Crise économique asiatique

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La crise économique asiatique est une crise économique qui a touché les pays de l’Asie du Sud-Est à partir de juillet 1997, puis qui s’est propagée, avec un moindre ampleur, à d’autres pays émergents : Russie, Argentine, Brésil.

Le surinvestissement et des niveaux de dette extérieure très élevés sont les causes sous-jacentes de cette crise, qui a débuté sous la forme d’une crise monétaire (forte dépréciation des monnaies asiatiques).

La crise est initiée par la chute du baht thaïlandais, et se propage à très grande vitesse ; la dépréciation des monnaies touche l'Asie du Sud-Est et tout particulièrement Taïwan dont la monnaie est dépréciée de plus de 45 % par rapport au dollar en l'espace de trois semaines.

Sommaire

[modifier] Une crise que personne n’avait vu venir[réf. nécessaire]

Un rapport de la BM (Banque mondiale) estimait en mai 1997 que l’Asie du Sud Est entretenait une croissance saine et forte (9% sur les 10 dernières années), et avait divisé par trois son taux de pauvreté en 30 ans (cas marquant de l’Indonésie).[réf. nécessaire]

[modifier] Une tempête monétaire

Débutant en Thaïlande le 2 juillet 1997, lorsque les autorités thaïlandaises décident de laisser flotter le baht qui se déprécie fortement, la perte de confiance dans les monnaies asiatiques s'étend et entraîne la dépréciation de la roupie indonésienne, le ringgit malais et le peso philippin. À l'automne, la crise s'est étendue à la Corée, Taïwan, Singapour et Hong Kong. La situation financière des banques et des entreprises locales, qui étaient fortement endettées à court terme en dollars et en yens, s'est détériorée rapidement.

L'insolvabilité d'un grand nombre d'entre elles ainsi que la fuite des capitaux ont entraîné un collapsus du crédit et de l'activité économique entre la fin de l'année 1997 et le début de l'année 1998, empêchant les pays concernés d'exploiter les avantages de compétitivité procurés par la dépréciation de leur monnaie.

L’éclatement de la bulle financière en Thaïlande provoque une chute de la bourse début 97. Le déficit de la BPC (Balance des paiements courants) (8%PIB) et la dette externe croissante (endettement à court terme) du pays font fuir les investisseurs et acteurs financiers de plus en plus méfiants. La forte présence de capitaux a aussi entretenu l’inflation, alors que le bath et le dollar restaient liés (peg), le bath devenant donc surévalué. Face à la fuite des capitaux et aux ventes de baths, les autorités vont tenter de défendre leur monnaie ( 23Mds$ épuisés par la Banque Centrale Thaïlandaise), mais en Juillet, cette dernière décide de laisser flotter sa monnaie. La défiance des spéculateurs se reporte alors sur les autres monnaies de la zone (peso philippin, ringgit malais, roupie indo) et les capitaux fuient le continent (« fly to security »).

[modifier] La crise se transmet aux bourses

Les flottements des monnaies laissent alors penser à leur dévaluation ou dépréciation rapide, les investisseurs récupèrent donc leurs actifs libellés en ces mêmes monnaies devenues trop volatiles.

Évolution des indices boursiers et des taux de change des devises (par rapport à quelle monnaie ?) de janvier 1997 à octobre 1997[réf. nécessaire]
Malaisie Indonésie Thaïlande Philippines
Monnaie 25% 50% 43% 27%
Indice boursier 35% 18% 36% 36%

[modifier] La crise s’approfondit fin 1997

Après les Tigres, la crise s’étend aux Dragons (Hong Kong, Corée du Sud), le won perdra 50% face au dollar au mois de novembre. Fin 1997, 12 pays émergents sont touchés (Tigres, Dragons, Brésil, Argentine, Inde). On observe une accalmie début 98, puis un redémarrage. L’Indonésie s’enfonce sous Suharto qui mène une politique incohérente (hausse du déficit budgétaire (32%) pendant la politique d’austérité du FMI (aide de 40Mds $)). La crise devient politique et Suharto doit démissionner. Au printemps, la crise passe de la sphère financière à la sphère de l’économie réelle. L’effondrement monétaire et financier réduit considérablement le pouvoir d’achat des populations qui n’ont plus accès au crédit (manque de liquidités des banques, taux d’intérêts élevés).

Durant l’été, la contagion internationale se confirme, le risque est systémique, et aboutit au krach russe : le rouble se déprécie fortement, les prix à la consommation pourtant maitrisés en 1997 (11 %) explosent à 80 % l’année suivante. La crise est aussi politique et le remboursement de la dette externe du pays se fait par l’émission de GKO (bons du Trésor russe), dont le service occupera 35 % des dépenses budgétaires (l’État se mettra en cessation de paiement en 1998), budget en outre affaibli par la difficile collecte des impôts… Les économies asiatiques alimentant fortement la demande mondiale en biens d’équipements mais aussi en matières premières (hydrocarbures), la crise de 1997 provoque logiquement une baisse de la demande mondiale et donc une chute du cours des matières premières et des hydrocarbures…La crise devient mondiale. Si les bourses du monde entier vont subir le contrecoup de la crise, il n’est pas pour autant évident qu’elle ait eu un impact sur l’économie réelle des Puissances industrielles. La chute des exportations est certes touchée par la diminution des importations asiatiques, le commerce international ne croît que de 3,8 % entre 1997 et 1998 (10% sur l’année précédente), mais ce ralentissement est de courte durée. Avant tout, les grandes puissances industrielles se sont appuyées sur leur demande interne et des pays comme la France vont enregistrer des taux de croissance de l’ordre de 3,2 % en 1998. En outre, la dévaluation des monnaies asiatiques entraine la dépréciation des actifs de ces pays, et offre donc des opportunités de rachats d’entreprises pour les puissances industrielles à monnaie forte. Finalement, le monde occidental craignait un déferlement des exportations asiatiques sur leurs marchés (du fait de la dévaluation des monnaies de la zone, les exportations asiatiques gagnaient en compétitivité). La réalité a démontré le contraire, les exportations des dragons et tigres n’augmentant guère, du fait de la faiblesse de l’investissement due à l’assèchement des liquidités disponibles dans ces pays (« credit crunch » dû à la fuite des capitaux), ne permettant pas une hausse de la production. L’impact de la crise asiatique sur le monde demeure donc tout relatif.

[modifier] Les pays asiatiques dans la crise

[modifier] L’émergence de la zone est tardive mais rapide

La situation des années 1950 n’est guère florissante à part pour le Japon. La décennie suivante voit les dragons se développer, puis les Tigres dans les 1970, la Chine en 1980, le Vietnam et l’Inde dans les 90’. Les stratégies de développement sont souvent les mêmes. Les pays pratiquent un modèle ISI (Industrialisation par Substitution des Importations), protecteurs pour les industries naissantes, et une fois compétitifs, s’entravertissent (modèle IPE= promotion des exportations), tout en effectuant une remontée de gamme dans leur production. La Banque mondiale a jugé en 1993 les politiques asiatiques vertueuses, encourageant à l’épargne (crédit à la consommation, taux d’intérêts élevés pour éviter l’inflation, non sacrifice de l’agriculture (l’Indonésie réinvestit sa rente pétrolière dans la modernisation de son agriculture et se rapproche de l’autosuffisance alimentaire) effort de formation de la main d’œuvre (88% de la population coréenne passée par le cycle secondaire)).

[modifier] Les Dragons résistent mieux à la crise

[modifier] La Corée a fondé son développement industriel sur les grands conglomérats

Le capitalisme privé est étroitement lié à l’État. Les banques bien que privées sont ainsi sous tutelle. L’industrie coréenne repose sur de grands conglomérats (Chaebols) qui ne recherchent pas le profit mais la conquête de parts de marché. Les résultats ont souvent été exceptionnels (hausse des capacités de production dans la sidérurgie, l’automobile, la construction navale et les composants électroniques). Toutefois, les années 80’ sont synonymes de perte de compétitivité (hausse des salaires, appréciation du Won/$). L’IPE jusqu’alors justifiée par l’étroitesse du marché trouve ses limites, les exportations diminuent aves des importations grandissantes et la balance commerciale devient négative. Malgré une forte épargne intérieure, l’Etat et les entreprises vont considérablement s’endetter. Les capitaux affluents à court terme, les banques de plus en plus autonomes fournissent en outre des crédits insoucieux… Les entreprises ne se soucient pas de la rentabilité de leurs investissements. Quand la crise touche le pays, le retrait de capitaux et la chute de monnaies est catastrophique (Kia Motors fait faillite, manque d’emmener avec elle la First Bank of Korea). La situation va être maitrisée grâce à l’aide internationale (57Mds $ prêtés par le FMI, la BM et la BAD). Des restructurations vont s’imposer : élimination des créances douteuses des banques, règles prudentielles ainsi que recapitalisation, les chaebols endettés seront eux aussi restructurés…

[modifier] Taïwan : la résistance à la crise

Avec une croissance de 8 % au cours des 40 dernières années, la politique de Taïwan a été un succès. Ce succès est dû à une association privé/publique intelligente, à un financement de l’investissement prudent (dette maitrisée : ratio de la dette de 80% face aux 300% coréens), et la politique de change de la Banque Centrale a freiné intelligemment l’appréciation de la monnaie. Outre cela Taïwan a presque échappé à la crise, les risques étant mieux répartis (95% des entreprises sont des PME, seuls deux grands groupes Evergreen et Acer), l’ouverture financière y était de plus mieux maitrisée (privilège des IDE, et contrôle des investissements de portefeuille)…

[modifier] Les Tigres ou la croissance trop rapide et mal maîtrisée

[modifier] La Thaïlande : une croissance déséquilibrée, présage de la crise

Si la croissance tourne aux alentours de 10%, elle souffre de nombreux déséquilibres et d’un déficit de la balance des paiements courants de 8% du PIB. Industriellement, faute de main d’œuvre qualifiée, le pays est l’exemple type du pays atelier (textile et montage électronique), la valeur ajoutée des exportations est donc faible, les FMN ne transfèrent aucune technologies, et le pays va souffrir de la concurrence chinoise. Financièrement, la Thaïlande a mis en place en 1993 la Bangkok International Banking Facilities, centre financier offshore chargé de concurrencer Singapour. Il devait servir aux investisseurs étrangers désireux de faire des affaires dans toute l’Asie. Cependant, les Thaïlandais s’en sont servis pour investir chez eux, ce qui a déclenché une bulle financière et immobilière dans le pays (la moitié des logements créés ne trouvèrent pas acquéreurs). Les banques thaïlandaises vont se charger de créances douteuses. La collusion entre l’État et les milieux des affaires a été malsaine et a été une entrave à la mise en place de mesures efficaces… La crise éclate dans ce contexte en été 1997…

[modifier] L’Indonésie ou la faillite du plan Suharto

Malgré une croissance de 7% et la rente pétrolière, le succès indonésien est à relativiser. Certains groupes sont privilégiés par un État mou, lié à la corruption, le clientélisme… Camdessus parlera de « relations incestueuses entre l’État, les banques et les entreprises » (bad governance). En outre, la réglementation financière n’existe pas, la réforme agricole autrefois triomphante s’essouffle dans les années 90’, le pays souffre d’une explosion démographique, et la place économique dominante des Chinois pourtant minoritaires provoque le mécontentement de la population… Le bilan de la crise y est très lourd, avec un endettement de 138Mds $ (rééchelonnement aux clubs de Paris et de Londres), une inflation de 60%, un PIB en chute de 15%/an… Les plans Suharto incohérents et catastrophiques font de l’Indonésie le pays le plus touché par la crise.

[modifier] Notes et références


[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • (en) Ten years after: Revisiting the Asian Financial Crisis, Woodrow Wilson International Center, octobre 2007 [lire en ligne] [pdf]

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

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