1930 (Chronologie de Dada et du surréalisme)

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Sommaire

[modifier] Éphéméride

[modifier] Janvier

  • Lettre d'Antonin Artaud au docteur Édouard Toulouse : « Les angoisses que j'éprouve sont dévorantes. […] Je suis de plus en plus hanté par l'idée du suicide, d'autant plus terrible que c'est pour moi la seule issue LOGIQUE. Si je n'en suis pas à la mort, moralement je suis la mort. »

[modifier] Février

  • 14 février
    Breton et Char tentent de saccager un bar de nuit du quartier Montparnasse qui s'est baptisé "Maldoror".[2] Dans la bagarre Char reçoit un coup de couteau à la cuisse. Le patron de ce bar délivrait des cartes de "vampire permanent", à Desnos notamment.

[modifier] Mars

  • 1er mars
    Robert Desnos
    « The Night of loveless nights », nouvelle version avec trois illustrations de Georges Malkine.
    « Troisième manifeste du surréalisme ».[4]
  • Camille Goemans organise une exposition entièrement consacrée aux « collages ». Louis Aragon écrit la préface du catalogue intitulée « La Peinture au défi ».[5]
  • 20 mars
    Breton, Char et Éluard quittent Paris pour les Névons (Vaucluse), propriété familiale de Char. Sur la route, en voiture, ils composent « Ralentir travaux »[6] sur le principe du cadavre exquis :
    « On entrait par une porte dérobée / il y avait un cœur sur un tableau noir », Char
    « Et un baguette de coudrier sur la table / On aurait entendu un pas de loup », Breton
    « L'amour le premier enseignait / aux amants à bien se tenir », Éluard.[7]

[modifier] Avril

[modifier] Mai

  • 5 mai
    Robert Desnos
    « Corps et biens » :
    « Le jour le jour prochain où la voix passera sur la ville
    Une mouette fantomatique m'a dit qu'elle m'aimait autant que je l'aime
    Que ce grand silence terrible était mon amour
    Que le vent qui portait la voix était la grande révolte du monde
    Et que la voix me serait favorable. »

[modifier] Juin

  • 20 juin
    André Breton
    « Second manifeste du surréalisme »,
    frontispice de Salvador Dalí[10] :
    « ... il faut de défier du culte des hommes, si grands apparemment soient-ils. Un seul à part : Lautréamont, je n'en vois pas qui n'aient laissé quelque trace équivoque de leur passage. »

[modifier] Juillet

  • Parution du premier numéro de la revue "Surréalisme au service de la révolution" (SASDLR) en remplacement de "La Révolution surréaliste".[11] Le titre de la revue est d'Aragon.

[modifier] Août

  • 19 août
    Desnos, le peintre Foujita et Youki partent pour une randonnée pédestre en Bourgogne.

[modifier] Septembre

  • Du 1er au 15 septembre
    André Breton et Paul Éluard écrivent « L'Immaculée conception »,[14]
    jeu de simulations des troubles du langage provoqués par différentes maladies mentales :
    « Si je puis successivement faire parler par ma propre bouche l'être le plus riche et l'être le plus pauvre du monde, l'aveugle et l'halluciné, l'être le plus craintif et l'être le plus menaçant, comment admettrai-je que cette voix qui est en définitive seulement la mienne, me vienne de lieux où il me faut, avec le commun des mortels, désespérer d'avoir accès ? »
  • Aragon et Sadoul partent à Kharkov (URSS), pour assister à la 2° "Conférence internationale des Écrivains révolutionnaires".[15]

[modifier] Octobre

  • Dans une « Lettre ouverte à André Breton sur les rapports du surréalisme et du Grand jeu » René Daumal répond à la tentative de Breton de réconciliation :
    « Pour une fois, vous avez devant vous des hommes qui, se tenant à l'écart de vous, vous critiquant même souvent avec sévérité, ne vont pas pour cela vous insulter à tort et à travers (Aucun des membres du groupe n'a participé au pamphlet contre Breton). Prenez garde, André Breton, de figurer plus tard dans les manuels d'histoire littéraire, alors que si nous briguions quelque honneur, ce serait d'être inscrits pour la postérité dans l'histoire des cataclysmes. »[16]
  • Benjamin Péret
    « Vie de l'assassin Foch », poème.
    Un critique du quotidien "La Liberté" réclame qu'on fusille son auteur.[17]
  • André Breton
    « La Médecine mentale devant le surréalisme »,
    article qui reprend et complète les attaques portées dans « Nadja » contre les abus de pouvoir des psychiatres.[19]

[modifier] Novembre

  • 6 novembre
    Avant leur départ d'URSS, on fait signer à Aragon et Sadoul, une résolution qui définit le surréalisme comme une « réaction des jeunes générations d'intellectuels provoquée par les contradictions du capitalisme dans la troisième phase de son développement ».[20]
  • 30 novembre
    Première du film « L'Âge d'or » de Luis Buñuel et Salvador Dalí, avec Max Ernst dans le rôle du chef des bandits et la voix du récitant est celle de Paul Éluard.[21]
    La projection au Studio 28, rue Montmartre à Paris (9° arrdt), est annoncée comme une manifestation surréaliste avec accrochage d'œuvres de Dalí, Ernst, Joan Miró, Man Ray et Yves Tanguy dans l'entrée et les couloirs du cinéma. Dans le programme vendu à cette occasion figurent, outre le scénario résumé du film, des textes de présentations de Louis Aragon, André Breton, René Crevel, Dalí, Éluard, André Thirion et Tristan Tzara.
    Dalí : « Mon idée générale en écrivant avec Buñuel le scénario de « L'Âge d'or » a été de présenter la ligne droite et pure de conduite d'un être qui poursuit l'amour à travers les ignobles idéaux humanitaires, patriotiques et autres misérables mécanismes de la réalité. »
    Thirion : « À l'époque de la "prospérité", la valeur d'usage social de « L'Âge d'or » doit s'établir par la satisfaction du besoin de destruction des opprimés et, peut-être aussi, par la flatterie des tendances masochistes des oppresseurs. »
    À l'initiative du préfet de police Jean Chiappe, la censure exige des coupes : essentiellement les scènes "anti-religieuses".[22]
  • Breton et Thirion proposent aux instances dirigeantes du parti communiste français l'idée d'une "Association des artistes et écrivains révolutionnaires" dont ils ont rédigé les statuts.[23]

[modifier] Décembre

  • 3 décembre
    La Ligue des patriotes et la Ligue anti-juive saccagent le Studio 28. Ils maculent l'écran et lacèrent les tableaux surréalistes exposés dans l'entrée dont trois Tanguy « Fraude dans un jardin », « Mottes de terre » et « L'Orage ».[24]
  • 15 décembre
    Salvador Dalí
    « La Femme visible »,[26] écrit :
    « J'espère faire comprendre que j'attache en amour un prix particulier à tout ce qui est nommé communément perversion et vice. »[27]
    Invention de l'« activité paranoïaque-critique » : processus par lequel Dalí interprète une photo, un dessin, en démonte les diverses couches superposées en s'abandonnant à une sorte de délire, qu'il théorise ensuite en « méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l'objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes. »[28]

[modifier] Cette année-là

[modifier] Œuvres

  • Jean Arp
    « Tête couverte de trois objets désagréables : une mouche, une mandoline et une paire de moustaches »,[31] bronze.
  • Max Ernst
    « Rêve d'une petite fille qui voulut entrer au Carmel », huile sur toile
  • Valentine Hugo
    « La Barque de l’amour s’est brisée contre la vie courante », huile sur toile
  • Picasso
    « Tête de femme »,
    assemblage de fer, tôle, ressort et passoire
  • Yves Tanguy
    « Légendes ni figures »,[33]
    « Palais promontoire »[34]
    « La Tour de l'Ouest », invention des coulées, technique rapidement abandonnée : « Je m'aperçus que si je projetais mon tableau tout de suite au crayon sur la toile, je n'avais plus de surprise en le peignant, et la surprise est ce qui me cause le plus de plaisir en peinture. »

[modifier] Notes et références

  1. Biro, p. 416 et Bonnet, OC 1, p. LVI
  2. Dans le quotidien "Le Soir" du 17 février, Roger Vitrac s'est vanté d'en avoir eu l'idée. Béhar, p. 252
  3. Angliviel, p.195
  4. Bonnet, OC 1, p.LVI
  5. Scheler, p.LXVI
  6. Parution le 20 avril
  7. Bonnet, OC 1, p. LVI, LXII et 763 et Scheler, p.LXVI
  8. Anne Reinbold « Chronologie de René Char », in « Œuvres complètes », Gallimard, La Pléiade, 1983, p.
  9. Scheler, p. LXVI
  10. Bonnet, OC 1, p. LXII
  11. Bonnet, OC 1, p. LVI
  12. Pastichant le titre d'un ouvrage de Benedetto Croce sur la pensée de Hegel « Ce qui est mort, ce qui est vivant de la pensée de Hegel ».
  13. Breton, OC 1, p. 1627.
  14. Parution le 24 novembre, avec une vignette et une gravure par Salvador Dalí. Bonnet, OC 1, p. LXII
  15. Scheler, p. LXVI
  16. Biro, p.117
  17. Scheler, p.LXVI
  18. Scheler, p. LXVI
  19. Bonnet, OC 1, p. LVI
  20. Scheler, p.LXVI
  21. Le découpage complet du film a été publié par "L'Avant-scène", n°27-28, 1963
  22. Biro, p.12, Clébert, p.14 et Scheler, p.LXVI
  23. Bonnet, OC 1, p.LVII
  24. Angliviel, p. 80 et 195
  25. Ce n'est qu'une copie qui est saisie. Le négatif original était conservé chez Marie-Laure et Charles de Noailles, producteurs du film. L'interdiction de projection ne sera levée qu'en 1981. Biro, p.12
  26. Scheler, p.LXVI
  27. "Beaux-Arts Magazine" n°279, septembre 2007, p. 38
  28. Citation in, Béhar, p. 267
  29. Scheler, p. LXVI
  30. "Artension" n°35, mai 2007, p. 16
  31. Pierre, p.186
  32. Breton, "SP", p.75
  33. Angliviel, p.51
  34. Breton, "SP", p.67

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