Clairval

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Clairval

  • Né, Jean-Baptiste Guignard, le 27 avril 1735 à Étampes, mort à Paris, en 1795
  • Chanteur lyrique et comédien


[modifier] Biographie

  • Son père travaillait au service du marquis de Valori[1], comme jardinier. Le jeune Guignard eut sans doute sa vocation naissante au château du Bourgneuf [2] car on y jouait souvent la comédie. Adolescent « d’une charmante figure et d’une tournure élégante » selon Hoerfer, il est invité naturellement à ces divertissements.
  • Placé à Paris chez un parent perruquier[3], il y trouvait la chance de côtoyer la Comédie-Italienne dont le rendez-vous était une boutique voisine. Cette ambiance alluma sa passion pour la scène. Il débute sous le nom de théâtre «Clairval», dès 1754, au spectacle de la Foire Saint-Germain[4]. Il est vite remarqué par son talent dans la pièce « On ne s’avise jamais de tout »[5] , opéra de Monsigny, qui devait être jouée jusqu’en février 1762. À la fusion de la troupe avec la Comédie-Italienne, il est un des seuls cinq acteurs qui sont reconduits immédiatement. Il deviendra un des piliers de l’établissement. Il jouait avec la même autorité le drame, la comédie et l’opéra, au cours d’un nombre considérable de rôles. Parmi les plus notables :
Le tableau parlant (rôle de Pierrot), de Grétry
Les maris corrigés (rôle de Germival), de La Chabeaussière
Le déserteur (rôle de Montauciel), de Mercier
Zémire et Azor, (rôle d’Azor), de Grétry
L'amant jaloux, (rôle de Don Alonze), de Grétry
Richard Cœur de lion, (rôle de Blondel, où il excellait), de Grétry
L'aristocrate ou le convalescent de qualité, de Fabre d'Églantine [6]
  • C’est à partir de ces réussites qu’il obtint une renommée sans égale, doublée d’innombrables succès auprès des femmes dont il fut la coqueluche. On conçoit aisément aujourd’hui l’engouement pour ces chanteurs-comédiens talentueux, véritables idoles avant la lettre[7] qui étaient souvent appréciés et protégés en haut-lieu malgré l’opprobre qui planait toujours sur les comédiens et même parfois l’égarement où ils se jetaient.[8]
  • La liaison de Clairval avec Mme de Stainville est un épisode exemplaire, qui, à l’époque, provoqua un durable scandale. Cette comtesse, ancienne maîtresse du duc de Lauzun, tomba, en dépit de son rang, folle amoureuse de l’acteur. Cette passion réciproque se termina mal pour l’amante que son mari jaloux et humilié fit enfermer à vie dans un couvent nancéen. Clairval, protégé par le duc de Choiseul, évita le pire [9].
  • Il fut un collègue estimé[10], et un fils attentionné envers son vieux père. Sa voix qui n'avait jamais été forte, s'était bien affaiblie et au regret de tous, il prit sa retraite en juin 1792. Il tomba dans l'oubli durant la tourmente révolutionnaire.

[modifier] Notes

  1. qui était alors gouverneur d’Étampes et ambassadeur de France en Prusse. On le rencontre dans la correspondance de Voltaire qui connaissait les lieux.
  2. aujourd’hui disparu depuis la Révolution et situé ancienne rue du sablon, aujourd’hui rue Sadi-Carnot.
  3. apprentissage qui lui vaudra plus tard du poète Guichard qui s'était vu un rôle refusé, un distique venimeux: «Cet acteur minaudier et ce chanteur sans voix, Écorche les passants qu'il rasait autrefois.»
  4. qui avait un répertoire d’opéra-comique.
  5. il y tenait successivement le rôle d'un jeune homme,d'un vieillard, d'un infirme, d'un bègue et d'une vieille femme.
  6. opéra créé le 28 janvier 1791.
  7. on compte également, parmi ses contemporains, les célèbres Martin, Elleviou et Garat et les talentueux Caillaud, Ponchard, etc...
  8. l’enfermement à For-l'Évêque était alors réservé aux gens du théâtre.
  9. Gaston Maugras : Le duc de Lauzun et la Cour intime de Louis XV, 1907, p174-184.
  10. Il n’acceptait que de jouer les rôles secondaires quand son ami Caillaud pouvait jouer les premiers.

[modifier] Bibliographie de référence

Nouvelle Biographie Générale, de Ferdinand Hoefer [tome 10]
Le duc de Lauzun et la Cour intime de Louis XV, Gaston Maugras, 1907, p.174



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