Édouard Schuré

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Édouard Schuré
Édouard Schuré

Édouard Schuré (1841-1929) est un écrivain, philosophe et musicologue français, auteur de romans, de pièces de théâtre, d'écrits historiques, poétiques, et philosophiques. Il est surtout mondialement connu pour son ouvrage Les Grands Initiés, dont le succès ne s'est jamais démenti et qui est constamment réédité dans de nombreuses langues.

Marguerite Albana, le grand amour de sa vie, le décrit ainsi :

« Il est blond, grand et beau. Ses traits sont menus et mobiles. Son front est large et blanc; le galbe de son visage est délicat et charmant. Ses yeux brillent d'une lumière chaude. Le corps est souple et fort comme celui d'une panthère dont il a parfois le mouvement onduleux. Tour à tour indolent et fougueux, doux et violent, il a la colère léonine, et le regard serein d'un ange d'amour dans ses moments d'inspiration. Toujours à l'affût des impressions, dévoré par sa passion de vivre, assoiffé d'émotions, il se laisse parfois entraîner par le délire des sens. C'est alors l'incarnation du jeune Bacchus, c'est Dionysos qui brûle en lui de toutes ses flammes et de tous ses délires. Ces états sont suivis, en lui de longs et cruels désespoirs ».

C'est ainsi un être idéaliste, romantique, passionné, qui passe par des phases d'exaltation suivies de phases de dépression.

Il dira de lui-même, comme le souligne G. Jeanclaude dans son ouvrage sur Schuré :

« Trois grandes personnalités ont agi d'une manière souveraine sur ma vie : Richard Wagner, Marguerite Albana et Rudolf Steiner. Si je pouvais sonder le mystère de ces trois personnalités et en faire la synthèse, j'aurais résolu le problème de ma vie. » (Journal, 1910).

Sommaire

[modifier] Eléments biographiques

[modifier] Jeunesse (1841-1865)

1841. Il naît le 21 janvier à Strasbourg, dans une famille protestante.

Orphelin de mère à l'âge de 5 ans et de père à l'âge de 14 ans, il vit ensuite chez son professeur d'histoire au Gymnase Jean Sturm jusque l'âge de 20 ans.

Après son baccalauréat, Édouard Schuré s'inscrit à la Faculté de Droit pour faire plaisir à son grand-père maternel qui en est le doyen ; mais cette discipline l'ennuie considérablement. Il passe la plupart de ses après-midi à la Faculté de Lettres où il sympathise avec de jeunes étudiants et artistes épris comme lui de littérature et d'art. Parmi eux, son ami musicien Victor Nessler, dont il épousera la sœur Mathilde, et l’historien Rudolf Reuss.

Tout en terminant ses études de droit, il décide de se vouer à la poésie.

1861. Il obtient cependant sa licence en droit. Il étudie les philosophes avec grand intérêt, notamment Descartes, Spinoza, Kant, Hegel, Schelling, Fichte, Schopenhauer. Intuitivement, il est attiré par les mystères antiques et lit avec passion La Symbolique de Creuzer, un livre qui contient une description détaillée des Mystères d'Eleusis, et qui fait sur lui une grande impression.

A la mort de son grand-père, il hérite suffisamment pour vivre de ses possessions et rentes et aller où bon lui semble. Il abandonne bien vite le droit.

1864. Il part voyager en Allemagne pour rassembler la documentation nécessaire à une Histoire du Lied qu'il avait déjà entreprise sous la direction d'un de ses professeurs du Gymnase, Albert Grün, un réfugié politique allemand, qui l'a initié à la littérature allemande et à la philosophie de Hegel. Alsacien, Édouard Schuré possède une double culture, ce qui lui donne un esprit ouvert, voire universel, qui s'élargira encore suite à sa rencontre avec Marguerite Albana.

[modifier] La période Wagner (1865-1876)

1865. Le 10 juin, il assiste à la première représentation de Tristan et Isolde de Wagner, à l'opéra de Münich, et fait la connaissance du compositeur. Ce dernier, âgé de 52 ans, invite le jeune poète. Ils se revoient plusieurs fois par la suite et une correspondance amicale s'établit entre eux. Schuré est profondément marqué par l'œuvre de Wagner.

1866.

  • Schuré, encore à Berlin, fréquente assidûment les salons littéraires, qui le passionnent.
  • 18 octobre. Il épouse Mathilde Nessler (1866-1922), et le couple s'établit à Paris. Schuré y publie son Histoire du Lied, ce qui l'introduit dans les milieux littéraires. Il est reçu dans les salons de la Comtesse d'Agoult, et y fait la connaissance, entre autres, de Ernest Renan, Jules Michelet, Hippolyte Taine, Jules Ferry.

1869. Schuré publie un article sur Wagner dans la Revue des Deux Mondes, qui est un événement fondateur du wagnérisme en France.

1870. La guerre franco-allemande n'interrompt pas leurs relations, malgré la virulence anti-française de Wagner. Par ses articles et ses conférences, Schuré tente cependant d'initier les Français à cette musique dont la portée est si profondément universelle.

1875. Édouard Schuré publie Histoire du Drame musical où il analyse chaque drame wagnérien. Il reçoit une chaleureuse approbation de Wagner.

1876. Il rencontre Wagner pour la dernière fois à Bayreuth, lors du premier festival ; par la suite il ne répondra plus aux invitations du Maître à venir lui rendre visite. Schuré admire l'œuvre grandiose de Wagner et son caractère universel, mais supporte de moins en moins les attaques de Wagner contre la France, son nationalisme outrancier, son chauvinisme prussien. Il écrit dans une lettre:

« Wagner, qui avec son génie colossal a tous les défauts des Allemands au centuple degré, plus les siens qui sont légion, Wagner qui est insolent comme un manant, vindicatif comme une harpie et méchant comme un démon, avait déjà tout fait pour se rendre impossible en France. »

La passion que Wagner suscita chez Schuré est très révélatrice de son âme.

Par la suite, Schuré s'intéressa passionnément au Celtisme, à propos duquel il écrira plusieurs ouvrages, dont un drame sur Vercingétorix.

[modifier] La période Maguerite Albana Mignaty (1870-1887)

(Léger retour en arrière).

1871. En décembre, il fait la connaissance de Marguerite d’Albana Mignaty, qui dirige un salon littéraire à Florence, où Édouard Schuré séjourne à l'invitation de Malwida von Meysenbug. Schuré tombe éperdument amoureux de cette Grecque originaire de Corfou ; l'idylle durera pratiquement de 1870 à la mort de Marguerite en septembre 1887. Elle est pour lui la femme inspiratrice par excellence. Le fait d'avoir été privé dans son enfance de tendresse féminine le conduit à attribuer une valeur particulièrement élevée à l'influence de la femme sur la destinée de l'homme, et il fit sien le vieux thème de l'Éternel-Féminin. Il écrit :

« Par une attraction magnétique instantanée le coup de foudre était sur nous ».
Marguerite devait sa séduction à sa grande beauté, à ses origines grecques, à son éducation anglaise, son expérience indienne, notamment dans l'ésotérisme, et à son goût pour l’art et la littérature, ainsi qu'au fait qu'elle pratique de manière courante l'anglais, l'italien et le français. Schuré a écrit environ 9000 lettres, qui se trouvent actuellement aux archives de Strasbourg, dont une grande partie lui sont adressées témoignant de leur grand amour.
Subjugué par cette femme remarquable, intuitive, dominatrice, à la personnalité aussi riche, qu'il la compare d'abord à un sphinx. Cette relation eut une grande importance sur la créativité de Schuré, qui s'en trouva décuplée. Au point que l'on peut dire que sans Marguerite Albana, Édouard Schuré n'aurait pas écrit Les Grands Initiés.

[modifier] La période Rudolf Steiner (1900-1929)

1900. Les Enfants de Lucifer, publié avec La Sœur gardienne, attire l'attention de Mademoiselle Marie de Sivers, une théosophe qui, sans connaître Schuré, propose de traduire cette œuvre en allemand. Une correspondance entre eux commence, et par son intermédiaire il fait la connaissance de Rudolf Steiner. Steiner et Marie de Sivers organiseront ultérieurement une représentation de cette pièce.

1906. Rudolf Steiner, qui est alors secrétaire général de la section allemande de la Société théosophique, vient à Paris pour donner un cycle de 18 exposés ésotériques. Il prend des notes très complètes qu'il publie à la Librairie Académique Perrin, précédées d'une importante introduction. Les cours notés par Schuré sont aussi publiés dans la revue anthroposophique La Science Spirituelle sous le titre Esquisse d'une Cosmogonie psychologique et rassemblées ultérieurement dans un livre L'ésotérisme chrétien.

1907.

  • Il devient membre de la Société théosophique.
  • Septembre. Il invite Steiner et Marie de Sivers pour un séjour chez lui à Barr. Il questionne inlassablement Steiner sur toutes sortes de sujets. À sa demande, Steiner rédige une courte esquisse autobiographique, connue sous le nom de Document de Barr.
  • Schuré accepte que son drame Les Mystères d'Eleusis soit joué au Congrès théosophique de Munich.

1909. Les Enfants de Lucifer sont joués à Munich à plusieurs reprises. Jusqu'en 1914, Schuré retournera chaque été à Munich, où il retrouvait joie et confiance et inspiration au contact de Steiner, puis rentrait à Barr plein d'enthousiasme et plein de projets.

1913. Il démissione de la Société théosophique, soutenant le point de vue de Steiner au sujet du rôle universel du Christ et l'impossibilité d'une nouvelle incarnation de ce dernier en la personne d'Alcyone, comme le soutenaient Annie Besant et Leadbeater.

1914. La guerre déclarée, s'il admire toujours Steiner, il le considère comme trop entouré d'influences pangermaniques, il démissionne de la Société anthroposophique, malgré sa profonde affection et sa vénération pour lui. Ce qu'il considère comme un acte tragique, mais nécessaire. La rupture avec celui qu'il considère comme son maître spirituel est une souffrance qui ne s'apaisera pas.

1921. Finalement, Schuré se réconcilie avec Steiner aux Semaines françaises au Goetheanum à Dornach.

1929. Il meurt à Paris le 7 avril, 4 ans après Steiner.

[modifier] Postérité

Il laisse derrière lui une œuvre importante mais qui a quelque peu sombré dans l'oubli après sa mort. Il y a toutefois un regain d'intérêt de nos jours. Par contre Les Grands Initiés, œuvre dont il a dit « Je ne laisse qu'une seule œuvre : Les Grands Initiés. Les autres sont des essais, des tentatives d'écolier », a constamment été rééditée et fut et est encore un succès mondial.

Certaines de ses œuvres ont été rééditées, notamment aux Éditions du Rocher, L'Evolution divine, du Sphinx au Christ et La Prêtresse d'Isis, en 1981, et aux Editions Novalis Le Drame sacré d'Eleusis en 1993, Les Enfants de Lucifer en 2005 ; aux Éditions Triades en 2003, Le Double, L'Ange et la Sphinge, Femmes inspiratrices, La Prêtresse d'Isis et Richard Wagner, sa Vie et son Œuvre.

[modifier] Œuvres

  • 1868. Histoire du Lied ou de la chanson populaire en Allemagne avec une centaine de trad. en vers & sept mélodies,
  • 1870. L'Alsace et les prétentions prussiennes
  • 1875. Histoire du Drame musical. I. La musique et la poésie dans leur développement historique. II. Richard Wagner, son oeuvre et son idée.
  • 1877. Les chants de la Montagne, poèmes.
  • 1879. Mélidona, roman.
  • 1884. Les grandes légendes d'Alsace.
  • 1887. Vercingétorix, drame en cinq actes[1].
  • 1889. Les Grands Initiés. Esquisse de l'histoire secrète des religions. Rama ; Krishna ; Hermès ; Moïse ; Orphée ; Pythagore ; Platon ; Jésus.
  • 1890. Le drame sacré d’Éleusis, théâtre.
  • 1893. La vie mystique, poèmes.
  • 1893. Les grandes légendes de France.
  • 1897. L'ange et la sphinge, roman.
  • 1898. Sanctuaires d'Orient. Égypte ; Grèce ; Palestine.
  • 1899. Le Double, roman.
  • 1900. La Sœur gardienne, théâtre.
  • 1900. Les enfants de Lucifer, théâtre.
  • 1902. La Roussalka, théâtre.
  • 1902. L'Ange et la Sphynge, théâtre.
  • 1904. Précurseurs et révoltés. Shelley, Nietzsche, Ada Negri, Ibsen, Maeterlinck, Wilhelmine Schröder-Devrient, Gobineau, Gustave Moreau..
  • 1905. Léonard de Vinci, théâtre.
  • 1905. Rêve élusinien à Taormina, théâtre.
  • 1907. La Prêtresse d'Isis (Légende de Pompéi), roman.
  • 1908. Femmes inspiratrices et poètes annonciateurs.
  • 1909. L'âme des temps nouveaux, poèmes.
  • 1912. L'évolution divine du sphinx au Christ.
  • 1913. La Druidesse, théâtre.
  • 1916. L'Alsace française.
  • 1920. Les Prophètes de la Renaissance. Dante ; Léonard de Vinci ; Raphaël ; Michel-Ange ; Le Corrège.
  • 1920. L'Âme celtique et le génie de la France.
  • 1921. Merlin l'enchanteur. Légende dramatique.
  • 1921. Les grandes légendes de France. Les légendes de l'Alsace ; la Grande Chartreuse ; le Mont Saint-Michel et son histoire ; les Légendes de la Bretagne et le Génie celtique.
  • 1921. Lettres à un combattant, publiées par Alphonse Roux, Librairie Académique Perrin.
  • 1925. La genèse de la tragédie.
  • 1928. Le Rêve d'une vie, autobiographie.

[modifier] Ouvrages sur Édouard Schuré

  • Alphonse Roux et Robert Veyssié, L'Œuvre d'Édouard Schuré, Librairie Académique Perrin, Paris, 1914.
  • Jean Dornis, Un celte d'Alsace, vie et pensée d'Édouard Schuré, Librairie Académique Perrin, 1923.
  • G. Jeanclaude, Édouard Schuré - Sa vie - Son œuvre, Éd. Fischbacher, Paris, 1968.
  • Alphonse Roux, In memoriam Édouard Schuré, Librairie Académique Perrin, Paris.
  • Alain Mercier, Édouard Schuré et le renouveau idéaliste en Europe, Lille 1980.

[modifier] Notes

  1. Paris, Alphonse Lemerre.

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