Chapelle palatine

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Pour la Chapelle Palatine de Palerme, voir l'article Palais des Normands

Sommaire

[modifier] Introduction

[modifier] Un bref rappel chronologique.

Située à Aix-la-Chapelle (en allemand Aachen), sa capitale, la chapelle palatine est la chapelle privée de Charlemagne, dédiée à la Vierge, au sein du palais d'Aix-la-Chapelle. Elle a été commencée vers 790, consacrée en 804 et achevée en 805. Il n'y a pas de documents d'époque concernant ce monument, mis à part une lettre d'Alcuin, conseiller de l'empereur Charlemagne, qui mentionne les colonnes du niveau supérieur dressées en 798. On peut noter la période de construction relativement courte par rapport à l'ampleur du chantier. Le palais lui-même est occupé dès 800.

[modifier] Le contexte historique.

Nous sommes en pleine renaissance carolingienne. C'est un vaste mouvement touchant les domaines religieux, artistique et littéraire qui a commencé à l'époque de Charlemagne. C'est la volonté de faire renaître une civilisation brillante telle que l'était celle des Romains, de créer une "seconde Rome au nord des Alpes"

[modifier] Nouveautés.

  • Contrairement aux habitudes des souverains mérovingiens (résidence itinérantes), Charlemagne choisit selon le modèle antique d'établir une capitale fixe (centralisation administrative, présence de sa cour et de son trésor). Après un premier essai à Ingelheim près de Mayence, le choix définitif se porte sur Aix (Westphalie) en raison du goût de l'empereur pour les sources chaudes (Aix est une ancienne ville thermale romaine - Aquaegrani). En outre Pépin le Bref avait déjà un château à Aix.
  • Le regroupement des différents bâtiments nécessaires à l'exercice du pouvoir et à la vie d'une cour (dont l'aula pour la réception, bâtiments d'habitation, et chapelle pour que l'empereur et sa cour assistent à l'office divin, pour légitimer le pouvoir spirituel de Charlemagne ainsi que pour abriter son tombeau).

N.B. : Charles le Chauve fera de même à Compiègne.

La chapelle est conservée presque intacte, malgré des adjonctions plus tardives et d'importantes réfections du XIXe siècle.

[modifier] Description

[modifier] Situation

L'ensemble palatial est très étendu. La chapelle est disposée au sud, symétriquement à l'aula regia. Un atrium rectangulaire précède le massif occidental (Westwerk avec une niche occidentale de 20 mètres de hauteur, encadrée de deux tourelles d'escalier, fermé à l'origine par une porte en bronze à deux vantaux) qui donne sur la chapelle de plan centré. Deux petites basiliques jouxtent la chapelle au nord comme au sud (ajoutées après la mort de Charlemagne, peut-être pour le concile d'Aix en 817).

[modifier] Extérieur

Extérieurement, on perçoit bien le découpage de l'église en trois parties: le Westwerk, la chapelle palatine et le chœur gothique.

[modifier] Plan

Il est très élaboré (chapelle de "disposition originale" d'après le chroniqueur Eginhard), puisqu'il consiste en un octogone central de 16.54 mètres de diamètre et un déambulatoire hexadécagonal (polygone à seize pans). Dans le déambulatoire, huit travées hexagonales (voûtées en arêtes, pas de doubleaux). On passe du plan octogonal central au plan hexadécagonal périphérique par l'adjonction de voûtains (= portions, quartiers de voûtes) triangulaires. À l'est était construite une abside rectangulaire, qui a disparu.

[modifier] Elévation intérieure

L'élévation interieure se caractérise par trois niveaux

  • Un niveau de grandes arcades
  • Un niveau de tribune
  • Un niveau de fenêtres hautes

Les grandes arcades reposent sur de puissants piliers et soutiennent les arcs monumentaux de la tribune (dédoublement de ce niveau par un double étage de colonettes : deux paires, l'une au dessus de l'autre, triplets d'arcature). Le niveau inférieur des baies de la tribune est clôturé par un parapet (grilles au décors géométrique). On remarque que la tribune est voûtée en berceaux transversaux (demi-cylindres parallèles les uns aux autres). L'emploi du même type d'arcs (en plein cintre) et de claveaux bichromes alternés permet une correspondance visuelle entre le niveau des grandes arcades et le niveau de la tribune. La verticalité de l'édifice est accentuée par les colonettes regroupées et les lignes droites. Le niveau supérieur est celui des fenêtres hautes, sobres, sans ébrasements, pourvues d'une allège (appui). Il s'agit du tambour de la coupolle. La coupole à huit pans culmine à plus de 33 mètres de hauteur. Elle est constituée d'une voûte d'arêtes (pas de trompes ni de pendentifs puisqu'ici il n'y a pas à passer d'un plan carré à un plan octogonal, les murs sur lesquels s'appuie la coupole forment déà un octogone). Le sommet de la coupole est un simple point (le point de jonction des voûtains). La mozaïque ornant la coupole a disparu au XVIIIe siècle, mais est connue par une gravure et quelques descriptions. Ainsi nous savons qu'y était représenté un Christ en majesté (tronant dans le ciel) ainsi que les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse.

[modifier] Analyse

[modifier] Caractéristiques de la construction

La chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle a été érigée par Eudes de Metz, c'est un exemple type de l'architecture carolingienne. La règle de base est l'emploi du petit appareil, associé au moyen appareil de pierre de taille (pour les piliers, les arcs, les piédroits, les chaînes d'angle et les assises de séparation des différents niveaux). Cela prouve une réflexion technique sans équivalent pour l'époque. Cette technicité est visible par exemple au travers de la solidité de la construction.

[modifier] Éléments de décors

On compte un nombre important de remplois antiques, plus particulièrement italiens (en provenance de Ravenne et Rome). Les colonnes de porphyre ne sont qu'un élément de décor. En effet, elles n'ont aucune fonction porteuse. Cela a permis de les mettre en œuvre en délit (taillées dans le sens de leur lit de carrière, ce qui les fragilise verticalement). Les châpiteaux corinthiens de marbre blanc (Il viennent peut-être de Palatin. Il en reste huit en place et les autres ont été déposées au musée lapidaire d'Aix). Le remploi est une pratique courante au Haut Moyen Âge (Charlemagne offre d'ailleurs à Saint-Riquier, durant la construction de la chapelle palatine d'Aix, des éléments en provenance d'Italie et qui étaient destinés à la chapelle). Toutefois, les emprunts ne sont pas pour autant généralisés. Les grilles et le sportes en bronze ont été réalisées localement par les ateliers de l'empereur.

[modifier] Synthèse Antique / Carolingien

L'exemple du Westwerk carolingien contraste fortement avec la décoration antiquisante montre que l'on concilie tradition et innovation. La structure de la chapelle palatine rapelle fortement Saint Vital de Ravenne (consacrée en 547, elle-même inspirée de l'architecture justinienne de Constantinople). cela peut être une référence plausible, même si la chapelle d'Aix n'en est pas une réplique (surtout les triplets et les berceaux transversaux). La mosaïque du Christ en majesté est inspirée techniquement des mosaïques romaines (on a pu évoquer à ce propos celles de Saint-Jean de Latran à Rome), mais il s'agit d'un thème en expansion à ce moemnt dans l'art carolingien. il y a donc une dépendance partielle à des modèles prestigieux de l'Antiquité tardive. C'est une source première d'inspiration, mais elles est adaptée aux exigences cultuelles et politiques.

[modifier] Importance de la symbolique

Le programme de la chapelle palatine a pour volonté précise de magnifier le rôle de l'empereur. Comment ? l'empereur trône à l'ouest de la tribune, face au Christ de l'Apocalypse figuré dans la coupole et face à l'autel du Saint-Sauveur, situé à son niveau. Il domine l'autel principal dedié à la Vierge, placé dans le déambulatoire (à l'emplacement de l'autel de l'église précédente). Il domine surtout l'autel Saint-Pierre disposé à l'est, dans l'abside quadrangulaire. L'organisation de l'espace vise à donner une place médiane : désigné par Dieu pour gouverner, il est supérieur au pape, successeur de Saint-Pierre (il domine l'autel). Son niveau (la tribune) est donc particulièrement magnifié (dédoublement décor). Dans l'octogone central, un texte d'Alcuin précisait que la chapelle était conçue comme la Jérusalem Céleste.

[modifier] Conclusion

[modifier] Ascendance

On peut remarquer la permanence des modèles de l'Antiquité, romaine comme tardive (il y a une coupole comme à Ravenne, mais aussi comme le Panthéon à Rome ou encore Sainte-Sophie de Constantinople). Cela propage une certaine image de l'Empire.

[modifier] Postérité

L'aristocratie civile et ecclésiastique reproduit dans une moindre mesure la chapelle de Charlemagne. De manière générale, l'influence d'Aix se fait sentir dans les édifices de plan centré, mais bien après la chute de l'Empire, à l'époque ottonienne (moment où l'architecture de l'époque de Charlemagne sert de référence principale pour des abbatiales ou des collégiales). Au temps de Charlemagne, ce plan otogona-hexadecagonal reste isolé car il est réservé à l'oratoire de l'empereur (d'où la remarque d'Eginhard). Comparaisons :

  • Ottmarsheim est l'exemple le plus frappant entre 1040 et 1060. C'est une version simplifiée car le déambulatoire est lui aussi octogonal. Cependant on retrouve un porche similaire, le même système de voûtement, le niveau de la tribune avec un dédoublement et enfin des fenêtres percées dans le tambour de la coupole, comme à Aix.
  • On peut retrouver une évocation de l'ocotogone central d'Aix dans l'abside de l'église abbatiale de la Trinité d'Essen (sus la princesse Théophanu, petite fille d'Otton II).
  • A Nimègue (Pays-Bas), l'évocation est plus nette dans la chapelle Saint-Nicolas du Valkhof, vers 1050. On retrouve l'octogone central ainsi qu'un pourtout à seize pans.
  • Pour le début du IXème (806), citons la chapelle Saint-Sauveur de Germigny-des-Prés (près de Saint-Benoît-sur-Loire), dans la résidence de Théodulphe (évêque d'Orléans en 798, érudit familier de Charlemagne) où l'on retrouve le plan centré ainsi qu'une mosaïque dorée, d'inspiration byzantine, sur la voûte de l'abside.

[modifier] Originalité

La chapelle palatine est la synthèse accomplie entre l'Antiquité et les dernières innovations techniques et stylistiques. On se réfère par la suite à ce modèle prestigieux, synonyme de grandeur et de puissance. Cet édifice est lui-même dépendant des modèles antérieurs et constitue un prototype qui donne lieu à de nombreuses reprises.

[modifier] Le mot "chapelle"

La chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle (alors appelée Aix avant sa construction) a été nommée ainsi à partir du mot latin capa, en référence à la relique de la cape de Saint Martin de Tours qui se trouvait dans l'édifice. Dès lors, grâce au rayonnement international d'Aix-la-Chapelle, le mot chapelle a ensuite été utilisé pour désigner d'autres édifices religieux.

[modifier] Ressources

[modifier] Bibliographie

KREUSH Félix, « La Chapelle palatine de Charlemagne à Aix », Les Dossiers d'archéologie, n°30, 1978, pages 14-23.

STIEGMANN Christoph, « Kunst und kultur der Karolingerzeit: Karl der Grosse und Papst Leo III », dans Paperborn: Beiträge zum Katalog der Ausstellung, Paperborn, 1999, Mainz.

[modifier] Liens externes



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