Chanson de geste

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La mort de Roland à Roncevaux, sujet de chanson de geste.
La mort de Roland à Roncevaux, sujet de chanson de geste.

Une chanson de geste est un récit versifié (un long poème) en décasyllabes ou, plus tardivement, en alexandrins, assonancés regroupés en laisses (longues strophes de taille variable) relatant des épopées légendaires héroïques mettant en scène les exploits guerriers de rois ou de chevaliers, remontant aux siècles antérieurs. La geste, du latin gesta, est ici à comprendre comme « action d'éclat accomplie ».

Ce type de récit apparaît à l'aube de la littérature française, vers la fin du XIe siècle (elles sont chantées entre 1050 et 1150). Les dernières ont été produites au cours du XVe siècle. Les chansons de geste sont caractéristiques de la littérature médiévale et prennent la suite des grandes épopées de l'Antiquité. Elles sont rédigées en ancien français. Elles diffèrent d'un autre grand genre littéraire médiéval : la poésie lyrique, dont la langue cette fois-ci est l'occitan.

Souvent anonyme, son auteur est un trouvère, appelé aussi troubadour, qui la destinait à être chantée et accompagnée musicalement, devant un public large, populaire ou noble.

Sommaire

[modifier] Récit épique

Charlemagne, l’empereur « à la barbe fleurie ».
Charlemagne, l’empereur « à la barbe fleurie ».

Une chanson dans les manuscrits conservés (au nombre de 90) compte de 1 000 à 20 000 vers. Ces vers sont groupés en unités de longueur variable qui portent le nom de « laisse ». Elles ne sont pas rimées (sauf exception : comme dans les deux premières parties de Raoul de Cambrai) mais simplement assonancées, comme il s'agit d'une littérature de caractère oral, la répétition du dernier son vocalique accentué suffisait et faisait office de repère poétique à l'oreille. Aussi y a-t-il dans la composition des chansons des procédés qui servent à rafraîchir la mémoire des auditeurs au cas où la récitation se prolongeait des jours de suite. Ce sont généralement des passages qui résument ce qui est déjà dit ou bien des ajouts à chaque nom propre d'une épithète caractérisant le personnage, comme par exemple, Charlemagne à la barbe fleurie, Olivier le sage, Roland le preux, Guillaume au court nez, etc.

L'acte épique par excellence est l'acte guerrier. Le récit du combat dans ses différentes étapes est presque immuable : la rencontre des faibles forces chrétiennes avec des multitudes païennes ; les assauts à la lance et à l'épée ; les exploits extraordinaires des personnages principaux ; la description plus ou moins rapide d'équipements effrayants. On remarque aussi un certain nombre de procédés stylistiques constants : utilisation du présent, alternance du dialogue avec le récit, emphase et d'autres.

Les chansons de geste conjuguent, le plus souvent, les grands thèmes épiques : héroïsme, honneur, amitié, trahison, vengeance, exaltation des liens féodaux. La Chanson de Roland en est le meilleur exemple.

[modifier] Sujets

Écrites en langue d'oïl par les premiers poètes, les trouvères, elles chantent la valeur martiale des chevaliers, héros de l'ère de Charles Martel et de Charlemagne, et leurs batailles contre les Maures. À ces légendes historiques sont ajoutées une forte touche de merveilleux : des géants, de la magie et des monstres apparaissent parmi les ennemis avec les Sarrasins. Avec le temps, les aspects historiques et militaires se sont affaiblis en faveur des aspects merveilleux.

Les thèmes des chansons de geste sont devenus notoires en tant que matière de France, qui s'oppose à la matière de Bretagne, traitant du roi Arthur et de ses chevaliers, et la matière de Rome qui mélange la mythologie grecque aux contes d'Alexandre le Grand, de Jules César, et d'autres figures de l'Antiquité présentées comme des exemples de chevalerie.

Lorsque les mœurs médiévales se sont adoucies et se sont tournées vers plus de subtilité, on a préféré à la chanson de geste les récits courtois qui en sont inspirés mais insistent plus sur les relations entre le chevalier et sa dame.

[modifier] Le héros épique

Dans les chansons de geste seule la classe féodale est mise en scène. Le héros épique est un chevalier doué d'une force surhumaine, capable d'endurer toutes sortes de souffrances physiques ou morales. Exemplaire par sa fidélité à son seigneur, il est élu pour sa perfection et représente toujours une collectivité dont l'existence est en jeu. Avec Charlemagne, par exemple, c'est la « dulce France » et le monde chrétien qui luttent et souffrent pour vaincre à la fin. Les forces divines s'ajoutent presque toujours pour le secourir. La mort est le moment le plus émouvant du récit et recèle une leçon dictée par la vision religieuse et féodale de la société : la souffrance et la mort sont nobles lorsqu'elles sont subies pour Dieu et le suzerain. Ainsi le public, qu'il soit chevaleresque ou populaire, est appelé aux grandes émotions collectives et religieuses.

Les autres personnages ont des rôles définis : ami confident, traître, ennemi, lâche, etc. Ils sont dans le récit pour souligner davantage l'héroïsme et les vertus du héros principal.

[modifier] Principales gestes

Il reste moins de cent chansons de geste. Les trouvères des XIIIe et XIVe siècles ont groupé les chansons de geste en trois grandes séries appelées des Cycles ou des Gestes. Chaque Cycle comprend des poèmes épiques qui se déroulent autour des exploits d'un même héros ou des membres de sa famille. On distingue le Cycle du roi (Charlemagne), le Cycle de Guillaume d'Orange et le Cycle de Doon de Mayence, également appelé cycle des barons révoltés.

[modifier] Le cycle de Charlemagne ou Cycle du Roi

Les sujets sont groupés autour de la famille des Pippinides, notamment autour de la biographie légendaire de Charlemagne: ainsi les chansons constituent une transposition poétique des guerres contre les Lombards, Bretons, Saxons, Sarrasins. L´esprit et les articles de foi se résument en quelques points saillants: barons serviteurs de Dieu, service féodal dû au suzerain, honneur féodal, vaillance combative, intrépidité.

[modifier] Le cycle de Guillaume de Gellone

L´esprit de cette geste est différent: fierté du lignage (parfois plus importante que la religion), indépendance de la famille, mais fidélité à Charlemagne et à ses descendants légitimes, service sans réserve, importance des figures féminins (cf. Guilbourc). Le ton en est parfois plus libre, souvent comique, les scènes de brutalité se mêlent aux scènes d´un tragique sublime (cf. la mort de Vivien).

[modifier] Le cycle de Doon de Mayence ou Cycle des barons révoltés

[modifier] Le cycle de la Croisade

[modifier] Autres gestes

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Pierre Martin, Les Motifs dans la chanson de geste. Définition et utilisation (Discours de l'épopée médiévale, I), Centre d'études médiévales et dialectales de l'Université de Lille III, 1992
  • Jean-Pierre Martin, Orson de Beauvais, chanson de geste du XIIe siècle, Paris, Honoré Champion, « Classiques Français du Moyen Age », n° 140, 2002 (ISBN 2-745-30613-8)
  • Orson de Beauvais et l'écriture épique à la fin du XIIe siècle : traditions et innovations, 480 pages, Paris, Honoré Champion, « Nouvelle bibliothèque du Moyen Age », 2005 (ISBN 2-745-31186-7)
  • Dominique Boutet, « Chevalerie et chanson de geste au XIIe : essai d'une définition sociale », dans Revue des langues romanes, 110:1, 2006, p. 35-56.

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