Concordat de Worms

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Le concordat de Worms est l'accord qui met fin à la Querelle des Investitures en 1122, conflit qui opposait le pape à l'empereur allemand depuis 1075. L'original de l'acte de l'empereur Henri V est conservé aujourd'hui aux archives du Vatican.


Sommaire

[modifier] Contexte

Alors que le deux partis sont las du conflit, le nouveau pape Calixte II entame, en 1119, des négociations avec l'empereur qui n'aboutissent pas. Alors que l'armée impériale et les rebelles venus de Saxe sont prêts à s'affronter, les princes allemands, réunis à l'initiative de l'archevêque de Trèves, enjoignent à Henri V de se soumettre au pape si celui-ci préserve "l'honneur de l'Empire"[1]. Un an de difficiles négociations commencent. Lambert d'Ostie, légat du pape Calixte II, sait ménager l'empereur. Henri V, excommunié, est absous sans faire acte de pénitence[2]. Un accord est trouvé en 1122. Cet accord met fin à la Querelle des investitures et sonne le glas du césaropapisme en Occident[3]. Toutefois, dans les faits, il est difficilement applicable.

[modifier] Contenu

En signant le concordat de Worms, l'empereur renonce à l'investiture par la crosse et l'anneau. Il accepte la libre élection des évêques par le chapitre de la cathédrale. En cas de conflit lors de cette désignation, il peut arbitrer en faveur du candidat le plus digne. Il donne ensuite, avant le sacre en Allemagne et après hors d'Allemagne, l'investiture temporelle sous la forme d'un sceptre pour les biens fonciers et les fonctions régaliennes de l'évêque. Ce dernier a l'obligation de s'acquitter des tâches que lui imposent les terres concédées par l'empereur[4]. Mais ce droit de regard sur l'élection épiscopale ne s'exerce pas que sur les possessions allemandes de l'empereur. Il perd donc son influence sur la nomination des évêques en Bourgogne et en Italie. Or dans cette dernière région, les évêques étaient les plus fidèles soutiens de l'empereur et de gros pourvoyeurs de fonds pour le trésor impérial[5].

L'empereur restitue aussi à l'Eglise les biens et les régales temporelles, c'est à dire le droit de percevoir les revenus d'un siège épiscopal vacant, et spirituelles, soit le droit de nommer aux bénéfices et aux prébendes en dépendant. Il garantit en outre paix et assistance à l'Eglise.

[modifier] texte original

Au nom de la sainte et indivise Trinité. Moi, Henri, par la grâce de Dieu auguste empereur des Romains, avec la force de l'amour que je nourris envers Dieu, la Sainte Eglise Romaine et le Pape Callixte et pour le Salut de mon âme concédée à Dieu, à ses saints apôtres Pierre et Paul et à la Sainte Eglise Catholique toutes les investitures au moyen de l'anneau et du bâton; je concède en outre que dans toutes les églises, qui se trouvent sous mon empire ou sous mon règne, puissent avoir lieu des élections canoniques et des consécrations libres. Je restitue à la sainte Eglise Romaine les possessions et les droits du Bienheureux Pierre, qui depuis le début de cette discorde jusqu'à aujourd'hui, c'est-à-dire depuis le temps de mon père jusqu'à moi, lui furent soustraits, et que je possède encore aujourd'hui; ceux au contraire qui ne sont plus en ma possession, je ferai en sorte qu'ils lui soient restitués. Je restituerai en outre sur le conseil de mes princes ou par sens de la justice les possessions de toutes les autres églises, des princes et de tous les autres, clercs ou laïcs, qui dans cette opposition furent perdues et qui sont encore aujourd'hui en ma possession; celles qui en revanche ne sont plus en ma possession je ferai en sorte qu'elles lui soient restituées. Je concède en outre une vrai paix au pape Callixte, à la Sainte Eglise Romaine et à tous ceux qui militent ou ont milité de leur côté; je servirai en outre fidèlement la Sainte Eglise Romaine dans les circonstances dans lesquelles mon aide sera demandée et dans celles dans lesquelles une question me sera posée, je rendrai la justice voulue.Tout cela a été mis en acte avec le consentement et après le conseil des princes, dont les noms suivent: Adalbert, archevêque de Magonze, F. archevêque de Cologne, H. évêque de Ratisbonne, O. évêque de Bamberga, B. évêque de Spira, H. d'Augsbourg, G. d'Utrecht, Ö. de Costanza, E. abbé de Fulda, Henri duc, Frédéric duc, S. duc, Pertolfe duc, Théopold marquis, Engelbert marquis, Godeffroi comte du palais, Otton comte du palais, Bérenger comte.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Francis Rapp, le Saint Empire romain germanique, Tallandier, 2000 p 148
  2. Anne Ben Khemis, Henri V, empereur germanique, Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
  3. Jean Chélini,Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Hachette, 1991, p 293
  4. Francis Rapp, p 149
  5. Joseph Rovan, Histoire de l'Allemagne, Seuil, 1994, p 126

[modifier] Bibliographie

  • Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Hachette, 1991. (ISBN 2012790747)
  • Yves Congar, L'Église de Saint Augustin à l'époque moderne, Le Cerf, 1997. (ISBN 2-204-05470-4) disponible sur [1]
  • Sous la direction de A Fliche et V Martin, Histoire de l'Église, des origines jusqu'à nous jours, Bloud & Gay :
    • Auguste Fliche, La réforme grégorienne et la reconquête chrétienne, 1934.
  • Sous la direction de J.-M. Mayeur, Charles et Luce Pietri, André Vauchez, M. Venard, Histoire du christianisme, Tome 5, Desclée, 1991-2001 (ISBN 2-7189-0573-5)
  • Francis Rapp, Le Saint-Empire romain germanique, d'Othon le Grand à Charles Quint, Point Histoire, Seuil, 2003, (ISBN 2020555271)
  • Joseph Rovan, Histoire de l'Allemagne, Seuil, 1994, (ISBN 2020351366)

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