Ancien palais du Coudenberg
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Durant près de 700 ans, le Château puis, Palais du Coudenberg a été le siège du pouvoir des comtes, ducs, archiducs, rois, empereurs ou gouverneurs qui, du XIIe siècle jusqu’à sa destruction au XVIIIe siècle, ont exercé leur souveraineté sur le Duché du Brabant.
Aujourd’hui, après plusieurs années de fouilles, les vestiges archéologiques souterrains du palais ont été dégagés et peuvent être visités.
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[modifier] Historique
Vers 1100, les comtes de Louvain s’installent sur les hauteurs de Coudenberg (la colline froide) d’où ils dominent la petite cité de Bruxelles.
La ville et le château prennent de l’importance avec la création du duché de Brabant (1183), il est englobé dans le tracé de la première enceinte, dont il constitue l’une des défenses.
Ni le château ni l’enceinte fortifiée n’empêchent, en 1356, le comte Louis II de Flandre de prendre la ville, ni d’ailleurs la révolte menée par Everard t'Serclaes d’en chasser ses troupes. Après cet épisode, sous l’autorité des ducs Jeanne et Venceslas, est entreprise la construction de la seconde enceinte qui annexe à la cité les champs et les zones bâties qui ont dépassé le premier rempart. Le château ducal, qui se retrouve alors à distance des murailles, perd son rôle défensif et entame une mutation progressive en palais résidentiel. Les ducs agrandissent les appartements, y ajoutent des salles d’apparat et créent un parc.
En 1430, le Brabant est annexé à la Bourgogne, le palais se doit d’être le reflet de l’important pouvoir dont il est le siège et subit de nombreuses modifications. Philippe le Bon fait construire de nouvelles ailes au palais, embellir le parc, et surtout fait bâtir aux frais de la ville l’Aula Magna, la grande salle d’apparat du palais du Coudenberg dans laquelle, en 1465, se réunirent pour la première fois les États Généraux composés de délégués de la bourgeoisie, du clergé et de la noblesse des Pays-Bas bourguignons. S'y dérouleront au cours des siècles suivants bien des cérémonies et événements.
C’est dans cette salle qu'en 1515 Charles de Habsbourg, héritier du duché de Bourgogne et futur empereur sous le nom de Charles Quint, sera émancipé. C’est dans ce même lieu que quarante ans plus tard il abdiquera en faveur de son fils le roi Philippe II d'Espagne. Durant son règne, Charles Quint fera aménager la place des Bailles devant le palais, construire des galeries et des salles de style Renaissance et ériger la Grande chapelle de style gothique tardif en mémoire de ses parents, Philippe le Beau et Jeanne de Castille. Y était conservé le Trésor de l'Ordre de la Toison d'Or.
Au XVIIe siècle, c’est sous le règne des souverains des Pays-Bas espagnols, les archiducs Albert et Isabelle (1598-1633), qui y établissent leur cour, que le palais bénéficie des dernières améliorations importantes. Les archiducs restaurent les fastes du palais, ils transforment les bâtiments et réaménagent les appartements et les jardins. La rue qui longe l’Aula Magna et la chapelle est prolongée en direction de la collégiale des saints Michel et Gudule, future cathédrale, et prend le nom de rue Isabelle. Grands amateurs d’art, ils font venir à la cour les plus grands artistes du temps, parmi lesquels Jan Brueghel et Rubens dont les œuvres décorent le palais. Le souvenir de cette période restera pour Bruxelles celui d'une époque de paix, de prospérité et de rayonnement intellectuel et artistique sur les autre villes d'Europe.
En 1731, Bruxelles fait partie des Pays-Bas autrichiens et l’archiduchesse Marie-Élisabeth de Habsbourg, sœur de l’empereur Charles VI, en est la gouvernante. La nuit du 3 au 4 février, le feu se déclare dans ses appartements, elle y échappe de justesse. Dans la confusion, le désastre s’étend rapidement à l’ensemble du palais, le gel rend difficile l’approvisionnement en eau et les moyens de lutte contre le feu sont très insuffisants. Au matin, l’incendie a fait des victimes, le palais est en ruine et avec lui se perdent de nombreux chefs-d’œuvre ainsi qu’une bonne partie des archives. La chapelle, les écuries, la bibliothèque, la maison des pages et la vénerie sont épargnés et continuent à être occupés. De l’Aula Magna, seuls les hauts murs restent debout.
La cour est relogée ailleurs, les finances manquent pour une reconstruction. Durant plus de quarante ans, les ruines du palais qu’on appelle « la Cour brûlée » sont laissées en l’état. Ce n’est qu’en 1774, sous la régence du gouverneur Charles-Alexandre de Lorraine, que l’on décide de raser les vestiges et de réaménager le quartier. Même la chapelle sera détruite, son style gothique ne correspondant plus au goût du jour. Sur les restes de ce magnifique palais, sera construit le quartier de la place Royale, ainsi que du parc de Bruxelles qui prendra la place des anciens jardins.
[modifier] Description du Palais à son apogée (XVIIe siècle)
La vue ci-dessous, gravure de J. Van de Velde datant de 1649 et intitulée Curia Brabantiæ in celebri et populosa urbe Bruxellis, nous donne une idée de ce que représentait alors le Court de Brabant.
À gauche est représentée la place des Bailles, aménagée sous le règne de Charles Quint : la balustrade qui entoure la place publique comportait une série de piliers surmontés de statues de souverains, on dit que son souvenir aurait inspiré la conception du Petit Sablon. La place occupe l’emplacement de l’actuelle place Royale. À l’avant-plan l’ancienne église Saint-Jacques, détruite au XVIIIe siècle et reconstruite sensiblement au même emplacement, mais tournée vers la place. Des carrosses franchissent le portail qui, passant sous la tour de l'horloge du XVIIe siècle, permet d’accéder à la cour intérieure du palais.
Au fond de celle-ci, on aperçoit le grand escalier d’honneur qui mène à l’Aula Magna de Philippe le Bon, laquelle domine les autres bâtiments. D’une hauteur qu’on évalue à trente mètres, d’une longueur de quarante et d’une largeur de seize mètre trente, elle était constituée d’une seule salle surmontée d'un ou deux niveaux de comble recouverts d’une charpente couverte d’ardoise. Lors des fêtes et d'événements importants, ses murs étaient couverts de riches tapisseries.
La cour intérieure était également bordée d'un corps de logis où se trouvait les appartements princiers ainsi que diverses salles de conseils (Conseil d’État, des finances...) et de nombreuses institutions et administrations centrales des Pays-bas. Sous le règne des Archiducs Albert et Isabelle, il est rehaussé d'un étage. De nombreuses fenêtres donnaient de l’autre côté sur les jardins et le parc. Une grande galerie donnant sur les jardins est construite par la Gouvernante Marie de Hongrie, soeur de Charles Quint.
Dans le prolongement de l’Aula Magna, on aperçoit la chapelle de Charles Quint, réputée pour la beauté de ses proportions. Constituée d’une nef unique éclairée par deux étages de fenêtres, elle était construite sur la pente de la colline du Coperbeek, aujourd’hui nivelée. Pour mettre le niveau de culte au niveau de la salle d’apparat, il a été nécessaire de construire un double niveau de soubassements avec de puissants piliers (octogonaux au "-2" et ronds au "-1") destinés à soutenir les poussées de ceux de la chapelle.
Derrière la salle et la chapelle, la rue Isabelle permettait de descendre la colline en longeant les jardins et la première enceinte, allant de la place des Bailles en direction de la collégiale Saints-Michel-et-Gudule.
Au bas du Coudenberg s’étendaient les jardins, avec des pièces d’eau et des fontaines, des jeux et promenades et une réserve d’animaux de chasse.
[modifier] Les fouilles archéologiques et le site actuel
Entre 1774 et 1778, au moment de la destruction des ruines et du réaménagement du quartier, certaines parties du palais sont remblayées, comme les salles anciennement situées sous l’Aula Magna qui servaient de cuisines et d’entrepôts et le tronçon supérieur de la rue Isabelle, tandis que d’autres sont réutilisées et servent de fondations et de caves aux nouveaux bâtiments de la place Royale. C’est le cas des caves du corps de logis, du second niveau inférieur de la chapelle et du tronçon inférieur de la rue Isabelle. La partie de la rue située après la rue Terarken disparaît en 1923 dans la construction du Palais des Beaux-Arts (architecte Victor Horta).
Entre 1985 et 1987, la cellule archéologique de la Communauté flamande, sous la direction de D. Van Eenhooge et M. Celis, fouille les vestiges de l'ancien Hôtel d'Hoogstraeten, qui sont en fait les niveaux inférieurs de l'ancienne Cour des Comptes (12, pl. Royale). Au début des années 1990, les caves de l'hôtel de Grimbergen (10, pl. Royale) sont fouillées par la même équipe. On redécouvre la chapelle du palais ainsi qu'un tronçon de la rue Isabelle. De 1995 à 2000, le coin nord-ouest de la place Royale est fouillé par l'équipe de la Société royale d’archéologie de Bruxelles, sous la direction de P. Bonenfant. Ces fouilles ont permis de retrouver le plan de l’ancienne salle d’apparat et le tronçon supérieur de la rue Isabelle. Cette zone est reconnectée au reste du site archéologique. Les trottoirs de la rue Royale sont également ouverts, au niveau d'anciennes caves du corps de logis. Ces caves sont elles-mêmes complètement déblayées et reconnectées à la chapelle.
Cet ensemble a été aménagé pour en permettre la visite à partir du musée Bellevue qui occupe l’emplacement des anciens appartements princiers. Une partie des objets retrouvés lors des fouilles est présentée dans le musée du site. Des panneaux explicatifs assurent une bonne compréhension du lieu et de son histoire. Un site Internet est également à disposition du visiteur.
[modifier] Sources principales
- Palais de Charles Quint asbl
- Société Royale d'Archéologie de Bruxelles