Cervione

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Cervione
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Pays
drapeau de la France
     France
Région Corse
Département Haute-Corse
Arrondissement Bastia
Canton Campoloro-di-Moriani
Code INSEE 2B087
Code postal 20221
Maire
Mandat en cours
Pierre-Louis Nicolaï
2001-2008
Intercommunalité Communauté de communes de la Costa Verde
Latitude
Longitude
42° 19′ 57″ Nord
         9° 29′ 32″ Est
/ 42.3325, 9.49222222222
Altitudes moyenne : 380 m
minimale : 0 m
maximale : 934 m
Superficie 1145 ha = 11,45 km²
Population sans
doubles comptes
1452 hab.
(1999)
Densité 126,81 hab./km²
Carte de localisation de Cervione
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Cervione est une commune française, située dans le département de la Haute-Corse et la région Corse.

Sommaire

[modifier] Histoire et Toponymie

  • La disparition des forêts entraîne celle du gros gibier. On a dû réintroduire le cervus corsicanus. Les derniers cerfs, protégés par la loi, s'étaient réfugiés dans le maquis du Fiumorbu et, au cours de la dernière guerre, l'un d'eux, évadé de Vadina, était venu s'embûcher dans la plaine de Cervioni. Il a été tué à Chebbia pendant une battue aux sangliers.

Il y a donc longtemps que les cervi ont déserté le Campulori, mais les Campulurinchi qui ne s'embarrassent pas d'étymologies savantes vous diront, avec autant de chances que les autres d'être dans le vrai, que Cervioni était le " pays des cerfs ". Le nom du chef-lieu du Campulori, actuellement prononcé Cervioni ("v" et non "b"), officialisé en Cervione, a été écrit: CERBIONE (1533), CERBIONI (1582, 1633), CERVIONI (1616, 1632) ou CERVIONE (1635, 1642). Il est difficile de se prononcer sur son origine. Dans sa Géographie Universelle, Ptolémée, qui vivait au deuxième siècle, partageait les habitants de la Corse en douze peuplades. D'après une localisation généralement admise (1), le Campulori avait été peuplé par la tribu des MAKRINOI ou MARIANI. Laquelle a pu donner son nom à la pieve de Moriani, sa zone d'influence s'étendant du Campulori à la Casinca. Cependant, certains auteurs n'admettent pas la distribution géographique de Ptolémée. Mgr de la Foata (2) est catégorique: " Il est incontestable que la position géographique des lieux fixée par Ptolémée n'est pas toujours exacte, et qu'il ne faut pas s'en tenir rigoureusement à cette position quand elle est en désaccord avec celle des lieux désignés par des noms modernes entièrement identiques aux anciens ". Mgr de la Foata se refuse donc à placer les CERVINI au pied du Monte d'Oru et les situe soit à Cervioni, soit à Carbini.

Le professeur Ambrosi rejoint l'érudit prélat d'Aiacciu quant au jugement qu'il porte sur la Géographie de Ptolémée (3). Il envisage une erreur de localisation des SYRBII, entre le Tavignanu et le Travu, et les places à Cervioni. Mais pourquoi faire mentir Ptolémée pour admettre que des Syrbii ou des Cervini aient fondé Cervioni? Pourquoi des membres de l'une ou l'autre peuplade ne se seraient-ils pas implantés sur le territoire de Mariani? Ainsi, quel est le Cervionais d'un certain âge qui n'a connu U Bonifazinu, Cinarchese, A Goghjese ou l'Aschese, et peut-être uniquement sous ces surnoms? Venus s'installer à Cervioni, ils avaient conservé l'appellation d'origine et, s'ils avaient créé un domaine rural, ils auraient pu nous léguer un lieu dit.

Dans son " Dictionnaire des noms de lieux corses " (4), Mgr Rodié fait découler Cervioni de CERVIUS, nom propre latin. Si l'on devait retenir un nom de personne, CERBONIUS conviendrait mieux. Ce nom, toscanisé en Cerbone, est celui d'un saint évêque de Populonia (Massa Marittima, Toscane), mort à l'île d'Elbe au VIe siècle (5). Le culte de San Cerbone a été introduit en Corse au plus tard à l'époque pisane. Les églises qui lui sont dédiées y sont plus nombreuses qu'en Toscane, et plus particulièrement dans l'évêché d'Aleria: Gavignanu, Felicepianu, Campi, Ghjuvellina, Zuani, Guagnu, Guzzone... Le calendrier diocésain de Massa et Populonia, dédiait deux jours à San Cerbone: le 4 juin, fête du transfert du corps de l'île d'Elbe à la " Terre ferme ", et le 10 octobre, anniversaire de la mort. Or Cervioni célèbre Saint Erasme le 2 juin et saint Alexandre Sauli, patron de la cité, le 11 octobre. On serait tenté de conclure que ces deux saints ont chassé l'autre, mais cela n'est qu'une coïncidence.M. Félix Giacobbi pensait mettre en cause, pour l'étymologie de Cervioni, le mot CERA (cire) qui, avec un augmentatif, donne CERONE, et cela sans doute parce que une ou deux fabriques de cierges ont existé à Cervioni. Ce serait envisager l'introduction tardive du "V" dans le corps du mot, alors que ce "V" résulte plutôt de l'adoucissement d'un "B".

Si l'on retient CERA, il faut aussi envisager CERRO (Quercus cerris), nom italien du chêne chevelu, ou chêne lombard, qui a donné de nombreux lieux-dits dans la péninsule italienne. Notons enfin que de nombreux toponymes datent de la préhistoire et appartiennent à une langue disparue. Certains sont conservés tels quels, d'autres ont subi l'attraction de mots au sens connu appartenant à des langues postérieures. M. P. Lamotte (6) rattache Cervioni à une base supposée pré-indo-européenne: *KAR, laquelle aurait le sens de pierre, rocher, terrain escarpé ou endroit fortifié. Cette base avait d'ailleurs été étudiée hors de Corse par les linguistes. Charles Rostaing, dans "Les noms de lieux" (coll. Que sais-je? 1961, p.28), fait état des études faites, depuis M. G.Alessio en 1935, sur KAR(R)A, dont "un sens dérivé kar-ione a donné naissance aux multiples Cheiron, Chéron, Chiron, éparpillés sur tout le territoire français".

[modifier] Culture

  • l'ADECEC
  • L'ADECEC (Association pour le Développement des Etudes Archéologiques, Historiques, linguistiques et Naturalistes du Centre-Est de la Corse) est une association polyvalente à vocation culturelle située à Cervioni. Son fondateur, Antoine Dominique MONTI, professeur au collège de Cervioni, a été président de 1970 à 1997. Il a laissé la place à Dominique MOSCA, instituteur à la retraite qui a assuré l'intérim de 1997 à 1998. L'actuel président est Joseph Leoni, directeur d'école à la retraite.

Activités : Les parutions, le musée, la radio Voce Nustrale sur 105.1 et 95.1 mHz, la banque de donnée INFCOR. L'accueil des étudiants et des chercheurs est une des charges que l'ADECEC assume depuis sa fondation et qui demande une disponibilité permanente de certains de ses membres

  • Le musée de Cervione
  • Le musée de Cervione est situé au centre du village près de la cathédrale Sant'Eramu.

Quatorze salles d'exposition permanente ont été aménagées dans l'ancien séminaire des évêques d'Aleria à Cervioni, mises à disposition de l'ADECEC par la municipalité. Elles sont ouvertes au public tous les jours (sauf dimanche et jours fériés) de 10h00 à 12h00 et de 14h30 à 18h00. Le musée est destiné essentiellement à l'ethnographie. Une collecte d'objets a été organisée par les membres de l'association à partir de 1975. Quelques thèmes: cuirs et peaux; le feu; l'éclairage; la pharmacie; les vêtements; filage et tissage; les araires; les pelles; les serrures; la sellerie; la cordonnerie; la vie pastorale; les scies; les jouets;la fabrication des cierges; le fil de fer; les poteries à l'amiante; les criblages; la fabrication du vin et de l'eau de vie; les outils; la forge; la menuiserie; l'imprimerie ... Les salles du premier niveau accueillent la collection de roches de Corse. Quatre vitrines sont réservées à l'archéologie. Toujours au premier niveau une présentation des matériels d'entretien de la vigne, de vinification et distillation avec alambics et serpentins est proposée dans un passage voûté menant à l'atelier de forge. Dans ces deux salles aux murs en pierres apparentes, on trouve l'enclume, le soufflet, diverses pinces et tenailles, ainsi que les instruments nécessaires au perçage des métaux. Les outils du maréchal-ferrant, dont le rôle fut considérable, sont présentés de façon très détaillée. Le premier étage présente les techniques et les outils de construction de maisons avec, notamment, la reconstitution d'une cuisine corse traditionnelle, où le fucone occupe le centre de la pièce. On y trouve également plusieurs types de serrures, le matériel de tissage et broyage du lin, les outils de la cordonnerie et de la sellerie, ainsi que les instruments et les ustensiles de la fabrication du miel.

Au dernier niveau, sur la droite, l'imprimerie du 173ème Régiment d'Infanterie reconstituée avec sa presse Marinoni. Face à l'entrée, encore les travaux des champs. Plus avant, l'histoire et l'art religieux. Une évocation anonyme de l'Annonciation et la chasuble brodée de l'évêque Murta. Une large place est réservée aux outils de travail des champs et de la terre... Instruments de musique, jeux et jouets sont également exposés. Dans une vitrine, un portrait de Théodore de Neuhoff, du peintre bastiais Hector Filippi.

  • la journée de la langue corse
  • Depuis une trentaine d'années, l'ADECEC organise la journée de la langue corse. En 2004, le thème était : « a scrittura di a lingua » (l'écriture de la langue).

Un débat a eu lieu. Un public nombreux, soucieux de l'avenir de la langue Corse était présents. Militants du monde associatif, écrivains de toute la Corse ont répondu présent à l'appel de l'ADECEC qui continue d'opérer en faveur de la langue et du patrimoine. La journée s'est terminée avec le traditionnel concert de Canta u Populu Corsu au couvent de Cervioni. Cette soirée était en hommage à Natale Luciani, dirigeant du groupe, disparu lors d'un accident de voiture en 2003

[modifier] Administration

  • liste des maires successifs au XXe siècle
  • Depuis 2008: Nicolai Marc
  • 1995-2008: Nicolai Pierre Louis
  • 1977-1995: Lovisi Ange
  • 1967-1977: Filippi Antoine
  • 1967: Pescetti Jean louis
  • 1962-1967: Filippi Antoine
  • 1945-1962: Maggiani Félix
  • 1944-1945: Pinelli Jean
  • 1935-1944: Casalta Martin
  • 1930-1935: Benelli Georges
  • 1930: Mannoni Lucien
  • 1929-1930: Mannoni Nicolas
  • 1925-1929: Général Pollachi
  • 1919-1925: Astima Martin
  • 1912-1919: Vadi Pierre
  • 1910-1912: Grassi Alexandre
  • 1905-1910: Astima Jean-Saint

[modifier] Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[1])
1962 1968 1975 1982 1990 1999
1100 1400 1450 1254 1334 1452
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

[modifier] Lieux et monuments

  • Cathédrale Saint-Erasme

époque de construction : 1ère moitié XVIIIe siècle ; 1er quart XIXe siècle ; 2e quart XIXe siècle ; 3e quart XIXe siècle ; 4e quart XIXe siècle année : 1714 ; 1828 ; 1858 ; 1896 auteur(s) : Boni (marbrier) Giavarini Francesco (peintre) Giordani (peintre)

  • historique : Cet édifice, reconstruit de 1714 à 1745 à l' emplacement de la cathédrale élevée à partir de la fin de 1578, sous l' épiscopat de Monseigneur Alexandre Sauli, sous le titre de saint Erasme, saint Pierre et saint Paul, est mentionné en mauvais état en 1770. Restauré au cours du premier quart du XIXe siècle et orné en 1828 d' un décor peint (étudié dans la base Palissy) exécuté par les peintres Giavarini et Giordani, il fait l' objet en 1858 d' une importante campagne de restauration caractérisée principalement par la reconstruction de la coupole effondrée en 1855. Le choeur est partiellement remanié en 1896, une balustrade en marbre précédée d' un degré, due au marbrier Boni, remplaçant la balustrade originelle en bois. Au cours du XXe siècle, la cathédrale sera soumise à de nouveaux travaux de réfection (notice établie à partir des travaux historiques d' A. D. Monti).

description : Edifice de plan en croix latine formé d' une nef à trois vaisseaux voûtés en berceau à lunettes, d' un transept aux bras voûtés en berceau à lunettes et à la croisée de transept couverte d' une coupole elliptique, d' un choeur à première travée droite voûtée en berceau à lunettes prolongée par une abside voûtée en cul-de-four. Présence d' une tour clocher sommée d' un lanternon. L’existence de la cathédrale et de la chapelle Sainte Croix appartenant à la confrérie de même nom est attestée à partir de 1538 par le notaire Santulino. Après avoir mis en chantier le séminaire, Saint Alexandre s’est attaché à édifier le palais épiscopal et la cathédrale. Celle-ci s’est élevée à l’emplacement de l’ancienne église qu’on a rasée ou, peutêtre même utilisée dans sa construction nouvelle. La cathédrale édifiée par Saint Alexandre était un édifice modeste par comparaison avec l’édifice actuel. Cette cathédrale que l'on peut visiter aujourd'hui est une des plus imposantes églises de Corse, par l'importance de son architecture baroque. Elle date de la première moitié du XVIIIe siècle. La date de 1714, gravée sur le mur nord est celle du début des travaux. Sa construction a été très longue, puisqu'elle continuera trente ans après le début des travaux, pour s'achever vers l'année 1745. Elle appartient à l'esthétique baroque, qui avait atteint la perfection en Italie au XVIIe siècle et conquis le nord de l'Europe au début du XVIIIe siècle. Sa façade à trois étages rappelle celle de l'église des jésuites de Cambrai, commencée trente-cinq ans auparavant. On y retrouve les mêmes pilastres dédoublés pour atténuer la lourdeur de l'ensemble, les mêmes volutes, pour assurer la transition d'un étage à l'autre, les mêmes flammes aériennes et la même croix rayonnante. Mais contrairement à celle de Cambrai, sa façade est beaucoup plus dépouillée, plus sobre, sans sculptures et aux motifs allégés. Son plan est conforme à celui de l'église de Gesù à Rome, archétype du barocco : une nef unique couverte en berceau, bordée de chapelles latérales assez peu profondes comme le veut le goût de l'époque, une croisée de transept, dominée d'une des rares coupoles de l'île, aux pendentifs montrant les quatre évangélistes, peints à fresque, et surmontée d'un lanternon qui éclaire l'intérieur de l'église. Extérieurement, les proportions de la coupole et du lanternon se marient admirablement avec celles du clocher. La première des chapelles latérales que l'on trouve à gauche, est dédiée à Saint Alexandre Sauli. Un tableau encadré de deux colonnes torses, montre le saint agenouillé devant la croix. Sur les murs, de chaque côté de la grande porte, deux fresques : l'une représentant l'arrivée de Saint Alexandre Sauli à Cervione, l'autre les felouques barbaresques détruites par la tempête, au large de Prunete. Entre la chapelle de Saint Alexandre, et celle de Saint Joseph se trouve le baptistère qui est un don de Mr Toussaint Caneri, né le 3 décembre 1855 au hameau de Canali sur la commune de Cervione, député de la Nation française au Caire. La chapelle suivante est celle dédiée à Saint Joseph. Un cartouche situé dans le centre du fronton de l'autel dit : ite ad Joseph .. Le tableau qui s'y trouve, et dans lequel Joseph y est figuré dans la partie supérieure droite, illustre la remise du rosaire par la Vierge et l'Enfant à Sainte Catherine de Sienne, à gauche, et Sainte Claire d'Assise à droite. Tableau qui a été probablement apposé dans cette chapelle beaucoup plus tardivement. La chapelle qui fait face à celle de Saint Joseph, dans le même style décoratif, montre un tableau dans lequel figurent l'Enfant, Marie, le Baptiste enfant et Sainte Elisabeth. En arrière apparaît le saint évêque Blaise, en Arménie, Joseph et Zacharie. La dernière chapelle est dédiée à Sainte Lucie, pour rappeler l'ancienne église Sainte Lucie, qui appartenait à la confrérie du même nom et qui était située en face de la cathédrale. Il reste une statue en bois et un tableau la représentant avec, sur la poitrine, la Croix, insigne de la confrérie. Le tableau d'autel rapporté ultérieurement montre la remise du scapulaire par Marie à un saint agenouillé. Le croisillon nord du transept abrite l'autel de la remise du rosaire par Marie à l'Enfant, à St Dominique et Ste Rose de Lima, et autour du tableau les quinze mystères du Rosaire. Les superstructures de l'autel sont peintes dans le mur. En face de cet autel, un tableau montrant l'archange Saint Michel terrassant le démon. Ce saint avait une grande importance auprès de la population insulaire, et il est représenté dans de nombreuses églises de Corse. Ce tableau serait la copie de celui exécuté par Guido Remi, au XVIIe siècle, pour l'église des capucins à Rome. L'autel majeur est surmonté d'une toile figurant le pape Saint Grégoire le Grand, et un personnage agenouillé adorant la vierge. La représentation de Grégoire le Grand n'étonne pas. La correspondance de ce pape, élu en 1590, montre qu'il avait beaucoup de sollicitude envers la Corse. Dans le chœur, les stalles des chanoines aux colonnes torsadées datent de 1750, donc du règne de Louis XV. Sur la droite, le trône des évêques d'Aleria. Sur la gauche celui de Saint Alexandre Sauli, avec les armoiries du Saint. L'orgue était initialement au couvent Saint François de Campulori sur la commune de Cervione, transféré à la cathédrale entre 1797 et 1861. Saura t'on jamais s'il fut construit en Corse ou bien « importé » d'Italie par des franciscains. Dans l'instrument lui même, pas de date, pas de signature, Barthélemy Formentelli qui l'a restauré pense toutefois l'attribuer à un Facteur de l'Italie méridionale travaillant vers 1740/1750, car sa composition n'offrait pas à l'origine de «  Voce Umana  » et ce jeu n'apparaît, dans la facture du sud que vers 1750. En 1971, si 70% des tuyaux étaient là c'est bien une restauration complète qui fut nécessaire. Bathélemy Formentelli dut « réinventer » tout ce qui manquait : le clavier est en noyé plaqué de buis pour les naturelles et d'ébène pour les feintes, avec frontons décorés ; si l'abrégé en fer, traditionnel, s'imposait, tout comme celui du tirage des jeux, il opta pour des registres, à la console, de section ronde, en bois avec boutons en buis tourné, comme à la Porta. Pour la soufflerie, deux soufflets cunéiformes sont actionnés par un lève-soufflet électromécanique de son invention. Il dota l'instrument d'un Usignolo (Rossignol) et d'une Cornemuse (dite aussi «  Viella  » ou «  Piva  ») ; il s'agit d'un ensemble de quelques petits tuyaux barbotant dans une cuve emplie d'eau, et qui veulent imiter un gazouillis d'oiseaux. La Cornemuse est un unique tuyau d'anche plutôt grave, qui est actionné par la 9eme et dernière touche du pédalier ; on l'utilise pour de longues tenues de «  Bourdon  », notamment dans les Pastorales. En juin 1994, l'orgue de Cervione vient prendre place au nombre des plus beaux instruments corses du XVIIIe siècle à côté de celui de la Porta, de Munticellu, de l'Annonciade de Corti, et Saint Jean-Baptiste de Calvi. A la sacristie, le grand meuble du couvent, surmonté des armoiries franciscaines, entièrement fait à la main, et le meuble des chanoines aux douze casiers. Dans la salle du catéchisme a été remisée une très belle Descente de Croix. On y voit Saint Jean l'évangéliste au pied de la croix, et Marie évanouie secourue par de saintes femmes. Les autres statues en bois de la cathédrale, avec celle de Sainte Lucie, sont : Saint Erasme, Saint Antoine qui provient du couvent, Notre Dame de Miséricorde, Notre Dame du Rosaire (celle-ci en bois polychrome). Saint Antoine de Padoue est le plus célèbre des saints franciscains, pour lequel tous les villages de Corse possédaient, naguère, une confrérie. Il est invoqué par les bergers, dont il est le saint patron. Protecteur des troupeaux, il est aussi celui des enfants. Autrefois en Corse, on revêtait les enfants malades, de son habit : la robe marron et le cordon blanc. Lorsque les murs de la cathédrale furent terminés, les habitants, de Cervione ne purent subvenir aux frais de la décoration. Les peintures et les ors, de fort belle facture, furent exécutés plus tard, comme l'indique la signature de Franco Giavarini en 1828 En 1853, on refait le pavage avec des carreaux de marbres, bleus et blancs provenant des carrières de Brando, dans le Cap Corse. En 1958, on dut reconstruire la coupole les dépenses furent couvertes par une souscription à laquelle participa l'Impératrice Eugénie. Sa dernière transformation date de 1896, qui a consisté à remplacer la balustrade en bois du chœur par une balustrade en marbre, en même temps que les marches de l'autel. Au début du XIXe siècle, Prosper Mérimée n'accorda pas beaucoup d'intérêt aux églises des XVIIe et XVIIIe siècles. Il critique leur décoration intérieure due, disait-il, à des barbouilleurs italiens. Toutefois, parmi les rares d'entre elles, qui trouvèrent grâce à ses yeux, il cita celle de Cervioni. Il manifesta le même mépris pour les campanili (clochers) de cette époque : « élégants vus de loin, il ne peuvent supporter l'examen lorsqu'on les approche. » Pourtant parmi les exceptions qu'il retint, celui de Cervioni fut cité comme faisant partie des plus remarquables. Les hagiographes de Santu Lisandru Sauli font état de la présence constante des barbaresques devant les côtes du Campulori afin de mettre en relief la bonté ou les dons surnaturels de l’évèques d’Aléria. Vers la moitié de l’année 1584 Mrg Sauli accueille à Cervioni plus de 700 pecheurs de corail poursuivis par les corsaires. Il leur donne la nourriture et le logement. Au mois d’octobre de la même année, 11 galères du vice roi d’Alger se dirigent vers la campulori. Les Cervionais fuient leur demeures et exhortent l’évèque à les suivre : « non temete, figli mei, quiei barbari non toccherano queste terre », dit il et pendant qu’il se prosterne pour prier, la tempète brise quelques ganères et les vents contraires éloignent les autres.

  • Buste de Pasquale PAOLI sur la traversa

Le 14 Juillet 1755 Pascal paoli est proclamé général suprême de la révolte. Dès les début Aout il envoie des gens en armes pour pacifier le pays, faire appliquer les règlements établis par les assemblées et chatier les contrevevnants. Le 7 Aout les troupes sont au Campoloro mais les campulorinchi sont bien disposés. Le 10/08 Mariu Manuellu Matra qui refusait de reconnaître le commandement de Paoli se fait nommer général par ses partisans réunis à Alisgiani : Santucci, Colombani, les cottoni, les paganelli… Le 11/08 Paoli part de verde pour se rendre à Orezza et est attaqué par les partisans de Matra. De toutes les pievi les partisans accourent pour secourir Paoli et repoussenent les attaques de Matra. Le 18/08 les troupes de Paoli occupent l’Alisgiani, le campulori, Verde et Serra. Les Cottoni et les Paganelli furent emprisonnés. Matra se réfugie au fort d’Aléria et doit quitter la Corse. Le 22/12 au couvent d’Orezza Paoli et les chefs de guerre décident l’occupation, puis la démolition du fort d’Aléria. Ce sont les campulorinchi qui occupent le fort d’Aléria. Par son impartialité dans l’application de la justice, par sa sagesse et sa générosité, Paoli réussit à rallier à la cause de la nation la plupart de ceux qui l’avaient combattu aux premiers jours de son généralat. Les premiers à le rallier sont les Cottoni. Les campulorinchi sont parmi ses plus fidèles soutiens. En 1758 Paoli qui s’employait à compléter les structures de la nation Corse fit de cervioni le chef lieu de la juridiction d’Aléria. Plus tard il décida d’y construire un palazzu publicu, c'est-à-dire un batiment administratif. Sa construction était à peine commencée lorsque la Corse passa sous la domination Française. Paoli venait souvent à Cervioni ou se tenaient les réunions des responsables de la révolte. Il logeait au couvent, là ou il fit installé l’imprimerie nationale.

  • La Traversa :
  • Point de vue situé sur la Corniche de Castaniccia
  • U Palazzu di Funtanone

Le palazzu est construit à partir d'un ancien moulin à eau, qui doit dater de plusieurs centaines d'années. En faisant des travaux récents on a découvert une salle souterraine ancienne, jusqu'alors inconnue, voûtée, dont le sol est dallé de grandes pierres toutes marquées par des signes mystérieux de tailleur de pierre. C'est l'ancien réservoir du moulin. On y distingue l'arrivée de l'eau et sa grille et surtout un puits intérieur traversant la maison de haut en bas. Il s'agit de l'ancienne conduite forcée qui conduisait l'eau vers une bouche taillée dans un rocher, sous la maison, au fond d'un tunnel, et qui faisait tourner ainsi une roue à godets, entraînant par des engrenages divers la mécanique des meules. Cette conduite forcée est construite elle aussi en pierres de taille magnifiquement assemblées. La proximité du torrent, dont le débit était bien plus important auparavant, explique la situation de ce moulin à cet endroit. Au 19 ième siècle, la bâtisse a été transformée en maison bourgeoise, peut-être par un Baron de la famille des Cervioni, Maréchal du Premier Empire, mort à la bataille d’Eylau. On dit aussi que cette maison a été perdue au jeu en 1936 et a atterri plus tard dans la famille Santarelli, originaire d’Aullène dont le dernier représentant était un Officier de marine qui a rejoint De Gaulle en 1940. C’est une maison qui est en retrait du village, toute en hauteur, et qui, par ses particularités architecturales avec ses rives de toit munies de pointes étranges, que l'on ne retrouve nulle part en Corse, a la réputation de maison hantée. On dit aussi que d'anciens propriétaires s'adonnaient à des expériences de spiritisme. Elle est construite sur la roche qui apparaît par endroits dans certaines pièces. La couverture du toit est faite de lauzes soutenues par une belle charpente en châtaignier. Elle est actuellement la propriété de Viviane Loriaut, organiste (professeur à l'Ecole Nationale de Musique et de Danse de Bastia et concertiste) et de Jean-Louis Loriaut Facteur d'Orgues. Ils y vivent à l'année

  • Le couvent Saint François

D'après Petru Cirneu le XVIe siècle s'annonce meilleur que le précédent. « L'an de grâce 1506, dit-il, la paix régnait dans toute la Corse  ». Cette année là, le pape Jules II autorise les Frères Mineurs de l'Observance à fonder un couvent dans la piève de Campulori. Ce couvent dédié à Saint François comme la plupart de ceux de la famille franciscaine, fut érigé, en sa forme première, entre 1506 et 1509 d'après le Père Olivesi, en 1507 d'après Colonna, en 1508 d'après Pietro di Rostino. Le principe de la fondation ne souleva aucune difficulté. Par contre, l'emplacement n'a été choisi qu'après de longues discussions et, d'après Gonzaga, cité par Olivesi, grâce à l'intervention divine. C'est la même histoire que celle de Mahomet réfugié à Médine, laissant un chameau choisir le lieu où bâtir une mosquée. Les notables du Campulori s'étaient réunis avec des religieux venus spécialement pour l'érection du couvent. Des discussions surgirent au sein de l'assemblée. Les responsables franciscains, sentant la rupture, demandèrent à la population de s'en remettre à la volonté de Dieu qui, sollicitée par des prières, ne pouvait manquer de se manifester. On décida d'une procession solennelle. Au jour fixé, la longue colonne des Campulurinchi en prière se met en marche. Sur le chemin, un bœuf se tient immobile, nullement effarouché par la multitude. Le Père Agostino du Renosu di Tavagna, saisit l'occasion et, par trois fois, au nom de la Sainte Trinité, de la Vierge Marie et de Saint François, commande au bœuf de leur montrer le lieu où devait se faire la construction. L'animal s'ébranle, les conduit à pas lents à l'endroit où s'élève aujourd'hui le couvent et refuse d'aller plus loin. « Le site est vraiment monastique, dit Olivesi. De là on découvre une grande plaine et une vaste étendue de mer. L'œil jouit d'une des plus belles (sinon la plus belle) vues de tous les couvents de Corse ». En effet, en bordure du C.D 152, à 1200 m de Cervioni, 1600 du Favalellu, le couvent a une superbe situation en un lieu ombragé, à proximité d'une source : a funtana di i frati. La construction première était modeste. En 1584, Mgr Alexandre Sauli s'employa à la restaurer et, peut-être, à l'agrandir, stimulant le père-gardien qui s'alarmait de la lenteur des travaux. « N'ayez crainte, lui disait-il, les travaux seront terminés avant l'expiration de votre charge », ce qui se réalisa grâce à l'arrivée opportune de nombreux secours. En 1589, l'état du couvent est convenable et Mgr Mascardi, Visiteur apostolique, ne formule pas trop de sévères critiques. Vers 1671, on procède à des extensions pour que la bâtisse puisse recevoir douze religieux. Au début du 18 ème siècle, il a sans doute acquis ses dimensions définitives et a été entouré de clôtures. C'est alors l'un des plus importants de Corse. Il compte 14 ou 15 religieux et peut en recevoir davantage. Il a 5655 lires de revenus : un grand jardin (3545), une châtaigneraie (1160) et une vigne (950). Après 1729, le couvent va tenir un rôle important dans la révolte contre Gênes. C'est sans doute à cette époque que l'on creuse une citerne dans le coin sud-est de la cour intérieure. Sa présence ne s'explique qu'en prévision d'un siège puisque l'eau de source ne manquait pas hors les murs. Cette citerne a été comblée après la dernière guerre. A la révolution française, le couvent est confisqué et affecté au génie militaire mais l'église, qui compte alors sept chapelles latérales, « quelques-unes très belles » dit le rapport Renucci, est conservée au culte. En 1816, le marquis de Rivière, commissaire extraordinaire du roi, cède le couvent à la commune de Cervioni. Cette cession est certainement de courte durée car l'établissement reste propriété du ministère de la guerre et sert parfois de caserne. En 1861, le gouvernement achète le domaine de Casabianda et y transfère le pénitencier de Chiavari où la malaria faisait des ravages. La mortalité y est plus forte encore. L'année suivante, le ministère de l'intérieur se fait céder le couvent pour servir de refuge d'été et d'infirmerie au pénitencier. L'état civil de Cervioni garde les traces de l'excessive mortalité qui sévissait parmi les prisonniers : 4 décès en 1862, 63 en 1863, 59 en 1864, 80 en 1865, 25 en 1866, 3 en 1867, 33 en 1876, 17 en 1877, 2 en 1878, 5 en, 1879, 12 en 1880 (entre temps, le refuge avait été transféré à Marmanu). En 1884, le pénitencier ayant été supprimé, l'administration des Domaines est chargée de vendre le couvent. La commune de Cervioni voudrait bien l'acheter mais, appauvrie par les ravages du phylloxéra et de l'oïdium, elle dispose de peu de moyens. Elle désire pourtant arrêter l'émigration et sauver son économie. L'acquisition du couvent fait partie d'un plan de régénération. La bâtisse serait louée pour l'élevage de vers à soie, la préparation des feuilles de tabac et la fabrication du vin par un industriel qui achèterait le raisin lorsque les vignes seraient reconstituées. Une lettre du directeur des Domaines, en date du 16 mars 1889, donne son accord pour une vente à l'amiable à condition que l'opération soit déclarée d'utilité publique. Le 18 mai, le Conseil municipal adresse une demande en ce sens. L'année suivante, Sadi Carnot visite la Corse. Le 10 avril, la municipalité, qui n'a pas encore reçu satisfaction, adresse une requête au préfet pour qu'il la transmette au président de la République. Cette fois, il est encore question de transformer le couvent en un établissement industriel destiné à la préparation première des produits agricoles : distillation des plantes aromatiques, décorticage et cardage de la ramie si sa culture peut être introduite dans le canton. Il s'agissait d'une fibre nouvelle importée de Chine et destinée à la fabrication des billets de banque. Lorsque, en 1882, les premiers faux billets étaient apparus, la Banque de France s'en était assuré l'exclusivité. Les premiers billets en papier de ramie sortiront deux ans après la requête de la municipalité de Cervioni. Hélas ! Ce cri de détresse ne fut pas entendu et le couvent resta propriété nationale. En 1914-1918, il reçut des prisonniers de guerre. En 1939, après avoir abrité le 7ème R.T.M., il servit de centre mobilisateur. Après la guerre, sa vente fut enfin décidée. La municipalité de l'époque n'ayant rien fait pour l'acquérir, il devint la propriété de la société de Saint-Vincent de Paul de Bastia qui l'utilisa pour ses œuvres de jeunesse, avant de le revendre une quarantaine d'année plus tard à la commune de Cervioni De nos jours le couvent est utilisé pour diverses animations (foires, concerts, mariages, etc…)

  • A Scupiccia

Ce sont peut-être les pirates barbaresques qui, au XVIe siècle, ont capturé et coulé, à la marine des Prunete, un navire chargé d'une statue de la Vierge et de son autel à colonnes. On dit que cet autel et cette statue, sculptés à Florence, étaient destinés à la merveilleuse cathédrale de Cordoue, en Andalousie, l'ancienne Grande Mosquée consacrée à la Vierge en 1236 lorsque Ferdinand de Castille arracha la ville aux Musulmans. Philippe Grassi a écrit que des renseignements puisés à la bibliothèque de Gênes lui avaient appris que, sous le règne de Charles-Quint (1516-1558), trois villes d'Espagne avaient commandé trois autels en marbre en Italie avec, pour chacun d'eux, une statue (1). La statue, en marbre de Carrare, est très belle. La Vierge, mains jointes, a les yeux fixés vers le ciel. Son regard, son attitude, les deux anges qui la soutiennent, donnent à l'ensemble une légèreté aérienne (2). Négligeant les blocs trop lourds de l'autel et les colonnes - qui furent récupérés en juillet 1927 par un marbrier bastiais - les Campulurinchi se saisirent de la statue et décidèrent de lui consacrer un culte. Le clergé la baptisa Madonna Santissima del Soccorso; la population l'appela, et l'appelle encore, tout simplement, A Madonna di a Scupiccia, du lieudit où elle a été déposée. La légende raconte que les Cerviuninchi voulaient lui édifier une chapelle sur la bute du Fornellu qui domine le village, là où, plus tard, on construisit un oratoire à Saint Roch. La statue y fut déposée. Le lendemain, on la retrouva sur la crête de la Scupiccia, à 750 m d'altitude, à l'endroit où elle est actuellement et où, tous les ans, au 15 août, une neuvaine de prières attire les fidèles. Redescendue par deux fois au Fornellu, elle disparut nuitamment et on la retrouva sur la montagne. Sa volonté était manifeste: les Cerviuninchi la respectèrent. Cette statue, aujourd'hui classée par les Beaux-Arts, fut abritée dans une chapelle reconstruite au siècle suivant comme l'atteste l'inscription: MADONNA SANTISSIMA DEL SOCCORSO, il CAP. GIACOMO, 1649. La limite qui séparait les territoires de Cervioni et de Sant'Andria traversait la chapelle suivant son plus grand axe et cela semblerait expliquer la légende: les populations du sud de l'Utini n'ont pas permis aux Cerviuninchi de se réserver la fameuse trouvaille. Depuis, un remaniement du cadastre a englobé, par un ressaut, l'église et le terrain qui l'entoure dans la commune de Cervioni. Quoiqu'il en soit de la légende, il faut souligner que l'église de la Scupiccia, comme toutes celles de la montagne corse, est un jalon sur une ancienne voie de communication. Mieux, elle est située à un carrefour; c'est là que divergeaient les chemins qui menaient les Cerviuninchi vers l'Alisgiani, le Haut-Moriani, Orezza et Corti. (1) Voir l'article "Cervione" signé P.G., in "Le Petit Marseillais" du 27 sept. 1924. (2) "Cette statue est assez jolie, quoique un peu maniérée": M. de MONTHEROT, "Promenades en Corse", Paris-Lyon 1840.- "C'est une oeuvre d'art qui remonte à la bonne époque du commencement du XVIe siècle. Les deux petits anges sont admirables de grâce, de modelé et de naïveté": Léonard de SAINT-GERMAIN, "La Corse", Hachette 1869.- "La belle statue de marbre que l'on dirait sortie des mains de Michel-Ange, tant elle est de forme parfaite...": Michelis de RIENZI, "Croquis corses", lib. Charles, Paris 1903.- "Cette oeuvre charmante qui rappelle la grâce facile du chef-d'oeuvre du chevalier Bernin, Apollon et Daphnée... Une des beautés de la statuaire florentine": Dr Henry AURENCHE, "Sur les chemins de la Corse", Perrin éd., Paris 1926.- "On y devine la pureté de l'art florentin du XVIe siècle": Mgr Llosa, "La reine Immaculée de la Corse, 1954. Chaque année le 14 Août, des animations musicales ont lieu devant la chapelle de la Madonne et sur tout le plateau de la Scupiccia campent des jeunes de villages alentours. Des buvettes sont à la disposition de tout un chacun. L'ambiance est au rendez-vous toute la nuit. Le 15 Août, les fidèles venus en pèlerinage peuvent assister à la messe annuelle. La convivialité et la bonne humeur sont au rendez-vous, mais le plus important dans cette expédition au coeur de la montagne est la beauté de la vue panoramique qu'offre la Scupiccia sur toute la plaine orientale. Il existe deux chemins d'accès à la Scupiccia :

Le premier par Cervioni offre une large route balisée où marcheurs et véhicules se croisent sans se gêner. Une navette fait l'aller-retour, ce qui permet aux personnes ayant des difficultés pour marcher de pouvoir monter à la chapelle.

Le second chemin d'accès se situe à Cigliu sur la commune de Sant' Andria di u Cotone à environ 5 Kms de Cervioni. On ne peut y accéder en véhicule, il faut prévoir des chaussures adéquates, mais les paysages traversés sont d'une grande beauté et d'une grande diversité. Bien entendu le chemin est balisé par des flèches indiquant la bonne direction.

[modifier] Personnalités liées à la commune

  • Théodore I° de Neuhoff ( Roi de Corse qui fit de Cervioni sa capitale )

En 1736, probablement le 20 Mars, l'Allemand Théodore de Neuhoff, né à Cologne en 1694, débarquait à Aleria, il avait préparé son accession au trône de Corse avec minutie et opiniâtreté. Le 15 avril, au cours d'une consulte tenue au couvent d'Alisgiani, les représentants du peuple, à l'unanimité, le proclamaient roi au milieu de l'enthousiasme populaire. La « constitution » votée à Alisgiani, fit de la Corse un état indépendant : la monarchie est héréditaire ; les pouvoirs du monarque sont limités par la création d'une Diète de 24 membres sans l'accord de laquelle il ne peut rien décider en matière de paix, de guerre et de création d'impôts nouveaux ; la religion officielle est la religion catholique mais la liberté de conscience est accordée à ceux qui voudront s'installer dans le pays ; les charges et dignités sont accordées aux seuls corses ; il sera créé une université qui jouira des mêmes privilèges que les autres universités européennes. Théodore avait un certain génie. Lorsque, à 41 ans, il se fit élire roi, il avait déjà une vie bien remplie comme collaborateur et ami d'hommes célèbres tels que Goetz en Suède, Alberoni et Ripperda en Espagne, peut-être Law à Paris. Certains auteurs ont beau galvauder sa gloire, voir en lui un roi d'opérette, il faut au moins lui reconnaître le mérite immense d'avoir réalisé l'unanimité des chefs insulaires et stimulé le patriotisme fléchissant de certains. Tous accoururent à Aleria : Paoli, Giafferi, Costa, Giabiconi, Castinetta… et, le premier, Saveriu Matra qui, depuis longtemps, se tenait sous réserve. Après quelques jours passés à Aleria pendant lesquels on décida de la nouvelle direction à donner à la révolte, le temps pour les hommes d'Orezza de transporter les bagages et préparer la résidence, le baron vint s'établir à Cervioni, au palais épiscopal laissé libre par la fuite de Monseigneur de'Mari. Paoli et Giafferi lui avaient conseillé cette résidence per maggior commodo . Le 29 Mars, il fit son entrée dans la petite ville, vers midi, acclamé par la population. Les cloches sonnaient à toute volée. Les fusiliers déchargeant leurs armes. Pendant qu'il prenait possession de la maison de l'évêque, les compagnies destinées à sa garde s'installaient dans les pièces du rez-de-chaussée et au séminaire tout proche. Théodore reçu l'hommage du clergé et des notables. Les chanoines arrivèrent les premiers. Anghjulu Maria Caselle, curé archiprêtre de la cathédrale, se montra particulièrement enthousiaste. Puis vinrent les moines du couvent St François derrière leur père gardien. Ils apportaient des fruits et du vin. Enfin les responsables des populations s'inclinèrent à leur tour devant le baron. Cervioni deviendra la capitale de la Corse les quelques mois du règne de Théodore, et vers elle seront orientées toutes les pensées des capitales européennes. Grégorovius a écrit : « À Cervioni la foule courut se chauffer aux rayons du nouveau soleil et solliciter des titres et des faveurs , au fond d'un village malpropre, dans une maison de misérable apparence, qui était un palais royal parce qu'on l'appelait ainsi, l'ambition et l'égoïsme jouèrent leur rôle aussi bien qu'à n'importe quelle cour ». Grégorovius est un poète et historien allemand qui a écrit sur la Corse des pages délicieuses. Son Corsica est un livre de voyage bourré d'histoire. Malheureusement il ne s'est pas arrêté à Cervioni. Il nous aurait laissé, de Cervioni en 1852, une de ces magnifiques descriptions dont il avait le secret. Mais alors pourquoi avoir parlé de « village malpropre » et de « maison de misérable apparence » ? Tout simplement parce que, l'historien faisant place au poète comme cela lui arrivait souvent, s'est complu à imaginer roi dans une masure le chevalier d'aventures Théodore. Le règne de Théodore durera 235 jours. Il mourut dans une prison de Londres, emprisonné pour dettes.

  • Santu Lisandru Sauli

Saint Alexandre Sauli était né à Milan, le 15 février 1534, il appartenait à une famille génoise qui avait donné des sénateurs et des doges à la République de Gênes, des évêques et des cardinaux à l'Eglise. Entré dans la congrégation de Saint Paul, le 17 mai 1551, admis à la profession solennelle le 29 septembre 1554, il en devint le supérieur général le 19 avril 1567. Le pape qui connaissait sa ferveur religieuse, le nomma à l'évêché d'Aleria le 10 février 1570. Il fut consacré le 12 mars dans la cathédrale de Milan ; Saint Charles Borromée était l'un des trois évêques consécrateurs. Le 30 avril, Alexandre Sauli débarque à Bastia. Il se rend à Aleria prendre possession de son évêché. Tout est en ruine et il ne peut trouver une maison avec deux chambres. La moisson approchant, Mgr Sauli remet à plus tard la visite de son diocèse : « avec la disette qui sévit dans cette île », écrit-il, « il y aurait sacrilège de ma part de me mettre à la charge de ces pauvres gens qui n'ont pas de quoi se nourrir eux-mêmes » . Avec sa suite, il se fait héberger au couvent des Franciscains de Corti et met à profit ce temps de repos et de réflexion pour chercher où s'installer. Il pense que Tallone qui n'est qu'à 20 km d'Aleria, répond aux nécessités du moment. Il y fait réparer une vieille tour dont il prend possession à la fin juin. Avec des planches, il la cloisonne en neuf cellules : deux pour lui, trois pour les Pères Barnabites qu'il a emmenés de Milan, les autres pour ses parents et ses domestiques. Le 17 juillet il écrit : « io me ne sto quà in Tallone assai quieto, e se non fosse la necessità di dovere muovermi, sarei contentissimo, in bellissimo aere, in una solitudine e abbondanze di cose al vivere naturale ». Le 31 août, il y tient son premier synode qui rassemble plus de cent ecclésiastiques. En septembre, l'évêque malade se réfugie à Bastia où il passera deux ans. La ville lui offre la possibilité d'organiser son séminaire qui, dès le mois d'octobre, s'ouvre avec douze élèves. En 1572, Alexandre Sauli se rend à Rome pour rendre hommage au nouveau pape Grégoire XIII. A son retour, toujours à la recherche d'une résidence, l'évêque transporte son séminaire et sa curie à Algaiola où il y restera quatre ans. Fin 1576, il transfère le siège épiscopal à Corti. Sans doute pense-t-il ne plus en repartir car il fait construire un palais. C'est alors qu'Alexandre Sauli, mettant un terme à ses pérégrinations, fixe définitivement la résidence des évêques d'Aleria à Cervioni. Il s'y établit en mai 1578 avec l'autorisation du pape. Le bourg de Cervione lui parut le plus propre à cette résidence, soit par la commodité de la situation et la salubrité du climat, soit par la fertilité du sol et le nombre des habitants : il y avait 300 familles. En 1571, Cervioni comptait près de 400 habitants. L'information nous est donnée par Mgr Sauli lui-même dans une lettre à Mgr Caniglia, protonotaire apostolique à Rome : « Pendant le Carême, je suis allé a Cerbione, village de 80 feux, l'un des plus agréables de mon diocèse ; pendant cette semaine de la Passion, j'y ai administré l'ordination et, la Semaine Sainte j'y ai consacré les Saintes Huiles, exhortant les habitants à respecter Dieu et à renouveler leur façon de vivre ; avec l'aide de Dieu, plusieurs d'entre eux se sont amendés » . En 1589, la paroisse de Cervioni avec l'annexe de Santa Cristina compte 170 familles (près de 850 habitants). Devenu la résidence des évêques d'Aleria, Cervioni doublera rapidement sa population et précisera sa vocation commerciale grâce à la présence de nombreux ecclésiastiques et laïcs gravitant autour du prélat. En 1570, la situation matérielle et morale du diocèse était encore lamentable. La famine, la peste, les guerres, les incursions barbaresques, le brigandage l'ont appauvrie. Dès son arrivée, Mgr Sauli se révèle un administrateur agréable. Il rétablit l'ordre, promulgue les décrets du concile de Trente et entreprend la réforme religieuse. Il impose une discipline sévère aux ecclésiastiques qu'il veut voir rasés, tonsurés et vêtus d'un habit sacerdotal réglementaire. A leur intention il édite des Constituzioni (Genova, 1571) et des Istruzione (Ibid) . Se révélant pédagogue d'avant garde, il publie la « Dottrina del Catechisimo Romano ridotta a modo più semplice e facile per uso del Clero » (Pavia, 1581). Le chapitre comprenait six chanoines : il en double le nombre, prélevant 240 écus d'or sur la mense épiscopale pour constituer une rente perpétuelle. Il les oblige à habiter Cervioni et loue quelques maisons pour les y installer. Mgr. Sauli a été un bâtisseur : en 1576, il construit une maison à Corti ; en 1578 et 1579, le séminaire, la cathédrale et le palais épiscopal à Cervioni ; en 1584, il fait réparer le couvent du Campulori ; en 1586, il fait construire une chapelle dans le Fort d'Aleria. Il emploie, à ces constructions, tous les miséreux qui s'adressent à lui : c'était sa façon de faire l'aumône. En 1584, le Sénat de Gênes voudrait que Mgr Sauli soit donné comme coadjuteur à l'archevêque de la ville. La population et le clergé du diocèse d'Aleria s'émeuvent, adressent des suppliques à Grégoire XIII et obtiennent de conserver leur évêque. Alexandre Sauli reste en Corse encore pendant 7 ans mais, le 10 mai 1591, Grégoire XIV le transfère à Pavie, pour remplacer le cardinal Hyppolite Rossi qui venait de mourir. Alexandre Sauli est mort à Pavie le 11 octobre 1592, il a été béatifié le 23 avril 1741. « Pendant vingt ans, dit Benoît XIV dans le Bref de béatification, il ne fut pas seulement l'évêque d'Aléria, mais l'apôtre de toute la Corse » . Le 15 Juin 1882, l'évêque d'Ajaccio, Mgr de la Foata, obtint de celui de Pavie une relique : la clavicule droite du Bienheureux. L'extraction et la délivrance avaient été autorisées par décrets de la Congrégation des Rites en date des 10 janvier et 24 avril 1882. Le 13 juin 1884, il l'a remise solennellement à la paroisse de Cervioni qui la conserve précieusement et la sort en procession tous les 11 octobre. Les Barnabites entreprirent alors une campagne pour la canonisation d'Alexandre. Leur bulletin mensuel lança un appel pour que ceux qui avaient obtenu une grâce miraculeuse se fassent connaître. Des témoignages parvinrent d'Italie, de France, de Corse. Le 11 décembre 1904, Pie X décrétait et définissait Saint, et inscrivait au catalogue des Saints, Alexandre Sauli, évêque et confesseur. En 1963, à la demande du chanoine Saravelli et des autorités municipales, la Sacrée Congrégation des Rites, par un rescrit du 28 septembre, a déclaré SAINT ALEXANDRE SAULI Patron céleste de la ville de Cervioni, et SAINT ERASME restant le titulaire de la cathédrale et le patron de la paroisse.

  • Saint Erasme

La vie de saint Erasme de Gaète ou saint Elme se situe au Illéme siècle. Evêque d'Antioche sous Dioclétien, il dut se réfugier au Liban pour fuir les persécutions.

Lorsqu'il rentra dans son diocèse, ce fut pour se faire arrêter; mais un ange intervint et le transporta miraculeusement jusqu'en Occident où il vécut à Sirmium, puis à Formies en Campanie. Sa vie s'acheva malgré tout, de façon tragique : martyrisé, ses bourreaux commencèrent par lui enfoncer des alênes sous chaque ongle des mains, puis le brûlèrent au fer rouge avant de l'arroser d'huile bouillante.

Saint Erasme a toujours joui d'une très grande popularité dans le monde chrétien. En Corse comme ailleurs, il est devenu le saint patron des marinari (marins) qui l'honorent chaque année encore, le jour de sa fête. On attribue l'origine de ce patronage à un prodige : entouré de fidèles, saint Erasme était en train de prêcher quand un orage éclata brusquement; la terreur s'empara de l'assistance mais le saint demeura, lui, absolument tranquille, et l'on vit qu'au-dessus de sa tête, le ciel restait calme et serein tandis que la foudre tombait à ses côtés, l'épargnant miraculeusement. C'est pourquoi les marins ont donné le nom de feux Saint-Elme aux aigrettes lumineuses qu'ils aperçoivent parfois à l'extrémité des vergues et des mâts de leurs bateaux; ce nom désigne aussi les petites flammes qui voltigent la nuit à la surface de l'eau. Le patron des marinari a reçu comme attribut un cabestan avec un câble enroulé. Cet attribut a valu à saint Erasme la spécialité de guérir les maux intestinaux. En effet, les gens de terre, ne sachant reconnaître le cabestan et son câble, pensèrent que le saint était entouré de ses propres intestins dévidés sur un treuil; ils attribuèrent cette particularité à son martyre et dès lors, saint Erasme fut invoqué contre les maux de ventre.

Les hommes de mer n'ont pas tous le même saint patron : les pêcheurs ont pris saints Pierre et Paul et les marinari (marins), sant' Erasmu. Ce dernier fut donc naturellement choisi pour patronner la Confrérie des marins corses établis en l'église des Jésuites d'Aiacciu. Ce n'est pas la seule confrérie placée sous la protection de saint Erasme; il y en a dans de nombreux villages et villes côtières tels que Calvi, Erbalunga, Bunifaziu, etc. Ces confrénes fêtent chaque année leur saint patron le 2 juin, et le reste de l'année, participent aux différentes processions du lieu. L'église de Cervioni fut consacrée à saint Erasme pour une raison bien particulière : lorsqu'il entreprit sa construction, saint Alexandre Sauli décida qu'il dédierait l'édifice au saint dont la fête coïnciderait avec la fin des travaux. Tout fut terminé un 2 juin, et sant' Erasmu en fut le bénéficiaire!

  • Prosper Mérimée

Prosper Mérimée visitant la Corse, ne trouve aucun interet aux églises desXVIIe et XVIIIe siècles et critique leur décoration intérieure due à des barbouilleurs italiens. Toutefois il fit exeption pour 3 d’entre elles : l’église sainte croix et la cathédrale de Bastia, la cathédrale de Cervioni. Il manifeste le même mépris pour les campaniles de l’époque : « élégants vus de loin, ils ne peuvent supporter l’examen lorsqu’on se rapproche ». il cite cependant comme faisant partie des plus ramarquables, celui de Cervioni avec ceux de la cathédrale de Bastia, de Chjatra, Tallà, Linguizzetta et Sartene.

  • Philippe Pescetti

Il faut attendre 1927 pour qu’un enseignement au-delà du certificat d’études primaires soit officiellement organisé. C’est encore un des ces évènements favorables qui se produisent périodiquement et redonnent à cervioni et au canton une vitalité perdue. Cet heureux évènement a été provoqué par Philippe Pescetti qui avait été nommé adjoint à l’école de garçons de cervioni le 28 Septembre 1909 et en était devenu le directeur. En 1927 il obtint l’autorisation de créer un cours complémentaire. Le 1/10, quelques élèves qui ont apporté leur chaise, se groupent autour du directeur pour suivre un enseignement de qualité. En 1929, le nouvel étalissement compte 29 élèves. En 1930, il y en 46 répartis en 2 classes. La réputation du cours complémentaire a immédiatement gagné les cantons voisins. Des élèves de plus en plus nombreux s’installent à cervioni, souvent accompagnés de leurs parents. En 1945 Philippe Pescetti quitte la direction du cours complémentaire pour une retraite dont il ne jouira malheureusement pas longtemps. Depuis le cours complémentaire est devenu collège d’enseignement général.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Cervione sur le site de l'Insee

[modifier] Liens externes

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