Choc des civilisations
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Le choc des civilisations est l'idée de base d'une théorie défendue par Samuel Huntington pour expliquer le fonctionnement de relations internationales et prédire l'avenir du monde après l'effondrement du bloc soviétique. Il s'appuie sur une description du monde par des grands ensembles culturels (les civilisations) et sur les relations qu'il y a entre eux.
Sommaire |
[modifier] Livre de Samuel Huntington
Pour le professeur Huntington, la chute du Mur de Berlin annonce le passage d'un monde caractérisé par des clivages idéologiques, entre communisme et capitalisme, ou impérialisme et anti-impérialisme, à un monde marqué par des clivages culturels. Pour appuyer cette thèse, Huntington montre que la chute des idéologies s'est accompagnée d'une résurgence des sentiments identitaires, que ce soit dans le monde musulman, avec le réveil de l'islam radical, qu'en Asie ou dans les pays d'Europe orientale, qui ont fait leur révolution au nom de leur nation et de leur culture, comme en Pologne.
Le deuxième temps de la thèse du grand seigneur d'Huntington consiste à avancer que ce réveil identitaire ne s'affirme plus par le biais des nations, comme au XIXe et au XXe siècle, ni des ethnies, mais à l'échelle civilisationnelle, du fait de la mondialisation des échanges. Or, pour Huntington, les civilisations ont toutes pour origine une grande religion, qui en a formé le socle moral et politique.
[modifier] Les arguments
- Les premiers arguments visibles du livre sont des faits d'actualité
- comme en 1984 où des musulmans de la future Bosnie défilent à Sarajevo en brandissant des drapeaux non pas de la démocratie ou de l'Occident, mais de l'Arabie saoudite et de la Turquie, à savoir les drapeaux de l'Islam[1]. D'autres exemples semblables sont illustrés dans le livre.
- D'autres arguments rappellent les analyses historiques
- comme celui de Fernand Braudel qui rappelle que modernisation ne signifie pas forcément occidentalisation et encore moins un rapprochement et que la Chine des Mings était infiniment plus proche de la France des Valois que ne l'était la Chine de Mao par rapport à la France de De Gaulle.
- Samuel Huntington critique par ailleurs l'idée d'une Civilisation Universelle
- Pour lui, la Civilisation Universelle qu'il appelle la Civilisation de Davos, celle qui rassemble des hommes du monde entier partageant les mêmes valeurs (Démocratie, droits de l'homme, liberté économique et libéralisme), ne représente qu'une infime part de la population mondiale, ce qui est insuffisant pour donner une civilisation universelle homogène.
- Des Etats partageant les mêmes valeurs (religion, philosophie, moeurs) collaborent de plus en plus en eux.
- En proportion, de plus en plus de guerres ont désormais un caractère ethnique.
[modifier] Les civilisations selon Huntington
Dans son livre, Huntington décrit les civilisations suivantes :
- la chrétienté occidentale (Europe de l'Ouest, États-Unis, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), fondée sur le christianisme catholique et protestant ;
- la civilisation orthodoxe (Russie, Ukraine, Balkans orientaux, Grèce...), fondée sur le christianisme orthodoxe ;
- la civilisation latino-américaine (du Río Grande à la Terre de Feu), fondée sur le catholicisme et les structures politiques latino-américaines corporatistes héritées de la colonisation ;
- la civilisation africaine (sans l'Afrique du Nord et la Corne de l'Afrique), civilisation pour laquelle Huntington reconnaît qu'il n'y a pas de religion dominante, mais plutôt un ensemble de pratiques animistes ;
- la civilisation islamique (du Sénégal à la Nouvelle-Guinée), fondée sur la religion musulmane ;
- la civilisation hindoue (centrée sur l'Inde, le Sri Lanka et la diaspora indienne), fondée sur la religion hindouiste ;
- la civilisation chinoise (Chine, Corée et Viêt Nam, mais aussi les Philippines inclus) ;
- la civilisation japonaise.
Remarques : Huntington précise qu'on ne peut pas parler de civilisation bouddhiste ou juive. Le bouddhisme est une grande religion mais l'extinction du bouddhisme en Inde et sa capacité à se fondre dans des modèles préexistants ne permettent pas d'en faire le socle d'une grande civilisation. En ce qui concerne la religion juive, sa faiblesse démographique est antinomique avec la définition même de civilisation et l'identification subjective des juifs est complexe : de nombreux juifs de la diaspora se reconnaissent comme juifs mais pas comme israéliens et se réclament donc de fait comme membres de leur civilisation de rattachement.
Les conflits civilisationnels peuvent selon Huntington se manifester de plusieurs manières :
- entre deux civilisations sur leur frontière : cas de l'Islam au contact des autres civilisations (Bosnie-Herzégovine, Cachemire, Nigéria...) ;
- entre civilisations du fait de la domination de l'Occident : les autres civilisations cherchent à s'affirmer face à un Occident dominateur ;
- à l'intérieur d'une civilisation : lutte de pouvoir pour le contrôle d'une civilisation, comme la lutte entre islamistes et réformateurs dans le monde islamique ;
- lutte à l'intérieur d'un pays : cas d'un pays déchiré entre plusieurs civilisations (Huntington cite la Turquie, le Mexique, la Russie et l'Australie).
[modifier] Critiques
Cette théorie est contestée dans les milieux intellectuels et universitaires nord-américain.
Elle constitue un tenant de la base idéologique de la guerre contre le terrorisme[2]. Parmi les détracteurs de M. Huntington et de sa thèse géopolitique figurent Naipaul, auquel se joint Edward Saïd dans l'introduction à la nouvelle édition de son ouvrage L'Orientalisme ; ils s'inscrivent en faux par rapport à cette définition des rapports du Monde.
1) Critiques d’ordre géopolitique
La thèse d’Huntington offre un axe de lecture tentant mais réducteur et simplificateur du monde d’aujourd’hui. En effet, le découpage des aires civilisationnelles est arbitraire et l’auteur lui-même reconnaît quelquefois la faiblesse de certains choix, comme l’incertitude de l’existence d’une civilisation sub-saharienne. Quant à la civilisation musulmane, elle masque l’extrême complexité des différentes tendances de la religion et les éventuels conflits internes.
Par cette grille sont ignorés la présence de conflits au sein même de ce qu’il appelle les civilisations, tels les affrontements interethniques (Bosnie, Rwanda), avec les cultures « en guerre contre elles-mêmes » (Yvon Le Bot), mais aussi les conflits de territoire comme celui du Cachemire entre l’Inde et le Pakistan, ou encore l’enjeu du pétrole au Moyen-Orient.
Ensuite, outre le manque de pertinence du critère géographique pour le tracé pour le moins approximatif de ces aires, le choix du facteur de la religion comme facteur déterminant occulte complètement d’autres variables géopolitiques (D Cohen pour la comparaison de pays voisins), économiques, … La thèse est en effet particulièrement contredite par le libéralisme économique contemporain et capitaliste par la voix de la mondialisation, qui montre que chaque aire considérée échange avec les autres et tend à s’uniformiser avec le reste du monde. L’ASEAN seule montre le recoupage de plusieurs aires d’une zone de libre-échange. Abdelwaheb Meddeb, auteur de La maladie de l'Islam, s’oppose à une telle conception en montrant comment le fondamentalisme n’est pas spécifique à une religion mais touche bien toutes, notamment à cause justement des rapports et des échanges avec les autres cultures.
2) Critiques d'ordre anthropologique
Pour Huntington, une civilisation est valable par sa définition essentialiste. En effet, chacune aurait son identité propre et serait comme un bloc revanchard, cohérent, anhistorique et intègre. Or en réalité les civilisations se caractérisent par leur capacité à s’ouvrir à l’extérieur et à échanger avec d’autres pour apporter et recevoir.
Cette interprétation du monde actuel peut être dangereuse, car pouvant légitimer des politiques qui ont tendance à lui conférer une réalité : c’est la dérive des prophéties auto-réalisatrices.
Il ne tient pas compte non plus du métissage possible entre les cultures et il considère même que certaines civilisations ne seraient pas en capacité de pouvoir se moderniser. Or cette conception est assez égocentrée sur une conception occidentale du progrès.
[modifier] Remarques
L'un des premiers ouvrages maîtres sur les questions des identités et des civilisations a été celui de l'historien français Fernand Braudel (Grammaire des civilisations, 1987). Samuel Huntington s'appuie fortement sur l'œuvre de Braudel, cité à de nombreuses reprises.
[modifier] Notes
- ↑ Samuel Huntington, Le Choc des Civilisations, Odile Jacob, Paris, 2007, p 15
- ↑ « Depuis le 11 septembre, l’un de ces monstres est invoqué d’un studio de télévision à l’autre par ceux qui dénoncent la menace que représentent ces barbares pour notre civilisation capitaliste mondiale. » Tariq Ali, « Au nom du "choc des civilisations" », Le Monde Diplomatique, octobre 2001.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Fin de l'histoire, une théorie qui lui fut opposée dans les années 1990.
- Civilisation universelle
- Concert des nations : définition géopolitique issue du XIXe siècle
- Terme repris et développé dans Manhattan-Kaboul
- Culture