Charles Ferdinand d'Artois
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Charles Ferdinand d'Artois, duc de Berry (Versailles, 24 janvier 1778–Paris, 14 février 1820), second fils du comte d'Artois, futur roi Charles X de France, et de Marie Thérèse de Sardaigne.
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[modifier] Biographie
Dès les débuts de la Révolution française, il émigra avec son père. De 1792 à 1797, il servit dans l'armée de Condé puis passa en Grande-Bretagne. Là, il eut une liaison avec Amy Brown (1783-1876), dont il eut deux filles (qui devinrent la princesse de Lucinge et la baronne de Charette).
À partir de 1807, Monsieur le comte de La Fare, évêque de Nancy, est chargé par Louis XVIII de lui verser, ainsi qu'à son frère Louis Antoine de Bourbon, duc d'Angoulême, des sommes importantes pour l' entretien de sa Maison et les pensions de l'armée des princes pour assurer la subsistance de ses compatriotes. Toutes les communications du continent avec l'Angleterre étaient interdites et les militaires de l'armée de Condé ne pouvaient plus recourir à Londres pour y toucher du gouvernement britannique leurs pensions alimentaires. Monseigneur de La Fare était chargé d'ordonnancer et de vérifier le paiement de ces pensions sur des maisons de banque de Vienne, notamment celle de Baron J.J. de Boesner, banquier viennois, qui plaçaient les fonds sur Hambourg et Augsbourg ainsi que chez M.A. Gnecco & cie et M.Heath & cie à Gênes. Pour les mois de mars et d'Avril 1807, le versement fut de 18.676 livres tournois, soit la somme de 149.408 euros 2006, compte tenu de la commission de 130,5 livres de Baron J.J. de Boesner. Parmi les bénéficiaires des pensions, on trouve les noms du marquis de Montaignac, du capitaine chevalier de Badasset et du marquis d' Anjorrant entre autres. Monseigneur de La Fare exerça cet emploi périlleux jusqu'à la Restauration.
Il retourna en France lors de la Première Restauration. Pendant les Cent-Jours, il suivit Louis XVIII à Gand. Il revint en France en 1814 avec son père.
En 1816 dans Notre-Dame de Paris, il épousa la princesse Caroline des Deux-Siciles (1798-1870), fille aînée de François Ier des Deux-Siciles (1777-1830) et de Clémentine d'Autriche (1777-1801), dont il eut quatre enfants, dont deux parvinrent à l'âge adulte :
- une fille, Louise d'Artois (1819-1864), qui épousa en 1845 Charles III de Parme, duc de Parme (fils de Charles II, duc de Parme et de Marie Thérèse de Sardaigne). Louise fut la grand-mère paternelle de l'impératrice d'Autriche Zita.
- un fils posthume, Henri d'Artois (29 septembre 1820 † 1883), duc de Bordeaux, puis « comte de Chambord », qui épousa en 1846 Marie Thérèse de Modène (1817-1886) ; sans postérité, il fut le dernier Bourbon descendant de Louis XV.
Apparenté aux « ultras », ces royalistes réactionnaires refusant la Charte, il fut assassiné à sa sortie de l'Opéra le 13 février 1820 par l'ouvrier Louvel, qui voulait éteindre en lui la race des Bourbons, et dont il eut en mourant la générosité de pardonner le geste.
Le duc de Berry est inhumé dans la basilique Saint-Denis.
[modifier] Les conséquences politiques de la mort du duc de Berry
[modifier] La chute de Decazes
Le meurtre en février 1820 du duc de Berry par Louis-Pierre Louvel, un bonapartiste, engendre immédiatement la chute de Decazes. Il est en effet accusé d’être le responsable du crime, et dès lors, la presse ultra se déchaîne sur lui, certains allant même jusqu'à demander sa mise en accusation. Decazes est un homme politique haït par les ultra, et par le comte d’Artois, le futur Charles X, et frère du roi Louis XVIII. Redoutable manœuvrier, il épura aux élections de 1816 l’administration des ultra. Il rompit également avec la droite du duc de Richelieu, et devint le chef d’un cabinet théoriquement dirigé par Dessolle jusqu’en novembre 1819. Il fut également nommé ministre de l’Intérieur, et il mena une politique qui se voulut libérale (sans pour autant le dire ouvertement), en s’appuyant sur les doctrinaires (qui ont choisi Louis XVIII et qui lui sont donc favorable). Son ambition était de « royaliser la nation et nationaliser les royalistes » ; il dût donc, pour ce faire, manœuvrer avec des groupes parlementaires méfiants. Il souhaita aussi développer l’économie française, et mettra en place des actions en faveur de l’agriculture, de l’industrie, et du commerce. Il aida également le développement de la presse grâce à la loi de mars 1819, la loi De Serre : désormais, pour fonder un journal, il suffit seulement d’une déclaration et du dépôt d’un chèque de 10 000 Francs. L’autorisation préalable et la censure sont abolies. Cela permit donc à la presse nationale et régionale, ultra et libérale de se développer. Decazes s’est attiré les foudres des ultra, qui le trouvent trop libérale, et des libéraux, qui critiquent la timidité de ses réformes. Il essaya donc de changer de position et de se rapprocher des ultra pour modifier la loi électorale, dans un sens plus favorable aux grands propriétaires. Il prend donc la tête d’un gouvernement droitisé en novembre 1819, et tente de mettre sa politique en place peu avant la mort du duc de Berry. Quand celle-ci survint, la chambre des pairs refusa de voter la loi, et il est alors contraint de démissionner. Chateaubriand écrit, dans ses mémoires, pour relater cet évènement « le pied lui a glissé dans le sang ». La mort du duc de Berry marque donc la fin d’une expérience qui ne réussit pas réellement à trouver sa place entre une droite ultra qui refuse de changer ses positions, et une gauche libérale qui glissera petit à petit dans une opposition de plus en plus forte, dès lors que les libertés seront remises en cause.
[modifier] Le changement de politique sous le ministère Richelieu
Car en effet, après la démission de Decazes, la politique du pays change radicalement. Le roi Louis XVIII rappel le duc de Richelieu à la tête du gouvernement, pour un deuxième ministère, qui sera marqué par un réel retour en arrière. En effet, il suspend grâce aux vote de lois, les libertés précédemment acquises. Les libertés individuelles et les libertés de presse sont suspendues, la censure et l’autorisation préalable pour fonder un journal sont rétablies. De plus, les ultra imposent le vote d’une loi électorale qui est censée freiner la montée des libéraux ; de nombreuses réactions éclatent, comme la manifestation des étudiants qui se rendent au palais Bourbon pour protester. La loi voulue par les ultra est cependant votée le 30 juin 1820. Cette loi, appelée loi du « double-vote », réorganise l’élection des députés. En effet, 258 d’entre eux seront élus par tous les électeurs lors d’un scrutin d’arrondissement, et les 172 restants seront élus dans les chefs-lieu par le quart des électeurs les plus imposés. Ces derniers voteront donc deux fois. Une autre loi électorale permet également de faire passer certains des électeurs « suspects » sous la barre d’imposition des 300 francs, nécessaire pour avoir le droit e vote. Cela permet donc aux ultra de remporter une large victoire aux élections de novembre 1820, et d’écraser les oppositions. Richelieu continu sa politique avec l’adoption de nouvelles lois. Le 5 juillet 1820, les universités, et donc le corps enseignant et étudiant, sont contrôlées par les autorités ; le 27 février 1821, l’enseignement secondaire est placé sous surveillance du clergé. Richelieu devra nommer des ultra au sein du gouvernement, et sera contraint de démissionner, suites aux exigences toujours plus grandes de ses ministres, et à défaut d’avoir le soutien du comte d’Artois. Il sera remplacé en décembre 1821 par Villèle, l’homme de confiance du comte d’Artois, qui continu une politique ultra dans la lignée de celle de Richelieu : il placera les universités sous tutelle de l’Eglise, la presse sera de plus en plus contrôlée, et il luttera contre la Charbonnerie.
[modifier] Sources
- Barjot Dominique, Chaline Jean-Pierre, Encreve André, La France au XIXème siècle, 1814 - 1914, Paris, Quadrigue Manuel, Puf, 2005
- Caron Jean-Claude, La France de 1815 à 1848, Paris, Armand Colin, 2004.
- El Gammal Jean, Histoire politique de la France de 1814 à 1870, Paris, Nathan, 1999
- Le Petit Robert, dictionnaire des noms propres.