Bassin parisien
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Le bassin parisien est, au sens restreint, un bassin versant de la Seine qui entoure Paris. Au sens large, c'est une région géologique sédimentaire comprenant tout le centre-nord de la France, débordant sur la Belgique, le Luxembourg et le sud-ouest de l'Allemagne, s'étalant du Massif armoricain aux Vosges et des Ardennes au Massif central. Le bassin présente un paysage sédimentaire relativement uniforme.
Le bassin parisien constitue l'une des premières régions économiques d'Europe et l'une des principales zones d'investissements étrangers en France et en Europe. La région compte le premier centre d'affaire européen, l'un des principaux complexes aéroportuaires européens, deux ports maritimes d'importance continentale (Le Havre et Rouen), les plus occidentaux de la Manche, et deux vallées : la Seine et la Loire. Le bassin parisien reste cependant peu dense et se situe légèrement à l'ecart des grandes routes de commerce et de l'espace humainement très dense constituée par l'Allemagne rhénane, les Pays-Bas, la Belgique et le Sud-est de l'Angleterre (la mégalopole européenne).
Sommaire |
[modifier] Géographie
[modifier] Géographie physique
Le Bassin parisien est la plus grande région naturelle de France.
Il occupe le centre de la moitié nord du pays. C'est un bassin sédimentaire qui affecte la forme d'une cuvette ouverte vers la Manche et l'Atlantique : il comprend le bassin versant de la Seine ainsi que ceux de nombreux petits fleuves côtiers en Picardie et en Normandie et une partie de celui de la Loire.
Les paysages sont des plaines et des plateaux de faible hauteur. Sur le pourtour sud-est et est, vers le seuil de Bourgogne et en Champagne, l'érosion des différentes strates géologiques a formé des côtes qui sont en pente douce vers l'intérieur du bassin et beaucoup plus fortes vers l'extérieur, les cuestas (Côte d'Or, Côte des Bar). Les plateaux (Barrois, Bourgogne, Pays de Caux, Picardie, Soissonnais) attestent la présence du calcaire ou de la craie, qui résistent à l'érosion. Les surfaces y sont presque horizontales ou très peu ondulées. Les rivières découpent des vallées profondes. Les plaines (Boischot, Champagne humide, Sologne) proviennent de terrains tendres facilement déblayés ou bien de roches dures qui ont bien résisté (Champagne sèche et Valois). Les vallées représentent une grande surface (en particulier celle de la Seine et de la Loire qui forment des plaines alluviales). Dans le centre du bassin de nombreuses buttes (Montmorency, l'Isle-Adam, Mont Valérien...) signalent la présence de calcaire au dessus d'argiles ou de sables. Dans l'est, les cuestas précédées de buttes-témoins indiquent les couches de calcaires durs surplombant des couches plus tendres.
Une grande partie du réseau hydrographique converge vers le centre du bassin (région de Paris) où la subsidence s'est maintenue très longtemps. Mais une autre partie est attirée vers le sud-ouest (mer des faluns), la Loire étant détournée vers l'Atlantique(changement brutal de direction vers Orléans). Dans l'est, précocement stabilisé, les rivières (Meuse, Moselle), endiguées par les cuestas, se dirigent vers la mer du Nord.
La faiblesse des altitudes et les vastes surfaces planes favorisent la circulation sur des cours d'eau à pente faible ou sur des routes tracées sans difficultés. Aptitudes naturelles renforcées par le fait que le bassin s'ouvre facilement vers l'extérieur, par des régions d'altitude moyennes. Le Bassin parisien est séparé de la plaine Flamande par les collines de l'Artois. Il confine, à l'ouest, au Massif Armoricain. Il est séparé du Bassin Aquitain par le seuil du Poitou, est limité au sud par le Massif central et le Morvan, et communique avec la vallée de la Saône par le seuil de Bourgogne. À l'est il est limité par le massif hercynien des Vosges
[modifier] Régions et grandes villes
Administrativement, le Bassin parisien comprend l'Île-de-France, la Picardie, la Champagne-Ardenne, le Centre, la Basse-Normandie et la Haute-Normandie ainsi que deux départements, l'Yonne (région Bourgogne) et la Sarthe (région Pays de la Loire).
Les principales agglomérations sont Paris, Rouen, Le Havre, Reims, Tours, Orléans, Le Mans, Amiens et Troyes. Plus proches de Paris, on trouve un réseau de villes intermédiaires (appelées Villes avant-postes, Ville-relais ou Villes à une heure de Paris) à cheval entre la région administrative à laquelle elles appartiennent et la région parisienne vers laquelle elles regardent désormais et où leur population travaille de plus en plus souvent. C'est le cas de Beauvais, Compiègne, Soissons, Château-Thierry, Montargis, Pithiviers, Chartres, Dreux, Évreux, Vernon ou Creil plus proches de Paris, sont elles dans des situations géographiques les apparentant plus à une ville comme Meaux, déjà pleinement intégrée dans l'agglomération parisienne.
[modifier] Exploitation du sol
Le bassin parisien est une vaste région agricole. Ses faibles reliefs et son sol en Beauce, en Île-de-France et en Picardie sont favorables à la culture intensive de céréales, de betterave et de colza sur de très grandes exploitations. Vers l'ouest, en Basse-Normandie, le sol, plus argileux, favorise la pâture et l'élevage. La Haute-Normandie constitue une zone de transition entre céréales et élevage. Au sud, la Sologne, aux sols marécageux, peu propice à la culture, est couverte de forêts, exploitées pour leur bois, et abrite gibier et oiseaux sauvages, ce qui en fait une des plus grandes régions de chasse de France.
À l'est, en Champagne, les sols calcaires, perméables, associés à la géographie en côtes, est le domaine de la culture de la vigne, d'où est issu le Vin de Champagne. La culture de céréales sur de grandes exploitations très mécanisées fait de l'ancienne "Champagne pouilleuse", une grande région agricole. La vallée de la Loire, entre Beauce et Sologne, est une région de culture de la vigne et de maraîchage
[modifier] Géologie
[modifier] Description
Au sens géologique, le bassin parisien est une vaste cuvette sédimentaire aux roches d'origines marine, lacustre et lagunaire, puis fluviatile, accumulées, au centre du bassin (environs de Château-Thierry), sur 3000 mètres de profondeur sur un socle hercynien. Cette cuvette est délimitée par d'anciens massifs hercyniens (Ardennes,Hunsrück, Vosges, Morvan, Massif central et Massif Armoricain). Il communique avec le bassin aquitain par le seuil du Poitou, avec la vallée de la Saône par le seuil de Bourgogne et avec la plaine germano-polonaise par la plaine de Flandre. De façon schématique, on peut comparer le bassin à une série d'auréoles concentriques, les plus jeunes aux centre et les plus anciennes à la périphérie, dans une configuration semblable à une pile d'assiettes, les plus petites emboitées dans les plus grandes. Ces auréoles sédimentaires sont délimitées les unes des autres par des coteaux, les "cuestas", (Côtes des Bar, Côte de Champagne,...)(la tranche des assiettes).
[modifier] Formation géologique
Il repose sur un socle cristallin profondément enfoui, vraisemblablement d'origine Néoprotérozoïque, dont les roches dates de l'orogenèse cadomienne.
- Après l'érosion de la région au Cambrien, des sédiments (grès et schistes) se déposent. Au Silurien, sous l'action de la tectonique des plaques, le futur bassin parisien dérive avec le microcontinent Armorica et entre en collision avec le continent Euramérique au Dévonien. Il est alors à nouveau soulevé par l'orogenèse hercynienne qui affecte tout l'Europe centrale au Carbonifère, et plisse les sédiments antérieurs. À la fin du Carbonifère, la France entière est occupée par d'imposantes montagnes, à l'exeption de la Flandre et du Pas-de-Calais, où se déposent dans des marais des résidus végétaux rapidement ensevelis par les débris de l'érosion intense des reliefs, qui formeront les bassins houillers du Nord et de la Belgique.
- Au Permien (moins de 100 millions d'années plus tard), après l'érosion des montagnes, la région du bassin parisien s'affaisse, par réaction post-orogénique. Des fossés d'effondrement [1] ont été détectés dans le socle sous 3000 mètres de sédiments plus récents.
- Au début du Trias, la dépression ainsi créée voit se sédimenter des roches détritiques terrigènes issues de l'érosion des massifs hercyniens environnants, formant des couches de grès. Vers la fin du Trias, le bassin est recouvert par une mer tropicale peu profonde, reliée à la mer germanique à l'est et la Téthys alpine au sud, aux eaux tropicales, qui a laissé des dépots évaporitiques, la région se trouvant sous des latitudes tropicales désertiques (autour du Tropique du Cancer).
- Au Jurassique, après une période de déposition détritique, la mer recouvrant le bassin se peuple de coraux, qui laissent des dépôts carbonatés (calcaires). Dans le même temps, sous l'action conjuguée du poids des sédiments et de la fragmentation de Pangée, qui étire la croûte continentale, le bassin s'enfonce(phénomène de subsidence).
- Au Crétacé, les tensions crustales prennent fin avec l'ouverture définitive de l'Atlantique Nord, et le bassin se retrouve émergé dans sa partie nord. Le sud-est cependant régulièrement inondé par la mer. Cette période est riche en dépots sableux. Au Crétacé supérieur, la mer envahit de nouveau l'integralité du bassin et dépose d'épaisses couches de craie, formée par l'accumulation des coques (tests) calcaires d'un type de phytoplancton, les coccolithophoridés, aujourd'hui affleurant en Champagne crayeuse, en Picardie et en Haute-Normandie.
- Au Paléocène, toute la croûte continentale européenne se soulève sous la poussée de l'orogénèse alpine, au sud. Le sud du bassin parisien se retrouve émergé, tandis que sa partie orientale, le massif des Vosges, se soulève, courbant les couches sédimentaires et relevant les bords de la cuvette. Ces couches portées en altitude seront ainsi fortement exposées à l'érosion, et cette érosion donnera naissance à la formation des "cuestas", l'érosion dégageant les couches anciennes. Pendant cette époque, la mer repoussée vers le nord-ouest, dépose des calcaires coquilliers. Se retirant elle laissera place à des lagunes déposant des marnes. À la fin du Paléocène, la mer revient, dépose sables et argiles, puis se retire, suivie par les lacs qui sédimentent des calcaires.
- Au début de l'Éocène, période de transgressions et de recessions marines, la mer, venant du nord-ouest, envahit à nouveau le centre du bassin, jusqu'en Champagne à l'est et dans le sud de l'Île-de-France au sud. Sables et argiles et calcaires se déposent, dont les sables de Beauchamp. Laissant place à une lagune centrée sur Paris, elle revient pour la dernière fois pendant l'Oligocène et dépose les sables dits de Fontainebleau.
- Au Miocène, le réseau hydrographique actuel, dont la Seine, est mis en place. Le bassin est alors une vaste plaine dominant à peine le niveau de la mer.
- Au Pliocène, la région est soulevée par les forces de la tectonique: la Seine, confrontée à un pente plus forte, s'enfonce sur place, creusant dans les couches sédimentaires: c'est le début de la formations des côteaux de Seine, visibles en Haute-Normandie, qui met à jour les craies du Crétacé. L'érosion des terrains portés en altitude accélère la formation des cuestas.
- Lors des glaciations du Pléistocène, le niveau de la mer baisse. La Seine adopte une pente plus forte et continue de creuser sa vallée. C'était à l'époque un fleuve bien plus puissant qu'aujourd'hui. À la fin du Pléistocène, le lac formé par la fonte de la calotte glacière nord-européenne et situé au sud de la Mer du Nord déborde au niveau du Pas-de-Calais, et se déverse dans l'océan Atlantique, provoquant une forte érosion des couches tertiaires et Crétacées, creusant ainsi le pas de Calais et séparant le bassin parisien de l'Angleterre.
- Pendant l'Holocène qui voit la fin des glaciations, la Seine, qui retrouve un cours moins violent, dépose limons et sables pour former les îles que l'on voit aujourd'hui. Le bassin parisien se couvre d'une forêt tempérée décidue.
[modifier] Histoire
Le berceau de l'art gothique
Au Xe siècle les Capétiens, sont seigneurs en Île-de-France. Autour de leurs possessions primitives, ils vont rassembler patiemment les seigneuries de la région qui vont former le domaine royal. Le maintien de la couronne royale dans leur famille pendant 8 siècles et leur décision, au XIIIème siècle, d'implanter à Paris l'administration royale, va faire du Bassin parisien le coeur du Royaume de France. Paris, les châteaux de la Loire, Fontainebleau, Versailles en sont les symboles. La facilité du ravitaillement alimentaire (entourage de riches régions agricoles), en matériaux de construction et en énergie (carrières et transports fluviaux), vont permettre le développement de la capitale, qui devient rapidement une des plus importantes villes d'Europe. La présence d'une population aisée très nombreuse liée au pouvoir politique va développer l'artisanat (souvent de luxe) puis, au XIXème siècle, l'industrialisation de la capitale et de ses environs immédiats et stimuler l'agriculture du bassin. Cependant la forte centralisation des pouvoirs politique et économique à Paris ne va pas permettre l'émergence de villes concurentes autour de la capitale qui apparait comme un soleil entouré de minuscules planètes.
[modifier] Économie
[modifier] Une histoire d'hinterland
Le Bassin parisien constitue l'hinterland de Paris, son arrière-pays portuaire. Le Bassin parisien vit ainsi de sa proximité avec un des nœuds de l'économie mondiale. Les liens entre les différentes agglomérations ont profondément évolué à la faveur de cette intégration. Même s'ils sont encore perçus comme éminemment hiérarchiques, les relations inter-urbaines se calquent de plus en plus sur des modes d'organisation horizontaux.
À noter que le Bassin parisien constitue également l'hinterland de la Seine. La Loire étant peu navigable, les productions agricoles de tout le bassin sont ainsi encore majoritairement exportées par Rouen. Même si Le Havre ne capte qu'une faible partie des importations franciliennes et du bassin parisien au sens large, le port dépend très largement de cet espace et réciproquement.
[modifier] De la décentralisation des années 1970 à la région mondiale des années 2000
Plutôt rural et artisanal au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Bassin parisien effectue une mutation à marche forcée qui va précipiter son intégration à l'économie francilienne à partir des années 1960. La décentralisation de l'industrie francaise, décidée dans un but d'aménagement du territoire va irriguer les régions entourant la capitale. Elle va également initier une spécialisation fonctionnelle très importante à l'origine de relations très hiérarchiques entre les espaces centraux et périphériques.
La recomposition en profondeur que connaît l'économie francaise à partir des années 1980 n'épargne pas le Bassin parisien. Les années 1990 sont ainsi marquées par de nombreuses fermetures d'usines, pour beaucoup issues de la décentralisation. Mais cette période ouvre aussi une nouvelle ère dans les relations entre Paris et son hinterland économique puisque, profitant de la qualité de la main d'œuvre et de la proximité de Paris et d'un grand marché final, de très nombreux groupes internationaux viennent s'implanter dans le Bassin parisien. Cette modification de l'Économie de l'Île-de-France alimente une modification des relations entre Paris et le Bassin parisien. Des 'clusters' apparaissent ainsi en 'périphérie', entrainant le 'centre' dans leur dynamique et redéfinissant les hiérarchies supposées.