Complexe funéraire de Djéser
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Article de la série Pyramide Classements |
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Complexe funéraire de Djéser Pyramide à degrés de Saqqarah |
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Commanditaire : | Djéser IIIe dynastie |
Autre nom : | Libations des divinités |
Construction : | début vers -2600 |
Type : | Pyramide à degrés |
Hauteur : | 62 mètres |
Base : | 121 mètres x 109 mètres |
Inclinaison : | 84° (pente des gradins) |
Coordonnées : |
Le complexe funéraire de Djéser édifié sous le règne du pharaon Djéser marque la naissance de l'architecture monumentale en pierre. Le tombeau du pharaon prend, pour la première fois et après de multiples modifications, la forme d'une pyramide. Deux noms y sont à jamais rattachés, celui du génial architecte Imhotep qui conçut cet ouvrage et celui de l'égyptologue Jean-Philippe Lauer qui consacra toute sa vie à étudier les vestiges de ce chef-d'œuvre de l'Ancien Empire égyptien.
[modifier] Vue d'ensemble du complexe funéraire
Le complexe funéraire de Djéser est le premier de cette importance et le plus grand jamais construit à notre connaissance en Égypte. Il est composé, outre une pyramide à degrés, de nombreux édifices cultuels destinés aux cérémonies associées à la vie du souverain dans l'autre monde : un temple T (ou palais), un serdab, les chapelles de la fête-Sed, un temple funéraire, la tombe sud, deux pavillons (nord et sud), deux autels, deux bornes, les magasins et enfin la grande enceinte à redans clôturant cet ensemble de constructions qui s'étend sur plus de quinze hectares.
[modifier] La pyramide
La pyramide a connu plusieurs états successifs avant d'atteindre la forme finale que nous lui connaissons. Elle est le résultat de nombreuses hésitations, transformations et d'innovations tant techniques qu'intellectuelles. Les égyptologues nomment les trois plans successifs du mastaba : M1, M2 et M3 et les trois plans de la pyramide à degrés : P1, P1' et P2.
[modifier] Le mastaba à l'origine de la pyramide
Outre l'enceinte et les bâtiments annexes, le complexe dut initialement comporter une sépulture sous la forme d'un mastaba classique. L'architecte fit déjà montre d'innovation en composant intégralement l'édifice en pierre calcaire. La construction de ce mastaba de taille ordinaire marque donc la naissance de l'architecture en pierre. Constitué de lits de pierres horizontaux, le corps est rempli de libages de calcaire et le parement est en calcaire de Tourah.
L'architecte décida ensuite d'étendre la base du monument de huit coudées supplémentaires sur les quatre côtés, le rajout étant légèrement plus bas que le toit du premier mastaba.
Le mastaba fut ensuite agrandi une deuxième fois mais cette fois-ci seulement sur son côté est. Onze puits furent alors creusés au niveau de cette portion supplémentaire. Leur profondeur atteint les trente-trois mètres. Ils donnent chacun sur une galerie (I-XI) creusée à l'horizontale et s'étendant sur une vingtaine de mètres. Les cinq premières galeries furent destinées à ensevelir des membres de la famille royale. Elles furent pillées dès l'antiquité mais il reste encore deux sarcophages d'albâtre de belle facture. De nombreux fragments de cercueil, de vaisselles et de bijoux ont été retrouvés mais la plus importante découverte fut effectuée dans les six autres galeries encore inviolées. Des dizaines de tonnes de vaisselles et de poteries datant des deux premières dynasties remplissaient complètement les galeries. Bien qu'une grande majorité des objets furent détruits suite à l'affaissement des plafonds, cette découverte capitale a permis de mesurer combien cet art était développé durant la période thinite.
[modifier] Vers la pyramide finale
Suite à l'achèvement du mastaba, l'architecte imagina une sépulture aux dimensions plus ambitieuses et à la symbolique issue à la fois du culte solaire et de la conception de l'au-delà des anciens égyptiens. Un escalier permettant au pharaon d'accéder au monde divin était désormais figuré par une pyramide à quatre gradins, de forme oblongue, enveloppant totalement le mastaba M3 initial. Elle fut agrandit deux fois par tranches additionnelles en lits déversés (en P1' puis P2) atteignant les dimensions colossales pour l'époque de 62 mètres de hauteur et 121 mètres sur 109 mètres pour la base. L'inclinaison de chaque gradin est d'environ 84°.
Mastaba M1 | Mastaba M2 | Mastaba M3 | Pyramide P1 | Pyramide P1' | Pyramide P2 | |
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Dimensions de la base | 63m x 63m (120c x 120c) |
71,5m x 71,5m (136c x 136c) |
79,5m x 71,5m (152c x 136c) |
85,5m x 77m (163c x 147c) |
119m x 107m | 121m x 109m |
Hauteur | 8m (16c) |
8m, 7m | 8m, 7m, 5m | 42m (80c) |
60m | 62m |
Assises | lits horizontaux | lits horizontaux | lits horizontaux | lits déversés | lits déversés | lits déversés |
Hauteur des blocs de maçonnerie | 0,30m | 0,30m | 0,30m | 0,38m | 0,52m | 0,52m |
Nombre de gradins | - | - | - | 4 | 6 | 6 |
[modifier] Les infrastructures de la pyramide
Les infrastructures se décomposent en deux groupes ; le premier correspondant aux onze puits associés aux onze galeries souterraines dont les accès de situent au niveau du rajout M3, le deuxième représente le réseau souterrain centré sur le caveau royal et situé sous le massif de la pyramide.
[modifier] Évolution
Il est difficile d'établir un ordre précis quant au déroulement de la conception des souterrains. Le seul fait établi est que les onze puits ont été creusés durant la dernière extension du mastaba M3. La position particulière des onze galeries (les galeries du nord se resserrent ainsi que les galeries du sud) semble montrer que celles-ci ont été conçues de manière à éviter l'espace qu'occupe actuellement le puits central menant au caveau royal. Il reste donc à savoir si celles-ci ont été creusées en même temps que le puits central ou s'il était seulement prévu de creuser le puits à cet endroit bien plus tard.
Quant au puits central et son réseau annexe, une descenderie creusée dans la roche en permettait l'accès depuis les abords de la face nord de la pyramide P1. Mais après l'agrandissement de la pyramide, cet accès (1re entrée) fut recouvert par la maçonnerie et une nouvelle descenderie fut mise en chantier parallèlement à l'ancienne mais débouchant cette fois bien au delà de la face nord de la pyramide P2, au niveau du temple funéraire (2e entrée). Il est donc fort probable que la majorité du réseau souterrain fut achevé au moment de la construction de la pyramide P1.
[modifier] Description
La quasi-totalité des appartements funéraires fut explorée au début du XIXe siècle par l'égyptologue allemand Karl Richard Lepsius. Ce dernier atteignit le caveau royal situé au fond d'un puits central de sept mètres de côté et de vingt-huit mètres de profondeur. Le caveau fut entièrement construit en granite rose originellement clos par un bouchon de granite de 3,5 tonnes. Le caveau fut trouvé vide, la pyramide ayant été violée dès la haute antiquité. Un pied humain trouvé non loin du caveau est attribué à Djéser.
Lepsius découvrit également dans les galeries situées à l'est du caveau, deux chambres dites bleues (en bleu sur la figure) car leurs parois étaient recouvertes de plaquettes en faïence bleue, disposées de manière à imiter les roseaux. On put y voir également trois bas-reliefs de calcaire représentent le roi officiant dans des cérémonies religieuses. L'égyptologue allemand en rapporta de nombreux fragments en 1843. Deux autres chambres similaires furent découvertes plus tard par Cecil Mallaby Firth. Il est fort possible que l'ensemble des galeries fut destiné à accueillir de telles décorations et que l'œuvre resta inachevée.
Des onze puits situés sous M3, seuls les cinq premiers à partir du nord (I-V) furent depuis longtemps pillés. Les galeries firent office de sépultures pour des membres de la famille royale. Deux beaux sarcophages d'albâtre sont encore en place et l'un deux (celui de la galerie V) contenait encore les restes d'un enfant. Les six autres galeries (VI-XI) furent seulement découvertes au début du XXe siècle et avaient échappé aux pilleurs. Elles contenaient des dizaines de milliers de poteries et de vases en pierre taillée dont une grande partie est maintenant restaurée.
[modifier] L'enceinte, l'entrée principale et la colonnade
L'enceinte à redans, d'une hauteur originelle de 10,50 mètres (20 coudées), s'étendait du nord au sud sur 544 mètres et de l'est à l'ouest sur 277 mètres, couvrant ainsi une surface totale de quinze hectares. Cette enceinte comportait une seule entrée située près de l'angle sud-est de l'enceinte et quatorze fausses portes. L'entrée donnait accès à un long corridor composé de vingt colonnes fasciculées hautes de 6,60 mètres. La base d'une statue de Djéser fut découverte au sud de cette colonnade. Celle-ci comporte les attributions d'Imhotep :
« Le chancelier du roi de Haute et de Basse-Égypte, l'administrateur du palais, le noble héréditaire, le grand prêtre d'Héliopolis, constructeur, sculpteur et "fabricant de vases". »
[modifier] La grande cour sud et la tombe sud
Le corridor débouche sur la grande cour sud. Entourées de murs à redans, ses dimensions sont de 174,75 mètres sur 107,60 mètres. On y trouve un autel de 7,40 mètres sur 7 mètres accolé à la face sud de la pyramide à degrés. Celui-ci est précédé d'un petit caveau de 1,60 mètre sur 0,90 mètre trouvé vide. Deux édifices en forme de 'B', de 11 mètres de long et séparés de 55 mètres, prennent place au centre de la cour. Leurs fonctions sont sans doute liées aux rites du Heb-Sed.
On peut accéder à un petit temple funéraire à l'angle sud-ouest de la grande cour. Ses murs à redans sont revêtus en leurs sommets de remarquables cobras sculptés. Ce petit temple comporte un accès à une descenderie menant à un tombeau dont le plan suit le modèle des infrastructures de la pyramide à degrés. Il est admis que ce tombeau n'était en fait qu'une réplique de la sépulture royale destinée au Ka du souverain.
[modifier] La cour et les chapelles de la fête-Sed, le temple T
Cet ensemble de constructions factices et symboliques devait permettre au ka du roi de célébrer le Heb-Sed.
Le temple T, parfois dénommé palais, devait probablement permettre au pharaon de changer ses attributs entre les rites.
[modifier] Le temple funéraire, le serdab et la cour nord
Le temple funéraire est accolé à la face nord de la pyramide à degrés. Son entrée se situait sur le mur oriental. Un long couloir contournait le temple par le nord jusque son côté occidental. Il permettait l'accès à une antichambre puis à deux chambres d'ablutions sans doute réservées au culte funéraire royal pour la Haute et Basse-Égypte. On pouvait également accéder à deux cours dont la plus occidentale contenait l'accès à la deuxième descenderie de la pyramide, obstruée après les funérailles du pharaon et déblayée en 1924 par Cecil Mallaby Firth.
Le serdab était situé près de l'entrée du temple funéraire. Une percée à hauteur de 1,50 mètre permettait de voir la statue grandeur nature de Djéser assis. L'originale est aujourd'hui exposée au musée du Caire et une réplique prend désormais sa place dans le complexe funéraire.
Un deuxième autel de quinze mètres sur quinze taillé dans la roche se place au nord du complexe. À l'ouest de cet autel se trouve un puits donnant accès à un réseau de galeries souterraines disposées en dents de peigne sur une longueur de plus de soixante mètres. Celles-ci contenaient un énorme approvisionnement en grains et fruits. Les sceaux de Khâsekhemoui, de Neteri-khet et de Senakht y ont été trouvés. Il est suggéré que ces galeries représentent les véritables magasins d'approvisionnement et que les galeries situées sous les grandes terrasses de l'ouest ne constituent que des simulacres.
[modifier] Les magasins et les deux pavillons
Trois grands massifs situés à l'ouest, longent le complexe funéraire de l'enceinte sud jusqu'à peu de distance de l'enceinte nord. Seul le massif central, long de 400 mètres, large de 25 mètres et haut de 3 mètres contenait une énorme substructure composée de galeries et de 400 chambres souterraines disposées en dents de peigne dont les accès se faisaient par plusieurs puits. Il est communément admis que ces infrastructures faisaient office de magasins d'approvisionnement ; une autre hypothèse fait l'analogie entre ces chambres et les tombes de serviteurs que l'on sacrifiait pour servir leur roi dans l'autre monde. Pratique commune aux époques pré-dynastiques et thinites. À noter, pour étayer cette thèse, qu'un squelette en position replié a été découvert dans une de ces galeries.
[modifier] Références bibliographiques
- Jean-Philippe Lauer, L'histoire monumentale des pyramides d'Égypte, vol. I, 1962 ;
- Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, Les pyramides d'Égypte, 1999.
[modifier] Voir aussi
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