Chômage en France

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Taux de chômage standardisés en France, dans l’UE-15, et pour les pays du G7 données trimestrielles c.v.s. (corrigées des variations saisonnières), 1978 - 2006. Source : OCDE.
Taux de chômage standardisés en France, dans l’UE-15, et pour les pays du G7 données trimestrielles c.v.s. (corrigées des variations saisonnières), 1978 - 2006. Source : OCDE.

La France connaît un fort taux de chômage depuis les années 1980, bien que les chiffres du chômage aient commencé à augmenter dès les années 1960. Le chômage existait auparavant, mais son faible niveau n’en faisait pas un élément important des débats de société et de la vie économique du pays.

Avec les chocs pétroliers des années 1970, qui coïncidèrent avec la fin du rattrapage économique vis-à-vis des États-Unis (période des Trente Glorieuses), le chômage reste à un niveau élevé jusqu’au milieu des anées 2000 – autour de 10 % – tandis que d'autres pays développés parviennent à revenir à des niveaux plus ou moins proches du plein-emploi.

Mesuré au sens du BIT et selon l’interprétation d’Eurostat[1], le taux de chômage s’élève à 7,2 % au premier trimestre 2008 en France métropolitaine (2 000 000 chômeurs), et à 7,5 % si les départements d'outre-mer sont inclus[2].

Sommaire

[modifier] Définition du chômage en France

Face pièce de 2 euros (France)
Économie de la France
v. / m.
Icône de détail Pour une vision détaillée des définitions, voir : Définitions du chômage.

La classification d’un individu comme chômeur varie selon les définitions utilisées pour le fait d’être au chômage. Un chômeur est généralement un individu qui appartient à la population active, qui n’a pas d’emploi, et qui en cherche un activement.

Cette définition, qui est celle de l’Organisation internationale du travail (BIT), est assez floue, et sujette à des variations dans son interprétation. En novembre 2007, l’INSEE a fait évoluer sa méthodologie pour coller à l’interprétation d’Eurostat[1]. L’INSEE publiera des chiffres du chômage par trimestre, et non pas pour chaque mois, pour éviter les erreurs de mesure trop importantes. En parallèle, l’ANPE publie toujours le nombre d’inscrits dans chaque catégorie sur une base mensuelle ; ces statistiques ne rentrent pas dans le calcul du chômage, qui est mesuré par l’enquête emploi de l’INSEE.

Est « chômeur » une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui est[3] :
  • sans emploi (ne pas avoir travaillé, même une heure, pendant une semaine de référence) ;
  • à la recherche active d'un emploi ;
  • disponible dans les quinze jours.
Est un « demandeur d'emploi », un chômeur qui, en France, est inscrit à l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE).

[modifier] Catégories de demandeur d'emploi

Huit catégories de demandeurs d’emploi existent en France[4]

  • Catégorie 1 : personnes sans emploi, immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à plein temps. Ces personnes ne doivent pas avoir exercé d'activité occasionnelle ou réduite de plus de 78 heures dans le mois d'actualisation.
  • Catégorie 2 : personnes sans emploi, immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps partiel. Ces personnes ne doivent pas avoir exercé d'activité occasionnelle ou réduite de plus de 78 heures dans le mois d'actualisation.
  • Catégorie 3 : personnes sans emploi, immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi à durée déterminée, temporaire ou saisonnier, y compris de très courte durée. Ces personnes ne doivent pas avoir exercé d'activité occasionnelle ou réduite de plus de 78 heures dans le mois d'actualisation.
  • Catégorie 4 : personnes sans emploi, non immédiatement disponibles, à la recherche d'un emploi (stagiaires, personnes en formations,...).
  • Catégorie 5 : personnes pourvues d'un emploi, à la recherche d'un autre emploi.
  • Catégorie 6 : personnes non immédiatement disponibles, à la recherche d'un autre emploi, à durée indéterminée à plein temps, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi. Ces personnes ont exercé une activité occasionnelle ou réduite de plus de 78 heures dans le mois d'actualisation.
  • Catégorie 7 : personnes non immédiatement disponibles à la recherche d'un autre emploi, à durée indéterminée à temps partiel, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi. Ces personnes ont exercé une activité occasionnelle ou réduite de plus de 78 heures dans le mois d'actualisation.
  • Catégorie 8 : personnes non immédiatement disponibles à la recherche d'un autre emploi, à durée déterminée, temporaire ou saisonnier, y compris de très courte durée, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi. Ces personnes ont exercé une activité occasionnelle ou réduite de plus de 78 heures dans le mois d'actualisation.

[modifier] Statistiques du chômage

Les estimations de l'INSEE, qui sont inscrites dans les comptes de la nation et font référence, sont basées sur une enquête emploi, qui est « rebasée » chaque année.

[modifier] Débat sur l'évolution du taux de chômage en 2007

En 2007, les statistiques concernant le chômage en France ont fait l'objet de débats, suite à une différence plus importante que d'habitude entre deux sources d'informations : les statistiques de l'ANPE et celle de l'enquête emploi de l'INSEE[5]. L'INSEE a prévu de mener une réestimation de l'enquête emploi d'ici à fin 2007[6] Les principaux autres organismes de mesure (Eurostat[7], les banques privées, certains collectifs[8]) ne contestent pas la baisse du chômage depuis 2005. Seule l'ampleur de cette baisse n'est pas estimée avec précision, variant de 1 à 2 points en 2006 et 2007, sur la base des 10% des années 2004 et 2005.

Une étude de l'IGF en septembre 2007 a résumé les raisons des divergences entre les deux sources d'information et a listé les voies d'amélioration[9].

[modifier] Disparités régionales

La mesure du chômage au niveau régional fait apparaître de fortes disparités. En 2005, les trois régions de l'Union européenne qui ont le chômage le plus élevé sont la Réunion, la Guadeloupe et la Guyane (respectivement 30,1% 25,9% et 24,8%). Le taux régional le plus faible en France était 6,4% (Limousin)[10].

La prise en compte des départements d'outre-mer dans le calcul du taux de chômage de la France fait passer le taux de 8,1 % (France métropolitaine) à 8,4 %[11].

[modifier] Emploi des seniors

Selon l'Office statistique des Communautés européennes Eurostat, avec un taux d'emploi de 38,1 % pour les 55-64 ans en 2006, la France reste très en dessous de la moyenne de l’Union européenne (UE) (43,5 %). Un objectif de 50 % en 2010 a été fixé par l'UE[12].

[modifier] Chômage et entrée-sortie d'emploi

Icône de détail Article détaillé : Marché du travail en France.

Chaque mois, les emplois supprimés et créés se comptent en centaines de milliers, la majorité étant des emplois de courtes durée (CDD, intérim) : au troisième trimestre 2007, l'ANPE avait enregistré près de 950 000offres d'emplois, dont environ 300 000 CDI [13].

Un biais de perception des Français est apparu à cause du traitement de l’information par les médias. Les licenciements collectifs et les fermetures d’usines font les gros titres, tandis que les créations d’emploi dans les secteurs les plus dynamiques passent inaperçues. La situation du marché du travail n’est donc pas correctement perçue.

L’évolution du chômage ne résulte pas simplement de la destruction de quelques emplois, mais du solde de toutes les créations d’emploi et destructions d’emplois.

[modifier] Le niveau du chômage en France par rapport aux autres pays

Icône de détail Articles détaillés : Chômage dans l'Union européenne et Chômage.

Le taux de chômage en France est sensiblement plus élevé que dans les pays voisins. En 2006, même l’Italie et l’Espagne ont un taux de chômage inférieur au taux français, alors que l’inverse était généralement vrai depuis les années 1970[14].

Le niveau élevé du SMIC est perçu par certains économistes comme une des causes principales du nombre important de chômeurs en France. Selon eux, il empêcherait la création d’emploi pour les personnes les moins qualifiées, dont la productivité est inférieure au coût pour l’employeur. Par ailleurs, il ne permettrait pas de lutter contre la pauvreté en France, puisqu’en détruisant de l’emploi il aboutit à augmenter le nombre de chômeurs et de RMIstes.

[modifier] Mesures gouvernementales contre le chômage

[modifier] Différentes formes d'action

Avec la hausse sensible du nombre de chômeurs au début des années 1970, l'État est intervenu, directement (lui-même) ou indirectement (par l'intermédiaire d'autres agents, notamment les collectivités territoriales) de façon croissante « contre le chômage ». La cible de l'action comme les moyens ont été très divers : action globale ou pour une sous-population considérée comme particulièrement touchée (les « jeunes », les séniors, les non-diplômés, les chômeurs de longue durée, etc.), mesures basées sur toutes sortes d'idées parfois contradictoires :

  • interdire ou tout au moins rendre difficile les licenciements, par des mesures réglementaires (autorisations administratives de licenciement) ; plus généralement, accroitre les interventions administratives ou judiciaires dans l'espoir d'accroitre le contrôle du phénomène ;
  • inversement, rendre les licenciements moins complexes, réduire l’incertitude judiciaire – qui dure parfois plusieurs années – pour encourager la création d'emplois, ou plus généralement réduire les interventions administratives ou judiciaires dans l'espoir de réduire les contraintes pesant sur la création d’emplois. (cf. par exemple le CNE) ;
  • réduire les gaspillages de moyens publics (proposition du programme de campagne électoral de Nicolas Sarkozy : « contrat unique », fusion ANPE-Unédic pour former un service public de l'emploi unique comme dans les autres pays) ;
  • encourager les embauches, en subventionnant (ou, ce qui revient financièrement au même, en exonérant de certaines contributions) des employeurs (emplois aidés) ; là encore, la population d'employeurs visée étant très diverse (les entreprises, les particuliers à domicile, les administrations publiques et les collectivités territoriales, le "secteur associatif", etc.), les mesures adoptées le sont également ;
  • réaliser un « partage du travail », notamment par la politique des préretraites (supposée transférer des emplois des vieux vers les jeunes), la pénalisation des heures supplémentaires, et le passage de la durée légale à 35 heures. Ces mesures se sont révélées contre-productives[réf. nécessaire] ;
  • engager des « politiques de relance », avec hausse des salaires par l'intermédiaire du SMIC supposées stimuler la production et donc la demande de travail ; là encore, cette méthode s’est révélée inefficace[réf. nécessaire]  ;
  • engager des politiques de « restauration de la compétitivité », avec un gel de certains salaires, le temps que la compétitivité-prix vis-à-vis des autres pays soit rétablie. Cette politique courageuse a connu un succès relatif lorsqu’elle a été menée au cours de la seconde moitié des années 1980[réf. nécessaire].
  • agir sur les créations d'entreprise, notamment par des chômeurs ; favoriser l'installation d'entreprises étrangères
  • agir sur les disparitions d'entreprises ;
  • dispenser des formations supposées donnée à des chômeurs la possibilité d'exercer des métiers où il existe des pénuries ;
  • réduction ou annulation des cotisations sociales sur les bas salaires, qui, en présence d’un SMIC trop élevé, portaient le coût du travail à un niveau beaucoup trop élevé et jouaient comme un frein à l’embauche des travailleurs les moins productifs.

Par ailleurs, les gouvernements successifs ont mené un « traitement social » du chômage :

  • adoucir la condition des chômeurs, par divers mesures sociales, pour rendre la situation de chômeur plus supportable (prime de Noël, réduction des coûts d'entrée dans les musées et les équipements sportifs,...)

[modifier] Historique

L’Agence Nationale pour l'Emploi (ANPE) est créée en 1967.

Les emplois-jeunes sont mis en place sous le gouvernement Jospin, ainsi que la réduction de la durée du travail hebdomadaire à 35 heures ; l'aide à la création ou à la reprise d’entreprise (ACRE), le soutien apporté par les gouvernements Raffarin et Villepin aux « services à la personne » (économie domestique), notamment via le plan Borloo ayant créé les chèques emploi service universel, des réformes du contrat de travail (tentatives de Dominique de Villepin d'instaurer le CPE après le CNE,…). La Prime pour l'emploi vise également à réduire le chômage.

Depuis les années 2000, les gouvernements favorisent le retour à l’emploi des chômeurs volontaires en augmentant les gains du travail : prime pour l'emploi (PPE), revenu de solidarité active (RSA).

La gauche et la droite divergent en partie dans leurs réponses apportées au chômage : la droite préfère en général favoriser l'offre (notamment par une augmentation de la flexibilité, laquelle permettrait aux entreprises d'embaucher plus), tandis que la gauche préfère d'ordinaire les politiques de la demande, et la réduction du temps de travail (dans l'idée de partager une hypothétique quantité fixe de travail au sein de la société), ou le soutien à certaines catégories dites précaires. Toutefois, cette idée générale a de nombreuses exceptions, des gouvernement d'un bord proposant et mettant en oeuvre parfois des politiques qu'on attendrait de l'autre.

Aucun des gouvernements de droite ou de gauche qui se sont succédé n’ont mis en place une politique de l'emploi véritablement libérale ; ces politiques ont pourtant permis la réduction du chômage dans les autres pays développés. L’Espagne est ainsi passée en quelques années d’un taux proche de 20 % à un taux d’environ 7 %[réf. nécessaire].

Pour 2008, le gouvernement a prévu de consacrer plus de 12 milliards d'euros et de mobiliser plus de 10 000 personnes aux politiques de l'emploi[15]; en ajoutant les sommes gérées par l'ANPE, l'UNEDIC, les collectivités territoriales, etc. la France consacrait en 1996 (et cela n'a pas baisser depuis[réf. nécessaire]) plus de 4% de son PIB (soit plus de 60 milliards d'euros) à lutter « contre le chômage » [16], pour plus de la moitié en dépenses passives (allocations chômage par exemple) et le reste en mesures actives (formation professionnelle par exemple).

La masse d'argent consacrée au problème peut sembler colossale, notamment quand on la rapporte au nombre de chômeurs ou, pire encore, au nombre d'emplois subventionnés, et les résultats tellement mitigés, que les critiques sont vives, à gauche comme à droite, mais différentes : au risque de caricaturer, on peut dire que (en se limitant à la question financière)

  • à gauche on demandera que cesse les aides aux entreprises et autres exonérations, et qu'on consacre l'argent à l'emploi public ;
  • à droite, on proposera de tailler dans les dépenses sociales pour réduire les prélèvements obligatoires, favoriser le secteur marchand en espérant que cela débouche sur des créations d'emploi.

[modifier] Notes et références

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

Wikipedia HTML 2008 in other languages

100 000 +

Česká (Czech)  •  English  •  Deutsch (German)  •  日本語 (Japanese)  •  Français (French)  •  Polski (Polish)  •  Suomi (Finnish)  •  Svenska (Swedish)  •  Nederlands (Dutch)  •  Español (Spanish)  •  Italiano (Italian)  •  Norsk (Norwegian Bokmål)  •  Português (Portuguese)  •  Română (Romanian)  •  Русский (Russian)  •  Türkçe (Turkish)  •  Українська (Ukrainian)  •  中文 (Chinese)

10 000 +

العربية (Arabic)  •  Български (Bulgarian)  •  Bosanski (Bosnian)  •  Català (Catalan)  •  Cymraeg (Welsh)  •  Dansk (Danish)  •  Ελληνικά (Greek)  •  Esperanto  •  Eesti (Estonian)  •  Euskara (Basque)  •  Galego (Galician)  •  עברית (Hebrew)  •  हिन्दी (Hindi)  •  Hrvatski (Croatian)  •  Magyar (Hungarian)  •  Ido  •  Bahasa Indonesia (Indonesian)  •  Íslenska (Icelandic)  •  Basa Jawa (Javanese)  •  한국어 (Korean)  •  Latina (Latin)  •  Lëtzebuergesch (Luxembourgish)  •  Lietuvių (Lithuanian)  •  Latviešu (Latvian)  •  Bahasa Melayu (Malay)  •  Plattdüütsch (Low Saxon)  •  Norsk (Norwegian Nynorsk)  •  فارسی (Persian)  •  Sicilianu (Sicilian)  •  Slovenčina (Slovak)  •  Slovenščina (Slovenian)  •  Српски (Serbian)  •  Basa Sunda (Sundanese)  •  தமிழ் (Tamil)  •  ไทย (Thai)  •  Tiếng Việt (Vietnamese)

1 000 +

Afrikaans  •  Asturianu (Asturian)  •  Беларуская (Belarusian)  •  Kaszëbsczi (Kashubian)  •  Frysk (Western Frisian)  •  Gaeilge (Irish)  •  Interlingua  •  Kurdî (Kurdish)  •  Kernewek (Cornish)  •  Māori  •  Bân-lâm-gú (Southern Min)  •  Occitan  •  संस्कृत (Sanskrit)  •  Scots  •  Tatarça (Tatar)  •  اردو (Urdu) Walon (Walloon)  •  יידיש (Yiddish)  •  古文/文言文 (Classical Chinese)

100 +

Nehiyaw (Cree)  •  словѣньскъ (Old Church Slavonic)  •  gutisk (Gothic)  •  ລາວ (Laos)