanc de l’ordre des cisterciens auquel il appartient, d’où son nom de cardinal blanc. Il acquiert une entière confiance de la part du pape qui lui confie des affaires délicates : il est juge dans les procès intentés à l’inquisiteur de Carcassonne Jean Galand ou au prêtre breton Yves de Kérinou.

A la mort de Jean XXII, les cardinaux se réunissent en conclave le 13 décembre 1334, et élisent à l’unanimité Jacques Fournier pape le 20 décembre 1334. Il prend le nom de Benoît, puisque c’est sous sa règle qu’il a vécue. Il est couronné le 8 janvier 1335 par le cardinal Napoléon Orsini, qui a déjà couronné les deux papes précédents.

[modifier] Le pape

L’austère cistercien Benoît XII s’applique à la réforme des ordres religieux, se montre attentif à l’attribution des bénéfices ecclésiastiques, refuse tout népotisme adopté par ses prédécesseurs, et est un bâtisseur.

[modifier] Réforme des ordres religieux

La discipline et la ferveur dans les différents ordres religieux s'étant relâchées, Benoît XII tente d’y remédier. Le premier ordre qui attire son attention est celui de Cîteaux,objet de différentes réformes sans grand succès. Benoît XII impose une réforme plus efficace par la bulle Summi magistri dignatis du 20 juin 1336, dont le principe est de regrouper les différentes abbayes en un certain nombre de provinces, et de les soumettre à une discipline commune. Cette bulle dite « bénédictine » n’a pas tout l’effet souhaité.

Les fraticelles reprennent espoir après la nomination du nouveau pape. Cette espérance est déçue car, dans le consistoire du 23 décembre 1334, Benoît XII critique sévèrement l’attitude des Franciscains. La bulle « Redemptor noster » du 28 novembre 1336 condamne les fraticelles et prescrit aux Franciscains l’uniformité des vêtements et l’assiduité aux offices divins.

[modifier] Refus du népotisme

Parmi tous les papes d’Avignon, Benoît XII se signale par son refus du népotisme. En effet il hésite longuement, et se décide seulement sur l’insistance de ses cardinaux pour confier le siège archiépiscopal d’Arles à son neveu l’augustin Jean de Cardone. Lorsque des parents viennent le voir à Avignon, il se contente de les dédommager de leurs frais de voyage. Seule sa nièce Faiga qui avait perdu son père, frère du pontife, a droit à 2000 florins d’or, et à un mariage sans aucun faste.

[modifier] Le bâtisseur

Dés son élection Benoît XII envisage, après intervention d’une délégation romaine, de rentrer à Rome. Les cardinaux l’en ayant dissuadé, il décide d’améliorer l’installation de la curie apostolique. Dés le mois de mai 1335, il confie la direction et la surveillance des travaux à Pierre Poisson, maître d’œuvre de Mirepoix, ville où il a été évêque.

Le décès du cardinal Arnaud de Via, neveu de Jean XXII, permet à Benoît XII d’acheter la maison ou livrée de ce prélat située à l’emplacement de l’actuel Petit Palais pour y loger l’évêque d’Avignon dont le siège est rétabli. Le pape peut ainsi disposer à sa guise de l’ancien palais de l’évêque et entreprendre les travaux qu’il juge nécessaires.

Dans un premier temps, Benoît XII s’installe dans les appartements de son prédécesseurs, et fait réaliser deux vastes chantiers : la construction d’une nouvelle église au nord et, sur des terrains nouvellement acquis, dans l’aile Est l’édification d’une imposante tour de 46,5 m. de haut appelée tour du pape ou des anges ou de plomb à cause de la toiture constituée de feuilles de ce métal. Benoît XII entreprend ensuite de faire disparaître les trois ailes Est, Sud et Ouest du premier palais de Jean XXII pour les reconstruire en leur donnant plus d’espace. Ainsi est réalisée l’aile du conclave au Sud qui comprend également l’appartement réservé aux hôtes de marque. Les travaux se poursuivent par l’aile orientale avec la salle du consistoire, les tours Saint-Jean, de la cuisine neuve et des latrines. Puis est entreprise la réalisation de la tour du Trouillas au Nord-Est, terminée sous le pontificat de Clément VI. Enfin on reconstruit la partie occidentale pour le logement des dignitaires et officiers de la curie, ainsi que la tour de la campane.

L’architecture de ce palais est austère, le décor sobre. En revanche Benoît XII impose un système défensif efficace : toits de tuiles bordés de créneaux et de mâchicoulis, tours munies de dépôts d’armes et de postes de guet.

[modifier] Politique extérieure

Benoît XII pratique une politique conciliatrice. Il accueille favorablement la demande d’Azzone Visconti pour l’annulation de la procédure inquisitoriale intentée contre sa famille, mais la mort du demandeur (16 août 1339) entrave la réalisation de l’accord qui est cependant trouvé le 15 mai 1341 pour les Milanais. Les difficultés sont plus grandes avec Bologne ; n’ayant pas obtenu satisfaction, le pape jette l’interdit sur cette ville et son université le 2 mars 1338. La levée de l’interdit, le 14 juin 1340, permet à Beltramino Paravicino, évêque de Côme de recevoir le serment de fidélité des bolognais.

Inquiet des relations entre Edouard III et Philippe VI, Benoît XII recherche systématiquement une entente, sans grand succès.

[modifier] Décès

Tombe de Benoît XII, Cathédrale de Notre-Dame-des-Doms d'Avignon
Tombe de Benoît XII, Cathédrale de Notre-Dame-des-Doms d'Avignon

Benoît XII meurt le 25 avril 1342. Son désir d'être enterré comme son prédécesseur à la cathédrale Notre-Dame des Doms est respecté. Une chapelle spéciale est construite par Michel Ricoman et financée par son successeur Clément VI. Avant sa mort Benoît XII a demandé à son trésorier Jean de Cojordan de traiter avec un imagier Jean Lavenier pour la construction d’un mausolée sur le modèle de celui de Jean XXII. La statue de Benoît XII repose sur un sarcophage couvert d’un dais à clochetons. Il n’en reste pratiquement rien. Le tombeau actuel est composé de diverses pièces provenant du monument élevé au cardinal Jean de Cros.

Afin d’honorer la mémoire de Benoît XII, pour s'être occupé de la restauration de l’église Saint-Pierre à Rome, une statue à son effigie est placée au dessus de la porte de la nef. Enlevée lors de la démolition de l’ancienne église, cette statue se trouve dans les cryptes vaticanes. Il s’agit d’un buste en marbre blanc coiffé d’une tiare à deux couronnes. Il bénit de la main droite et tient de la main gauche deux clés, emblème de son pouvoir spirituel d’ouvrir ou de fermer le royaume des cieux.[4]

[modifier] Bibliographie

  • Mgr. G. Mollat, Les papes d’Avignon 1305-1378, Letouzey & Ané, Paris, neuvième édition, 1949, 598 pages.
  • Bernard Guillemain, La cour pontificale d’Avignon 1309-1376, Edition de Boccard, Paris, 1966, 808 pages.
  • L.-H. Labande, Le palais des papes et les monuments d’Avignon au XIVe siècle, Detaille et Dragon, Marseille et Aix-en-Provence, 1925, 2 volumes de 180 et 182 pages.
  • Dominique Vingtain, conservateur du palais des papes, Rapide aperçu du développement chronologique du palais des papes au XIVe siècle, dans Monument de l’histoire, construire, reconstruire le palais des papes XIVe - XXe siècle sous le haut patronage de l’école française de Rome, Avignon, 2002, 288 pages.
  • Emmanuel Leroy Ladurie, Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, Ed. Gallimard, 1975, 646 pages.

[modifier] Références et liens externes

  1. J.M.Vidal, Le tribunal d'inquisition à Pamiers, Toulouse, 1906.
  2. J.Duvernoy, Le registre d'inquisition de Jacques Fournier, évêque de Pamiers (1318-1325), Toulouse, Privat, 3 volumes, 1965.
  3. J.Duvernoy, Inquisitions à Pamiers,Toulouse, éd. Privat, 1966 rééd. 1986.
  4. Georges Daumet, le monument de Benoît XII dans la basilique de Saint-Pierre, Mélanges de l'école française de Rome, Manuel d'archéologie et d'histoire, tome 16, 1896. Numérisé par Persée, portail des revues scientifiques, créé par le ministère de l'éducation nationale Persée

[modifier] Voir aussi


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