Dora (camp)
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Dora était un camp de concentration allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. Le camp de Dora ouvrit à la fin du mois d'août 1943, dépendant du camp de Buchenwald. Il reçut sous le nom de Dora-Mittelbau un statut de camp de concentration autonome en octobre 1944. Bien qu'il s'agisse d'un camp de concentration et non d'extermination, plus de 20.000 hommes y moururent.
Sommaire |
[modifier] Histoire
A la fin du mois d'août 1943, s'ouvrit près de Nordhausen, dans le Kohnstein, un camp extérieur dépendant du camp de concentration de Buchenwald, qui portait le nom de "Dora". La cause immédiate de sa création fut le bombardement du centre de recherche des fusées de Peenemünde les 17 et 18 août 1943 ainsi que la décision de déplacer sous terre l'assemblage des fusées.
Depuis que la défaite de l'Allemagne se profilait en 1943, le ministère de l'armement et la SS collaboraient étroitement, afin de mobiliser toute la main-d'œuvre disponible pour la "guerre totale". Les détenus des camps de concentration et les travailleurs forcés furent eux aussi employés dans l'industrie d'armement.
Un vaste réseau de tunnels existait déjà dans l'anhydrite du Kohnstein. Les détenus du camp de concentration durent l'aménager en une usine de fusées, la dite Mittelwerk ("usine du centre"), et, à partir de janvier 1944, commença dans cette entreprise d'État la fabrication des "armes de représailles" (armes V) prônées par Goebbels. Pendant que la production de fusées relevait du ministère de l'armement du Reich qui avait fondé la SARL Mittelwerk, la SS était responsable des immenses travaux de construction. Le dit "état-major Kammler", sous la direction de Hans Kammler, était compétent pour l'ensemble du "Sperrgebiet Mittelbau" (zone interdite Mittellbau), qui s'étendait au nord jusqu'à Göttingen, au sud jusqu'à Bad Langensalza et à l'est presque jusqu'à Eisleben.
Pour les travaux, la SS envoyait à Dora des hommes de nombreux pays occupés par l'Allemagne. Ces hommes étaient enfermés jour et nuit dans les tunnels, et, à cause d'atroces conditions de vie et de travail, beaucoup moururent déjà au bout de quelques semaines. C'est seulement au printemps 1944 qu'un camp de baraques fut construit à la surface.
En octobre 1944, le camp de Dora obtint, sous le nom de Dora-Mittelbau le statut d'un camp de concentration autonome. Il se développait en tant que centre d'un grand complexe de camps avec plus de 40 camps extérieurs et kommandos de travail (Ellrich, Harzungen...) dans presque tous les lieux de la région. Ce réseau de camps et d'installations souterraines fut en permanence renforcé, y compris dans les dernières semaines de la guerre.
La plupart des prisonniers du camp de concentration devaient travailler sur de nombreux chantiers, seul un dixième était employé à l'usine souterraine. Là, travaillaient étroitement, sous la direction de l'équipe dirigeante des spécialistes des fusées (Wernher von Braun, Arthur Rudolph), les ingénieurs, les travailleurs civils et les détenus. Les brutalités sur les prisonniers, les exécutions des saboteurs réels ou présumés et l'assassinat des détenus mal vus en particulier politiquement étaient chose courante dans la phase finale. Parmi les 60.000 détenus du camp de concentration Mittelbau-Dora, 20.000 trouvèrent la mort, la plupart d'entre eux dans les kommandos de constructions.
[modifier] Libération
Le 11 avril 1945, des unités de la IIIe armée américaine libérèrent le camp. Ils trouvèrent quelques centaines de prisonniers que les SS n'avaient pas évacués ainsi que 1.200 morts et mourants dans la Boelcke Kaserne de Nordhausen, où les SS avaient ouvert un camp pour les " inaptes au travail ".
Jusqu'à la fin du mois de juin 1945, les spécialistes américains sauvegardèrent les installations de production souterraines et récupérèrent documents, machines et fusées complètes, qu'ils transférèrent avec les principaux ingénieurs aux Etats-Unis. Après le changement des forces d'occupation en juillet 1945, l'administration militaire soviétique prit en charge les installations encore existantes et fit sauter les tunnels en 1949. L'ancien camp de baraques servit jusqu'en 1946 de camp pour les réfugiés et fut finalement presque complètement rasé.
En 1946, l'administration militaire soviétique érigea un premier monument commémoratif dans la zone du crématoire. En 1949, celui-ci releva de la compétence de la ville de Nordhausen. En 1954, fut inauguré un "monument aux morts du camp de concentration de Dora", puis transformé, dans les années soixante, en "un lieu de mémoire et de commémoration antifascistes" (depuis 1966 "lieu de mémoire et de commémoration du camp de concentration de Dora", depuis 1975 "lieu de mémoire et de commémoration Mittelbau") avant d'être pris en charge par le canton Nordhausen.
[modifier] Des scientifiques "récupérés"
Plusieurs des scientifiques nazis qui travaillèrent à Dora, et savaient comment étaient traités les prisonniers, furent ensuite « récupérés » par les Américains et les Soviétiques et contribuèrent à la conquête spatiale de part et d'autre pendant la guerre froide (opération Paperclip du côté américain). Un des plus connus fut Wernher von Braun, ingénieur et dirigeant du camp de Dora. Il n'a jamais admis sa responsabilité dans son livre autobiographique, minimisant sa position dans le camp et ne reconnaissant pas les crimes commis sous ses yeux.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
- Complexe militaro-industriel allemand
- Système de production carcéral
[modifier] Liens externes
- Mémorial de Dora-Mittelbau
- Association pour la mémoire des camps de Dora, Ellrich et Kommandos
- Association Française Buchenwald Dora et Kommandos
- L'usine souterraine et le camp de concentration de Dora
[modifier] Bibliographie
- André Sellier, Histoire du camp de Dora, 1998 [détail des éditions]
- Jean Michel, Dora, dans l'enfer des camps de concentration, Ed. Le Livre de poche, 1960
- James Mc Govern (trad. Michel Deutsch), La Chasse aux armes secrètes allemandes (Crossbow and overcast), 1965 [détail des éditions]
- W. Dornberger L'arme secrète de Peenemünde Ed. Arthaud 1961, J'ai lu n°122,123 1970
- De l'enfer aux étoiles, Jean Michel, plon, 1986