Bataille navale de Vélez-Malaga

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Bataille navale de Vélez-Malaga

Bataille de Vélez-Malaga
Informations générales
Date 24 août 1704
Lieu Méditerranée
au large de Malaga
Issue Victoire tactique française, mais défaite stratégique
Belligérants
Royaume de France Royaume de France
Empire colonial espagnol Empire espagnol
 Royaume d'Angleterre
Provinces-Unies Provinces-Unies
Commandants
Louis Alexandre de Bourbon
Villette-Mursay
De Langeron
George Rooke
Cloudesley Shovell
Gerard Callenburg
Forces en présence
50 navires de ligne
6 frégates
39 autres
(3 577 canons)
53 navires de ligne
6 frégates
15 autres
(3 614 canons)
Pertes
1585 morts
n navires endommagés
~2325 morts
n navires endommagés
Guerre de Succession d'Espagne
Carpi - Chiari - Crémone - Luzzara - Friedlingen - Vigo (navale) - Schellenberg (Donauworth) - Höchstädt (Blenheim) - Málaga - Cassano - Calcinato - Ramillies - Turin - Almanza - Toulon - Audenarde - Lille - Malplaquet - Douai - Almenara - Saragosse - Brihuega - Villaviciosa - Denain - Douai - Barcelone
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La bataille de Vélez-Málaga (ou de Málaga) eut lieu le 24 août 1704 au sud de Málaga. Ce fut la plus grande bataille navale de la guerre de Succession d'Espagne.

Sommaire

[modifier] Contexte

La bataille navale de Vélez-Malaga intervient pendant la guerre de Succession d'Espagne (1701-1714). Dans ce conflit, la France soutient le roi d'Espagne Philippe V, neveu du roi de France Louis XIV, contre les autres puissances européennes (Autriche, Angleterre, Hollande). C'est la plus grande bataille navale de ce conflit.

La prise de Gibraltar par l'amiral anglais Rooke le 4 août 1704 pose un grave problème au roi de France. Désormais, les escadres de Toulon sont coupées de l'Atlantique. Aussi, Louis XIV décide-t-il de reprendre Gibraltar aux Anglais.
Pour ce faire, il confie le commandement de la flotte à Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et Amiral de France, ce qui, au demeurant, constitue un acte unique dans l'histoire de la marine de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècle. L'entreprise française n'aboutit pas au résultat escompté (Gibraltar reste aux Anglais) mais la flotte britannique subit de lourdes pertes en hommes, ce qui entraîne la démission de l'amiral Rooke. Les vaisseaux de l'amiral Byng (le héros de Gibraltar), n'ont pas participé à l'affrontement faute de munitions. Prudemment, la flotte française se replie sur Toulon sans avoir perdu un seul bâtiment.

Gibraltar appartient encore aujourd'hui aux Britanniques ce qui occasionne de temps à autres des tensions diplomatiques entre l'Espagne et le Royaume-Uni.

[modifier] Forces en présence

On trouve, d'un côté, une flotte franco-espagnole (mais la participation espagnole se limite à la présence de galères qui ne prendront pas part au combat), et, de l'autre, une flotte anglo-hollandaise.

[modifier] Flotte française

La mobilisation des escadres du Ponant (Atlantique) et du Levant (Méditerranée) permettent à la France de réunir un total de 93 navires. L'armée navale dispose de 3 522 canons et de 24 275 hommes.

    • Avant-garde
Escadre Blanche et bleue
Nom Canons Notes
L'Eclatant 66
L'Eole 62
L'Oriflamme 62
Saint-Philippe 92
L'Heureux 72
Le Rubis 56
L'Arrogant 56
Le Marquis 56
Le Constant 68
Le Fier 90 vice amiral Villette-Mursay
    • Corps de bataille
Escadre blanche
Nom Canons Notes
L'Intrépide 84
L'Excellent 60
Le Sage 58
L'Ecueil 68
Le Magnifique 90
Le Monarque 84
Le Furieux 58
Vermandois 60
Le Parfait 74
Le Tonnant 90 LT-Gal de Coëtlogon
L'Orgueilleux 72
Le Mercure 50
Le Sérieux 60
Le Fleuron 54
Le Vainqueur 86
Le Foudroyant 104 Comte de Toulouse, amiral
Le Terrible 102
L'Entreprenant 58
Le Fortuné 54
Le Henri 66
Le Magnanime 74
Le Lys 88
Le Sceptre 84
Le Fendant 58
    • Arrière-garde
Escadre bleue
Nom Canons Notes
Le Zélande 60
Le Saint-Louis 60
L'Admirable 92
La Couronne 76
Le Cheval-Marin 44
Le Diamant 58
Le Gaillard 54
L'Invincible 68
Le Soleil Royal 102 Marquis de Langeron, Lt-Gal
Le Trident 56
Le Content 60
Le Maure 54
Le Toulon 62
Le Triomphant 92
Le Saint-Esprit 74
L'Ardent 64

En dehors de la ligne de bataille, on trouve aussi :

  • 24 galères (dont 5 espagnoles)[1],
  • 7 frégates (L'Etoile, L'Hercule, La Galatée, L'Andromède, L'Oiseau, La Méduse, La Sybille)[2],
  • 7 brûlots (L'Enflammé, Le Dangereux, La Turquoise, Le Croissant, Le Bienvenu, L'Aigle-Volant, Le Lion),
  • 2 flûtes (navires de transport).

[modifier] Flotte anglo-batave

Rooke possède 65 navires dont 53 vaisseaux et 12 autres bâtiments dont quelques galiotes à bombes, sans compter les navires hollandais. La flotte anglaise dispose de 3 614 canons et de 22 453 hommes. Mais au total, "les flottes, pour le nombre des vaisseaux, étaient à peu près égales".[3]

Sous les ordres de George Rooke.

Admiral Sir George Rooke, par M Dahl, aux environs de 1705.
Admiral Sir George Rooke, par M Dahl, aux environs de 1705.
    • Avant-garde
Escadre bleue
nom canons notes
Prince George 96 vice-amiral Leake
Newark 80
Boyne 80
Norfolk 80
Yarmouth 70
Berwick 70
Namur 96
Barfleur 96 Clodesley Shovell
Warspite 70
Oxford 70
Swiftsure 70
Lenox 70
Assurance 66
Nottingham 60
Tilbury 50
    • Corps de bataille
Escadre blanche
Nom Canons Notes
Royal Catherine 90 George Rooke
St George 96
Shrewsbury 80
Grafton 70
Nassau 70
Eagle 70
Monmouth 70
Montagu 60
Panther 50
Kent 70
Cambridge 80
Royal Oak 76
Bedford 70
Suffolk 70
Burford 70
Monk 60
Swallow[4] 50
Ranelagh 80
Somerset 80
Dorsetshire 80
Torbay 80
Essex 70
Le Ferme 70 c'est une prise française
Kingston 60
Triton 50 prise française
Centurion 50
    • Arrière-garde, anglo-hollandaise
Escadre rouge, anglo-hollandaise
Nom Canons Notes
? ? Vice amiral Callenburgh
Gelderland 72
Dordrecht 72
Albermarle 64 explosera le 27
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En dehors de la ligne de bataille, on trouve 6 frégates, 2 galiotes à bombe (HMS Star et HMS Terror), 7 brûlots.

[modifier] le combat

[modifier] Les préliminaires, 22 et 23 août.

Après la capture de Gibraltar, la flotte anglo-hollandaise est partie sur les côtes de Barbarie, pour s'y approvisionner. Le 19 août, HMS Centurion, un de ses navires éclaireurs, signale la présence des Français. Il revient vers Gibraltar pour rembarquer une partie des artilleurs et des fusiliers-marins qu'il avait débarqués pour prendre puis défendre la forteresse. Il repart alors vers l'est, louvoyant contre le vent.

La flotte française a appareillé de Toulon le 22 juillet. Le 12 août, elle est à Barcelone quand elle reçoit la nouvelle de la capture anglaise et l'ordre de reprendre Gibraltar. La flotte fait voile vers le sud. Le 21 août, elle est à Velez-Malaga pour y faire de l'eau. Le 22, vers 3 heures de l'après-midi, le comte de Toulouse est avisé de l'approche de la flotte ennemie, venant de l'est. Il n'y a pas de vent et les galères ne peuvent tirer les vaisseaux.

Le lendemain, 23 août, une légère brise d'est permet aux Français d'appareiller. Au soir les deux flottes sont toujours éloignées.

Le dimanche 24 août au matin, les adversaires sont à environ 9 milles de distance. Ils font route au sud, sous une légère brise d'est et sont formés en ligne de file qui s'étire sur près de 12 kilomètres. Les Anglais sont au vent des Français[5].

[modifier] La disposition des forces et les plans prévus

Le Comte de Toulouse
Le Comte de Toulouse
  • Les Français.
    • Le commandement.
La flotte française est sous le commandement du comte de Toulouse. Agé de 20 ans, celui-ci s'est vu adjoindre le maréchal Victor Marie d'Estrées pour compenser son inexpérience.
Les autres officiers généraux comptent parmi les meilleurs de la marine. Villette-Mursay dirige l'avant-garde; De Langeron, l'arrière-garde.
    • Ordre de bataille.
    • Plans.
  • Les Britanniques.
    • Le commandement.
    • Ordre de bataille.
    • Plans.

[modifier] Déroulement du combat.

Le combat s'engage le 24 août 1704 à 8 heures du matin. Les Anglais, placés au vent des français[6], se laissent porter vers eux pour engager le combat.

L'avant-garde française de Villette-Mursay essaie de doubler l'avant-garde britannique de Schovel, pour la prendre entre deux feux. Celle-ci augmente sa vitesse pour contrer la manœuvre. Ce faisant, se creuse un espace entre le corps de bataille et l'avant-garde britannique.

Le comte de Toulouse tente de profiter du passage pour rompre la ligne anglaise mais la manœuvre échoue. La canonnade devient générale tout au long de la ligne de bataille. Le vaisseau amiral français, Le Foudroyant, parvient à démâter le navire amiral anglais, Royal Catherine. Le Sérieux, de Champmeslin, tente par 3 fois de prendre à l'abordage le Kent, sans succès. Le hollandais Albermarle, deux-ponts de 64 canons, ne craint pas de se mesurer au Soleil Royal, trois-ponts de 102 canons.

"On n'avait pas vu de longtemps à la mer de combat plus furieux ni plus opiniâtre".[7]. Rooke écrit: "C'est une des plus dures batailes que j'ai jamais vues"[8].

Vers 16 heures, le combat s'éteint à l'avant-garde. Le Fier, de Villette-Mursay, a reçu une bombe[9] qui a détruit une partie de son arrière et de sa dunette. Le vaisseau sort de la ligne. Mais son escadre interprète mal son mouvement, croyant devoir suivre un ordre de dégagement. L'avant-garde britannique en profite pour venir au secours de l'escadre rouge.

Cependant les Britanniques ne poussent pas leur avantage et le combat au centre décroit et s'éteint vers 18-19 heures. A l'arrière-garde, le feu continue jusques vers 20 heures. Les deux flottes s'éloignent pour la nuit.

[modifier] La situation les 25 et 26 août.

Le 25, le vent est passé à l'ouest. Les deux flottes restent en vue l'une de l'autre et réparent leurs dommages. Les Britanniques ont été particulièrement malmenés car les Français ont surtout tiré "à démâter".

Le 26, le vent est repassé à l'est. Les deux flottes reviennent en vue l'une de l'autre, mais évitent de reprendre le combat. Chez les Britanniques, il ne peut en être question : ils sont quasiment à cours de munitions. Chez les Français, on discute, puis on décide que l'on a gagné puisque l'adversaire ne veut pas reprendre le combat. La flotte repart vers Toulon.

Le 27, au soulagement des Britanniques, la flotte française n'est plus en vue. Gibraltar ne sera pas inquiété. Mais Rooke sera critiqué et n'obtiendra plus de commandements.

[modifier] Bilan

La bataille de Vélez-Malaga est l'une des plus rudes des guerres maritimes de Louis XIV. Les Français ont tiré 102 886 coups de canons[10].

La France déplore 1 585 tués (34,4%) contre 2 325 pour les Anglais (50,4%) et 700 pour les Hollandais (15,2%), soit un total de 4 610 morts en 12 heures. En moyenne cela représente un mort toutes les dix minutes.

Cette bataille, livrée selon les règles théorisées, entre autres, par le Père Hoste, va devenir emblématique. D'abord parce qu'elle sera la dernier engagement majeur livré pendant près de 40 ans et qu'elle restera comme référence pour les nouvelles générations de marins. Les Britanniques y trouveront les raisons de chercher l'avantage du vent pour combattre, les Français leurs raisons de choisir le combat sous le vent. Pour les deux camps, la sacralisation de la ligne de bataille, comme seule formation capable d'assurer la victoire ou, à tout le moins, d'éviter la défaite. En ce sens, Vélez-Malaga annonce, et explique la bataille de Toulon (1744).

[modifier] Notes et Références

  1. La présence de galères aurait pu être un plus, par exemple pour remorquer les vaisseaux avariés, mais l'état de la mer, grosse, les contraindra à un rôle de spectateurs.
  2. La liste des frégates et des brûlots est celle donnée par Eugène Sue, dans son Histoire de la Marine Française, Livre X, chapitre XI, pages 434-435.
  3. Mémoires du duc de Saint-Simon, éd. La Pléiade, tome II, p.367.
  4. Pour la petite histoire, il est commandé par un capitaine nommé Haddock...
  5. La position par rapport au vent est importante. Cela conditionne les mouvements possibles des voiliers. Ainsi, être "au vent" de l'adversaire permet de choisir le moment où l'on se rapprochera pour engager le combat. L'adversaire, lui, aura des difficultés pour essayer de remonter au vent. Les Britanniques ont tendance à favoriser la recherche de cette position. Elle a cependant des inconvénients. Par exemple, un navire désemparé aura tendance à dériver vers l'ennemi; le vent va incliner le navire et cette inclination peut empêcher de se servir des canons de la batterie basse, ceux de plus fort calibre; la fumée des tirs va vers l'adversaire et va gêner le pointage. En revanche, les Français ont tendance à favoriser la position "sous le vent", considérant que les avantages (symétriques des inconvénients anglais) sont supérieurs. Le sens du vent a donc une importance qui explique certaines phases de la bataille.
  6. Ceux-ci sont donc placés entre les Britanniques et Gibraltar.
  7. Cité par Michel Vergé-Franceschi dans Philippe de Villette-Mursay, Mes campagnes de mer sous Louis XIV, Paris, Tallandier, 1991, p.452.
  8. Ibid.
  9. Donc lancée par un mortier de l'une des 2 galiotes britanniques. Il y a peu d'exemples de combat d'escadre où des galiotes à bombes aient été engagées. De surcroît, elles sont plutôt prévues pour tirer contre des cibles terrestres, le pointage se faisant en orientant le navire et la distance de tir en faisant varier la charge de poudre. Ce coup au but est donc particulièrement heureux.
  10. Cité par Michel Vergé-Franceschi, op.cit., 1991, p.452.

[modifier] Sources

  • A. Chabaud-Arnault, Etudes historiques sur la marine militaire de France, in Revue Maritime et Coloniale, 1890, tome 106, pages 400 et suivantes.
  • Philippe de Villette-Mursay, Mes campagnes de mer sous Louis XIV, Notes et introduction de Michel Vergé-Franceschi, Paris, Tallandier, 1991.
  • Vergé-Franceschi (Michel), Chronique maritime de la France d'Ancien Régime (1492-1792), Paris, Sedes, 1998.
  • H.E.Jenkins, Histoire de la marine française, 1977, Albin-Michel, (ISBN 2-226-00541-2)
  • JC Castex, Dictionnaire des batailles navales franco-anglaises, 2004, Presses de l'Université Laval, (ISBN 2-7637-8061-X)
  • (en) B&T Tunstall, Nicholas (ed.), Naval Warfare in the Age of Sail. The Evolution of Fighting Tactics, 1650-1815. Londres, 1990, (ISBN 0785814264).
  • M. Dupont, É. Taillemite, Les guerres navales françaises : Du Moyen-Age à la guerre du Golfe, SPM, 1995, (ISBN 2901952216)


[modifier] Bibliographie

  • Livres
    • Philippe de Villette-Mursay, Mes campagnes de mer sous Louis XIV, Notes et introduction de Michel Vergé-Franceschi, Paris, Tallandier, 1991.
    • Vergé-Franceschi (Michel), Chronique maritime de la France d'Ancien Régime (1492-1792), Paris, Sedes, 1998.
    • H.E.Jenkins, Histoire de la marine française, 1977, Albin-Michel, (ISBN 2-226-00541-2)
    • JC Castex, Dictionnaire des batailles navales franco-anglaises, 2004, Presses de l'Université Laval, (ISBN 2-7637-8061-X)
    • (en) B&T Tunstall, Nicholas (ed.), Naval Warfare in the Age of Sail. The Evolution of Fighting Tactics, 1650-1815. Londres, 1990, (ISBN 0785814264).
    • M. Dupont, É. Taillemite, Les guerres navales françaises : Du Moyen-Age à la guerre du Golfe, SPM, 1995, (ISBN 2901952216)
  • Article
    • A. Chabaud-Arnault, Etudes historiques sur la marine militaire de France, in Revue Maritime et Coloniale, 1890, tome 106, pages 400 et suivantes. Ce document est consultable sur le site Gallica de la BNF.

[modifier] Liens

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