Concile cadavérique
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Le concile cadavérique (en latin Synodus Horrenda) s'est tenu en janvier 897 à Rome sous la présidence du pape Étienne VI dans le but de juger à titre posthume le pape Formose.
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[modifier] Les origines : la querelle entre Spolétains et Formosiens
Après la mort du pape Jean VIII en 882, et l'effondrement de l'empire carolingien, l'aristocratie romaine cherche à contrôler la papauté. L'empereur Charles III le Gros ne parvient pas à intervenir dans l'élection des papes. Si bien que les royaumes d'Occident choisissent eux-mêmes les successeurs au trône de Pierre. En Italie, malgré sa préférence pour Arnulf de Carinthie, bâtard de Carloman, le pape Étienne V est contraint par l'aristocratie italienne de couronner Guy de Spolète, empereur d'Italie.
À la mort de Guy en 894, le pape Formose, qui a succédé à Étienne V, doit couronner le fils de Guy empereur, Lambert de Spolète. Mais lorsque celui-ci meurt en 896, Formose, rompt l'alliance de la papauté avec les Spolètes et couronne Arnulf de Carinthie. Il se libère ainsi de la tutelle de l'aristocratie romaine. Les Spolétains quittent Rome. Cependant, à la mort de Formose en 897, les Spolétains reviennent à Rome, décidés à se venger et obligent Étienne VI qui vient de succéder à Boniface VI, éphémère successeur de Formose, à organiser un jugement posthume, que l'on a appelé le concile cadavérique.
[modifier] Le déroulement du concile
Les actes du procès ayant disparu, nous ne connaissons pas exactement son déroulement, certains aspects relèvent de faits réels et d'autres de légendes. En effet, si la réalité de l'événement n'est pas remise en cause, une importante littérature formosienne postérieure en a sans doute noirci les traits. Seuls les faits à peu près avérés sont ici rapportés.
Le cadavre desséché de l'ancien pape Formose est exhumé, son linceul est remplacé par les habits pontificaux et il est installé sur son ancien siège papal afin d'être jugé par le concile (qui est en réalité un synode) composé essentiellement d'évêques italiens. Formose est accusé de ne pas avoir tenu compte de son excommunication alors qu'il était cardinal-évêque de Porto, et d'avoir par ambition rompu le serment qu'il avait prêté de ne plus briguer de charges ecclésiastiques. Le cadavre se voit attribuer un diacre pour avocat, ce dernier répondant aux questions à sa place. Formose est ainsi jugé, condamné et dépouillé de ses insignes pontificaux, privé des doigts de la main droite qui lui avaient servi à bénir. Son élection comme pape est déclarée invalide et tous ses actes pontificaux sont annulés. Son cadavre est livré au peuple de Rome qui le jette dans le Tibre.
- « Une cérémonie abominable suivit, où le mort fut dégradé, dépouillé des vêtements pontificaux auxquels collaient les chairs putréfiées, jusqu'au cilice que portait ce rude ascète ; les doigts de sa dextre [main droite] furent coupés, ces doigts indignes [selon ses juges], qui avaient béni le peuple. »
- Daniel-Rops, L’Église des temps barbares, p. 572.
[modifier] Les émeutes
Formose a laissé un bon souvenir à Rome et le peuple de Rome accepte mal la fin tragique du cadavre. Des émeutes éclatent et Étienne VI est déposé. Il finira étranglé dans sa cellule en prison. Par miracle, le corps de Formose aurait été rejeté par le Tibre.
Les successeurs d'Étienne VI le réhabilitent et le corps repêché est inhumé dans la basilique Saint-Pierre. La légende veut que, sur le passage du corps, les statues des saints se soient inclinées pour le saluer.
[modifier] Prolongements
Cependant la querelle entre Spolétains et Formosiens se prolonge bien après la mort d'Étienne VI. Aucun de ses successeurs ne parvient à apaiser les troubles. Léon V est jeté en prison et assassiné (903) par l'antipape Christophore. Or ce dernier qui s'appuie sur les Formosiens est à son tour renversé (904) par Serge III qui s'appuie sur les Spolétains. La lutte contre les Formosiens reprend, un concile casse à nouveau les ordinations de Formose. Désormais les familles aristocratiques romaines contrôlent la papauté. La pornocratie commence.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Sources et bibliographie
- Daniel-Rops, L’Église des temps barbares, Paris, Fayard, 1956 ;
- Yves-Marie Hilaire (s. dir.), Histoire de la papauté , Tallandier, Paris, 1996.
- Philippe Levillain (s. dir.), Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, 2003 ;
- Pierre Riché, « La chrétienté occidentale » (du Xe siècle au milieu du XIe siècle) dans Histoire du christianisme, t. 4 Évêques, moines et empereurs), Desclée, 1993.