Belgicisme

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Un belgicisme est une spécificité linguistique propre au français de Belgique. Même si le français parlé en Belgique est plus proche du français parlé en France que de celui parlé au Québec, il existe un grand nombre de belgicismes issus de termes oubliés ou inusités dans les autres pays francophones.
Il est à remarquer que certains belgicismes sont utilisés dans le nord ou l'est de la France ou en Suisse (ex. chicon ou septante) où ils ne portent plus ce nom. D'autrepart, certains belgicismes ne se rencontrent pas dans certaines parties de la Belgique francophone.

Sommaire

[modifier] Origines

La Belgique possède 3 langues nationales dont le français qui est soumis à l'influence des langues des autres régions ou pays limitrophes comme le néerlandais, l'allemand, l'anglais ou le luxembourgeois. Le français parlé en Belgique s'inspire beaucoup des langues vernaculaires de l'aire romane francophone :

Les belgicismes issus du wallon sont spécifiquement appelés wallonismes.

D'une manière générale, les habitants francophones de Belgique n'ont aucune difficulté à comprendre le français standard. Les média français, ou encore les films français, sont en effet courrament diffusés en Belgique, ce qui permet au Belges francophones d'être perméables aux francismes. Les belges francophones auront dès lors du mal à percevoir leurs propres régionalismes et ne connaissent pas les autres régionalismes français.

Exemple : un belge francophone considèrera bouteille (de gaz) et bonbonne comme des synonymes, mais n'auront pas la même définition du cornet qu'un Lorrain (=sachet).

[modifier] Taxonomie des belgicismes

On peut citer :

  • les belgicismes phonétiques qui ne diffèrent pas par l'orthographe mais par la prononciation.
    • Ainsi, dans de nombreux mots, le son /ɥi/ (ui) se prononce comme le son /wi/ (oui) en France métropolitaine (une fouite dans un des houit pouits en rouine [yn.fwɪt.dɑ̃.zœ̃.de.wɪ.pwɪ]). Si un Français signale cette différence [ɥɪ] et [wɪ] (ui/oui), un Belge ne perçoit pas (ou difficilement) la différence. Cela est sans doute dû au fait qu'il a l'oreille habituée au son bilingue. Cela ressemble à la tendance en France à ne plus différencier les sons un [œ̃] et in [ɛ̃], ce qui les pousse à ne plus distinguer des mots comme brun et brin tous deux prononcés [bʁɛ̃]. Le W se distingue clairement du V comme Wagon qui en France se prononce généralement Vagon et non Ouagon.
    • Autre particularité belge, la nette différence entre les sons finaux -ai et -ais, le premier se prononçant [e] (é) et le second [ɛ] (è). Il en résulte pour avantage que le Belge confond rarement le futur simple et le conditionnel en écrivant.
    • Certains mots avec un t final maintiennent souvent la prononciation de celui-ci, par exemple des mots tels que huit [wɪt] et vingt [vɛ̃t].
    • Les sons longs et courts sont généralement mieux distingués qu'en France métropolitaine, tant à la prononciation qu'à la compréhension, la distinction étant généralement signifiante dans les langues germaniques voisines, et ainsi dans les noms propres de lieux et de personnes qui font le quotidien des habitants.
  • les belgicismes administratifs qui sont les purs produits de l'administration belge. Ils rejoignent en cela le mécanisme d'invention de termes par l'administration québécoise ou française. On peut ainsi citer toute la série de noms de métiers féminisés en mars 1989 qui n'ont pas encore d'équivalents officiels en français de France. Les métiers spécifiques au royaume (échevin, adjoint du bourgmestre) ont pour certains une origine archaïque. De même pour les professions éducatives, dans le primaire on dit instituteur et non maître (qui a en Belgique une connotation de pouvoir comme le maître face à l'esclave ou la carte maîtresse dans un jeu de carte).
  • les belgicismes d'origine germanique comme bourgmestre qui vient du néerlandais Burgemeester pour désigner le premier magistrat d'une commune. Ou encore ring pour rocade, qui est également un belgicisme administratif, et qui permet l'utilisation d'un même mot dans les trois langues.
  • les belgicismes de sens. Certains mots n'ont pas le même sens en Belgique que dans les autres pays francophones.
    • La cassonade en Belgique est un sucre roux obtenu d'un mélange de sirop cristallisé principalement de betterave. Au Canada, il s'agit de sucre de canne brun.
    • « outre-Quiévrain » désigne la France pour les Belges et « outre-Quiévrechain » la Belgique pour les Français.

[modifier] Quelques exemples

  • Aller à la toilette : aller aux toilettes (les Belges prétendent qu'en France il faut en visiter plusieurs avant d'en trouver une propre...).
  • Astruquer : boire quelque chose de travers, et s'étouffer.
  • À tantôt : à tout à l'heure.
  • Afonner : boire d'un coup un verre (faire un à-fond) = cul-sec. « Afonne ta bière ! »
  • Au matin : ce matin.
  • Auto-scooter : Auto-tamponneuse, à la foire.
  • Avoir bon : peut être compris dans le sens "avoir une réponse correcte -> j'ai eu bon à la question" mais également un endroit ou une position dans lesquels on se plaît -> "j'avais bon dans mon lit"
  • Boiler : (prononcer "boilère" à la française) chauffe-eau.
  • Brol : des choses mélangées, amas d'affaires a priori inutiles et éparpillées.
  • Brosser un cours : sécher un cours.
  • Cailler : avoir très froid. Faire caillant, faire un froid canard.
  • Ça ne peut mal : il n'y a aucun danger. Exemple : ça ne peut mal de s'enflammer.
  • Canule : frappe puissante au football ou un mauvais joueur.
  • Carabistouilles : bêtises.
  • Carrousel : Un manège forain qui tourne simplement en rond.
  • Cervelas : agglomérat de viandes, appelé aussi "chasseur" et mangé dans les friteries.
  • Chicon : endive.
  • Chipoter : bouger des choses sans but précis ou sans réel travail de fond. « Elle chipote (dans ; à ; avec) ses cheveux quand elle s'ennuie. » ; « Elle chipote encore dans sa maison mais ne fait plus de gros travaux. »
  • Clignoteur : clignotant de voiture.
  • Cloche : avoir une cloche au pied, une ampoule, une cloque.
  • Copion : une anti-sèche.
  • Couque : à Bruxelles : brioche, pain au chocolat (couque au chocolat). La Couque de Dinant est une spécialité locale de biscuit très dur.
  • Crolle : avoir des crolles, avoir les cheveux frisés. Faire des crolles, faire des boucles.
  • Dikkenek (origine flamande) : vantard. Littéralement "gros cou".
  • Divan : canapé.
  • Douf : chaleur étouffante. « Il fait douf ici. »
  • Drache : une très grosse pluie. On dit que la drache nationale tombe très souvent le 21 juillet, jour de fête nationale en Belgique. De manière imagée, il peut également s'agir d'une tournée dans un débit de boisson (« Remet une drache ! »).
  • Écolage : apprentissage.
  • Encourir (s') : s'enfuir. « Je me suis encouru de là. »
  • Endéans : dans un laps de temps défini. « Ce document est à renvoyer endéans les deux semaines. »
  • Essui(e) : essuie-main, essuie (de) vaisselle pour essuyer les mains ou la vaisselle dans la cuisine. La serviette est celle qu'on utilise à table. L'essuie-bain ou la serviette de bain est utilisée dans la salle de bains.
  • Exemplatif : à titre exemplatif, à titre d'exemple.
  • Farde : un classeur ou une cartouche de cigarettes.
  • Fraiser : frapper, tirer.
  • Fréquenter quelqu'un : flirter avec quelqu'un.
  • Frigolite : polystyrène (à l'origine une marque déposée : Frigolith).
  • Gosette : chausson aux pommes (existe aussi aux abricots, aux cerises... ).
  • Gletter : baver en buvant un liquide. « Tu glettes toujours en buvant ta soupe ? »
  • GSM ou "G" : téléphone portable (abréviation de Global System for Mobile communications).
  • Guindaille : sortie joyeuse entre copains ou étudiants, guindailler : participer à une guindaille.
  • Gyproc : désigne les plaques de gypse (Gyproc étant une marque déposée).
  • Kicker : Baby-foot.
  • Klinge, klenge, clenche, clinche (néerlandais: klink): une poignée de porte, mais aussi un maladroit.
  • Kot (origine flamande) : 1) placard, 2) petit studio ou chambre d'étudiant, kotter avec quelqu'un, son cokoteur de préférence.
  • Latte : Règle, double décimètre.
  • Loque (à reloqueter) : serviette à poussières.
  • Mitraille : petite monnaie, « Vous pouvez m'échanger la mitraille ? »
  • Nonante : (garde la construction logique des multiples de dix latine) quatre-vingt-dix (qui est hérité de la base vingt des celtes).
  • Omnium : assurance tous-risques pour voiture.
  • Place : avoir une bonne place = avoir un bon job. Voir la place := voir la différence après un nettoyage par ex.
  • Plaquer, Plekker : coller de sueur et de saleté. « Les doigts des enfants plekkent. »
  • Ramassette : petite pelle à main pour balayette.
  • Septante : (garde la construction logique des multiples de dix latine) soixante-dix (apparu en France au XVIIe siècle ; un mélange entre base vingt et base dix ; il faudrait dire trois-vingt-dix pour "rester celte").
  • Sms : texto (pas vraiment un belgicisime, mais un import de l'anglais)
  • Souper : repas du soir. Le petit-déjeuner français est le déjeuner belge, et le déjeuner français le dîner.
  • Spéce : bizarre (abréviation de "spécial", mais avec une signification un peu différente). « Ils sont spéces, ces gens ! »
  • Stoffer (se...) : s'étouffer, faire très chaud. Stoffer vient du vieux français "estoffer". « En mangeant trop rapidement il s'est stoffé. » « Il fait stoffant ici! »...
  • Toquer à la porte : frapper à la porte.
  • Torchon : une serpillière.
  • Valves : tableau d'affichage (souvent à vitre coulissante) où l'on placarde les circulaires dans une collectivité (école, administration...).
  • Volle gaz, ou Volle petrol (emprunté au flamand) : rapidement (littéralement : plein gaz).

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens internes

wikt:

Voir « liste de belgicismes » sur le Wiktionnaire.


Variétés régionales du français

Europe : BelgiqueFranceJersey • Luxembourg • Val d'AosteSuisse

Parlers régionaux en France : Parler alsacienParler corseParler lyonnaisParler marseillaisParler méridionalParler savoyardParler stéphanois

Afrique : Cameroun • Maghreb • Côte d'Ivoire

Amérique : QuébecTerre-neuveAcadieLouisiane

Asie et Océanie : Nouvelle-Calédonie • Indochine • Liban

Autres langues

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