Dracula père et fils

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Dracula père et fils est un film français d'Édouard Molinaro réalisé en 1976.

Il s'agit d'une parodie de films de vampires avec Christopher Lee dans le rôle du Comte, Bernard Menez dans celui du fils, Marie-Hélène Breillat (alors, madame Molinaro) et sa sœur, la future réalisatrice, Catherine Breillat. On y reconnaît aussi, dans des rôles plus épisodiques, les comédiens populaires Gérard Jugnot, Raymond Bussières et Jean-Claude Dauphin.

Sommaire

[modifier] Analyse

Inspiré du roman Paris Vampire de Claude Klotz, le film d'Edouard Molinaro n'a jamais eu la prétention d'assurer une suite, même parodique, aux aventures du Comte Dracula telles qu'envisagées par les productions Hammer. Ni dans son apparence, ni même dans son appellation, le personnage joué par Christopher Lee ne s'y référe. Contre l'avis même de l'acteur, la production Gaumont jugea commercialement plus judicieux de sortir le film avec le titre Dracula père et fils, sous lequel, du reste, le roman sera ultérieurement réédité.

Jouant sur le même ressort comique qu'une précédente parodie de films de vampires avec Christopher Lee, Les Temps sont durs pour les vampires (1959) de Steno, où le Comte était également confronté à une partie moins noble de sa famille, Dracula père et fils opte tout bonnement pour l'affrontement filial. Dans le rôle de la triste progéniture, Bernard Menez renouvelle sa prestation de rejeton velléitaire de son précédent film, L'éducation amoureuse de Valentin (1975). Un inévitable rapport de force oedipien ne tarde d'ailleurs pas à se dessiner, quand père et fils deviennent rivaux amoureux auprès de la même jeune femme, jouée par Marie-Hélène Breillat, elle-même sosie de la mère (jouée par sa propre sœur, Catherine Breillat).

Inscrit dans un contexte géopolitique propre aux années 1970, le scénario met ses héros vampires en position de réfugiés politiques. La Roumanie, "mère-patrie" de tous les vampires selon la légende, et depuis tombée aux mains des bolcheviques, ne leur constitue plus en effet un cadre très favorable, les forçant à s'expatrier. Le film s'attarde donc sur un commentaire critique du sort réservé aux travailleurs immigrés, automatiquement assimilés à des "parasites" (d'où peut-être une symbolique à tirer justement de cette image de "vampires"). Paradoxalement, la France, réputée "terre d'accueil", se montre ici la moins hospitalière: alors que le père, accostant par hasard en Grande Bretagne, devient vedette de cinéma, le fils, débarquant sur une côte française, tombe dans la marginalité et souffre les pires humiliations. Or son manque manifeste de caractère et d'ambition pèse bien moins dans son revers de fortune qu'une conjoncture et une population globalement hostiles. Au passage, la peinture d'une communauté maghrebine défavorisée n'est pas sans partager, par moments, la noirceur d'une chronique sociale telle qu'Elise ou la vraie vie de Michel Drach (1970).

Si quelques scènes de comédie pure parsèment le film, une légère amertume domine en fait le ton d'ensemble. Le mythe du vampire, mis à mal par une ambiance contestataire et antitraditionnaliste, semble ici tourner une page, pour se fondre dans une normalité personnifiée par le fils, Ferdinand. Disgracié par sa condition de vampire, ce dernier ne trouvera son salut en effet qu'en abandonnant sa nature première pour devenir "Monsieur tout le monde".

[modifier] Critique

Désavoué par son réalisateur, qui le qualifia même de "film raté", Dracula père et fils n'est pourtant pas aussi mauvais qu'on a pu le dire.

Certes, les qualités esthétiques ne peuvent rivaliser avec le style propre aux productions Hammer (la forêt de Rambouillet ne passera jamais pour un décor transylvanien!). De même, le rythme fait irrémédiablement défaut. Toutefois, quelques remarquables scènes de comédie parviennent régulièrement à relancer l'intérêt, tel ce passage où Ferdinand tente de mordre une prostituée, ou cet autre, quand père et fils entreprennent l'achat d'un cercueil aux pompes funèbres.

Mais la qualité véritable du film reste la rencontre, assez unique, de deux écoles de cinéma, aux antipodes l'une de l'autre, et personnifiées par les comédiens Christopher Lee et Bernard Menez. En apparence incompatibles, ces deux personnalités se téléscopent à merveille dans ce qui constitue, tout de même, la plus improbable, et la plus savoureuse des confrontations.

[modifier] Autour du Film

[modifier] Fiche technique

  • Scénario : Alain Godard, Claude Klotz
  • Images : Alain Levent
  • Musique :Vladimir Cosma
  • Décors : Jacques Bufnoir
  • Costumes : Jacques Fonteray
  • Montage : Robert et Monique Isnardon
  • Son : Daniel Brisseau
  • Production : Alain Poiré

[modifier] Distribution

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