Colombier (édifice)
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Un colombier est un édifice destiné à loger des pigeons.
[modifier] Historique
Il s’est appelé fuie à partir du XIIIe siècle et pigeonnier au XIXe siècle.
Les plus anciens seraient les colombiers forteresse de Haute-Égypte, et les colombiers perses surmontés d’une poivrière. Dans les régions arides, la fiente est une fumure recherchée et elle est recueillie sur des nattes régulièrement nettoyées.
La présence de colombiers n’est pas attestée en France avant l’invasion romaine par César. L’élevage des pigeons était alors une passion à Rome. Le colombarium romain, généralement rond, avait son intérieur recouvert d’un enduit blanc de poudre de marbre. Varron, Columelle et Pline l'Ancien ont écrit des ouvrages sur l’élevage des pigeons et la construction des colombiers.
L’intérieur du colombier, espace imparti aux pigeons, est divisé en un certain nombre de boulins. Chaque boulin est le logement d’un couple de pigeons. Ces boulins peuvent être en pierre, brique ou torchis et installés lors de la construction du colombier ou être en poterie (pots couchés, tuiles canal, diverses cases), en osier tressé en forme de panier ou de nid. C’est le nombre de boulins qui indique la capacité du pigeonnier. Celui du château d'Aulnay avec ses 2000 boulins et celui de Port-d'Envaux avec ses 2400 boulins de terre cuite sont parmi les plus vastes.
Au Moyen Âge, la possession d’un colombier à pied, construction séparée du corps de logis (ayant des boulins de haut en bas), était un privilège du seigneur haut justicier. Pour les autres constructions, le droit de colombier variait suivant les provinces. Elles devaient être en proportion de l’importance de la propriété, placées en étage au-dessus d’un poulailler, d’un chenil, d’un four à pain, d’un cellier… Généralement les volières intégrées à une étable, une grange ou un hangar, étaient permises à tout propriétaire d’au moins 50 arpents (environ 2,5 hectares) de terres labourables, qu’il soit noble ou non, pour une capacité ne devant pas dépasser suivant les cas 60 à 120 boulins.
Produisant un excellent engrais (la colombine), les pigeons étaient vus comme une catastrophe par les cultivateurs, en particulier au moment des semailles.
Dans les nombreuses régions où le droit de posséder un colombier était réservé à la noblesse (Bretagne, etc.), les cahiers de doléances demandèrent très fréquemment la suppression de ce privilège et l’abolition du droit ; ce qui sera entériné lors de la nuit du 4 août 1789.
[modifier] Architecture
Leur emplacement est choisi loin des grands arbres qui peuvent abriter des rapaces et à l’abri des vents dominants et leur construction obéit à quelques règles de sécurité : portes d’accès hermétiques et murs lisses munis d’un bandeau en saillie nommé larmier ou randière afin d’interdire la montée aux prédateurs (fouines, belettes…). La façade était, si nécessaire, enduite uniformément ou seulement sur une bande horizontale, afin d’empêcher leur ascension.
Les colombiers peuvent être de matériaux très variés et de forme et de dimension extrêmement divers :
- le colombier carré à quadruple voûte serait d’avant le XVe siècle (château de Roquetaillade, Bordeaux) ou Saint-Trojan près de Cognac)
- la tour cylindrique : du XIVe siècle au XVIe siècle, elle est recouverte de tuiles canal, de tuiles plates, de lauzes et très exceptionnellement d’une coupole de briques. Une fenêtre ou une lucarne est la seule ouverture. Des balconnets forment plage d’envol en saillie ;
- le colombier sur pilier ou sur arcades, cylindrique, hexagonal ou carré ;
- le colombier hexagonal (colombiers de la poste royale à Sauzé-Vaussais) ;
- le colombier carré à toit de tuiles plates au XVIIe siècle puis à toit d’ardoises au XVIIIe siècle ;
- le pied de mulet, adossé aux bâtiments.
L’intérieur d’un colombier pouvait être soit pratiquement vide (les boulins étant situés dans les murs), soit réduit à une structure d’échelle tournante, permettant le ramassage des œufs ou des pigeonneaux et l’entretien.
[modifier] Bibliographie
- Pierre Leron-Lesur, Colombiers, pigeonniers en France, éd. Massin, 1987 (ISBN 2707201146)
- Dominique Letellier, Pigeonniers de France, éd. Privat, 1998
- Sabine Derouard, Les Colombiers du pays de Caux, éd. Corlet, 1998 (ISBN 2-85480-811-8)
- Christian Genet, Jacques Rollet, Jacqueline Fortin, Vieux Pigeonniers des Charentes, éd. Aubin, 1990