Augustinisme politique
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La notion d'augustinisme politique a été proposée par Henri-Xavier Arquillière[1] en 1934 dans son ouvrage intitulé L'augustinisme politique, essai sur la formation des théories politiques au Moyen Age[2].
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[modifier] La thèse
Etudiant la formation des théories politiques au Moyen Âge et examinant l’élaboration d’une indéfectible alliance entre l’Église et l’État, Mgr Arquillière définit l'augustinisme politique comme une « tendance à absorber le droit naturel dans la justice surnaturelle, le droit de l'État dans celui de l'Église », une « tendance à absorber le droit naturel de l'État dans la justice surnaturelle et le droit ecclésiastique. » Cet augustinisme politique serait le prolongement naturel de l'augustinisme philosophique et théologique, issue de la pensée de saint Augustin, et caractérisé comme tendance « à effacer la séparation formelle de la nature et de la grâce », à absorber l’ordre naturel dans l’ordre surnaturel. Cependant, cet augustinisme politique ne correspondrait pas à la vraie doctrine augustinienne, mais en serait une déformation ultérieure selon H.-X. Arquillière.
Le père Henri de Lubac a fortement contesté la pertinence historique et théologique de la notion d’augustinisme politique[3]. Il estime qu’il y avait place chez Augustin pour une justice naturelle autonome, la justice surnaturelle étant essentiellement d’ordre spirituel ; il conteste aussi l’idée qu’il y ait chez Augustin une théologie politique fondant la théocratie, et que les théoriciens médiévaux de la théocratie pontificale, tels Gilles de Rome (1247-1316), aient spécialement été augustiniens (l'augustinisme est à l'époque en perte de vitesse face à la montée de l'aristotélisme).
La Cité de Dieu vue par saint Augustin n'est pas à confondre avec l'Église hic et nunc, et cette notion implique encore moins que le « glaive temporel » (pouvoir temporel) soit soumis au « glaive spirituel » (pouvoir spirituel) ou soit son instrument.
[modifier] Notes et régérences
- ↑ H.-X. Arquillière fut directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (Sorbonne) et doyen de la Faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris.
- ↑ Henri-Xavier Arquillière, L'augustinisme politique : essai sur la formation des théories politiques du Moyen-Âge, Paris, Vrin, 1934
- ↑ Henri de Lubac, « Augustinisme politique ? », in Théologies d’occasion, Paris, Desclée de Brouwer, 1984, pp. 255-308
[modifier] Bibliographie
- Henri-Xavier Arquillière, L'augustinisme politique : essai sur la formation des théories politiques du Moyen-Âge, Paris, Vrin, 1934
- Religion et politique : Les avatars de l'augustinisme, actes du colloque organisé par l'Institut Claude Longeon à l'Université Jean Monnet Saint-Etienne du 4 au 7 octobre 1995, Presses Universitaires de Saint-Etienne, 1999
- Henri de Lubac, « Augustinisme politique ? », in Théologies d’occasion, Paris, Desclée de Brouwer, 1984, pp. 255-308
- Bedouelle Guy, « Le désir de voir Jérusalem. Histoire du thème des deux cités », Communio, n. XI, 3, mai-juin 1986, p. 38-52
- Beyer de Ryke Benoît, « L'apport augustinien : Augustin et l'augustinisme politique », in A. Renaut, dir., Histoire de la philosophie politique, t. II, Naissance de la Modernité, Calmann-Lévy, Paris, 1999, 43-86
- Yves Congar, L'Église, De saint Augustin à l'époque moderne, Paris, Cerf, 1997
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- L'apport augustinien : Augustin et l'augustinisme politique par Benoît Beyer de Ryke, 1999
- Un avatar de la pensée augustinienne, l'augustinisme politique par Dominique Greiner, in Itinéraires augustiniens n° 32, juillet 2004
- Notice du livre L'augustinisme politique : essai sur la formation des théories politiques du Moyen-Âge de H.-X. Arquillière, sur le site Vrin
- Texte intégral de L'Église, De saint Augustin à l'époque moderne, par Yves Congar, Paris, Cerf, 1997. Voir pp. 90-296 et spécialement pp. 252-262 sur Papes et canonistes, théoriciens du pouvoir pontifical comme « plenitudo potestatis »