Constantin Ier (empereur romain)

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Flavius Valerius Aurelius Constantinus, né à Naissus (aujourd'hui Niš en Serbie) le 27 février 274, proclamé trente-quatrième empereur romain en 306 par les légions de Bretagne et mort le 22 mai 337 après 30 ans de règne, est une figure prépondérante du IVe siècle.

Il est le premier empereur romain à se convertir au christianisme et en rupture avec le règne de Dioclétien ; non seulement il marque la fin d'une ère de persécution des chrétiens, mais il aide l'Église chrétienne à prendre son essor, en établissant la liberté de culte par le biais de l'Édit de Constantin, et en plaçant le divin au-dessus de son rôle d'Empereur qui était jusque-là sacralisé. Il est considéré comme saint par l'Église orthodoxe, de même que sa mère Hélène.

Son nom de référence est Imperator Caesar Flauius Valerius Aurelius Constantinus Pius Felix Inuictus Augustus, Germanicus Maximus, Sarmaticus Maximus, Gothicus Maximus, Medicus Maximus, Britannicus Maximus, Arabicus Maximus, Adiabenicus Maximus, Persicus Maximus, Armeniacus Maximus, Carpicus Maximus.

Buste de Constantin Ier, bronze, IVe siècle, musées du Capitole
Buste de Constantin Ier, bronze, IVe siècle, musées du Capitole

Sommaire

[modifier] Vers le pouvoir

Fils du César Constance Chlore et de sa première épouse Hélène, de basse extraction, Constantin rejoint son père en Bretagne (Grande-Bretagne actuelle) quand celui-ci devient Auguste après l'abdication de Dioclétien et de Maximien Hercule, en 305. Peu après, à la mort de son père à York, le 25 juillet 306, les troupes le proclament César. La troisième tétrarchie comprend ainsi deux Augustes, Galère et Sévère, et deux Césars, Maximin Daïa et Constantin. Quelques mois plus tard, comme Maxence, fils de Maximien, avait pris le contrôle de l'Italie et de l'Afrique du Nord sous le titre d'Auguste, Constantin épousa la sœur de Maxence, Fausta, et prit lui aussi ce titre.

C'est à partir de 306 que Constantin établit sa résidence principale à Trèves qu'il embellit considérablement. Cette position géographique relativement proche du Rhin lui permet de poursuivre les efforts de son père visant à sécuriser les abords du Rhin.

En 310, après des campagnes victorieuses contre les Francs et les Alamans unis aux Bructères, aux Chamaves, aux Chérusques et aux Tubantes, il déjoue un complot de son beau-père, Maximien, qui est contraint de se suicider dans des circonstances mal éclaircies.

En 311, à la mort de Galère, règnent quatre Augustes : Maximin Daïa, Constantin, Licinius et Maxence.

Songe de Constantin et bataille du pont Milvius, illustration des Homélies de Grégoire de Nazianze, 879-882, Bibliothèque nationale de France (Ms grec 510)
Songe de Constantin et bataille du pont Milvius, illustration des Homélies de Grégoire de Nazianze, 879-882, Bibliothèque nationale de France (Ms grec 510)

Le 28 octobre 312, il est vainqueur de Maxence, et remporte la bataille du pont Milvius. C'est lors de son passage au temple d'Apollon de Granum que Constantin affirme avoir vu dans le ciel un signe lumineux, identifié plus tard comme le chrisme, formé des deux lettres grecques Khi (Χ) et Rho (Ρ), les initiales du mot Christ. Ce signe est depuis un emblème de la Chrétienté combattante, notamment dans l'Empire d'Orient. La part de légende dans cette histoire reste cependant forte[1]. Il s'établit à Nicomédie, sur les bords du Bosphore.

En 313, il rencontra, à Milan, Licinius et conclut avec lui un accord de partage de l'Empire. Parmi les mesures prises en commun figurait un édit de tolérance religieuse, appelé habituellement édit de Milan. Les biens des chrétiens qui leur avaient été confisqués leur étaient rendus, leur culte était autorisé, ils n'étaient plus victimes de discriminations. L'édit de Milan ne constitue pas formellement une officialisation du culte chrétien, qui est mis à égalité avec les autres cultes. Il semble que lors de cette rencontre Licinius et Constantin aient élaboré les grandes lignes de leur politique, y compris en matière religieuse, puis communiqué aux gouverneurs des provinces par des courriers leurs décisions. C'est Licinius qui le 13 juin 313 à Nicomédie (actuelle Izmit) fait afficher un rescrit impérial reprenant les décisions prises à Milan concernant le christianisme. Un an plus tard, Constantin convoque à Arles un concile qui condamne le donatisme (1er août 314).

Après un premier conflit, assez mal connu, en 316, son beau-frère, Licinius, qui avait vaincu Maximin Daïa en 313, perdit presque toutes les provinces d'Europe.

En 315, Constantin prit le surnom de Grand.

En 317, les empereurs désignèrent comme Césars les deux fils de Constantin, Crispus et Constantin, et le fils de Licinius, Licinius le Jeune. C'est vers cette date que Constantin transféra sa capitale à Sirmium (l'actuelle Sremska Mitrovica, en Serbie), puis à Serdique (Sofia).

À partir de 320, Constantin entra de nouveau en conflit avec Licinius. En 324, Licinius fut vaincu à Andrinople, puis à Chrysopolis et fit sa soumission à Nicomédée. Il fut peu après exécuté, ainsi que son fils. L'unité de l'Empire était rétablie.

[modifier] La réorganisation de l'Empire Romain

[modifier] Les réformes administratives

Constantin transforme l'organisation du pouvoir central qui était demeurée sensiblement la même depuis le Haut Empire. Le préfet du prétoire est remplacé par le questeur du Palais sacré qui rédige les édits. Celui-ci dirige le consistoire sacré, qui remplace le conseil de l'empereur. Le maître des offices dirige le personnel administratif, les fabriques d'armes et les scholæ de la garde ; le maître des milices, l'infanterie et la cavalerie ; le comte des largesses sacrées, le fisc; le comte de la fortune privée, la res privata, c'est-à-dire la caisse privée de l'empereur, les revenus personnels de ce dernier étant issus essentiellement du revenu de ses immenses domaines. La grande nouveauté est cependant la grande augmentation des fonctionnaires travaillant dans les bureaux centraux. Une foule de notaires, d'agents secrets (les agentes in rebus), près de 1 000 fonctionnaires au Ve siècle[2], et d'employés divers font de l'Empire romain une véritable bureaucratie[3].

[modifier] L'œuvre législative

Mosaïque dans l'église Sainte-Sophie à Constantinople
Mosaïque dans l'église Sainte-Sophie à Constantinople

Afin de favoriser les chrétiens, il abrogea les lois d'Auguste sur le célibat, imposa le repos dominical, autorisa l'affranchissement des esclaves par déclaration dans les églises (333), interdit (325) que l'on sépare les familles lors des ventes (retrouvant une disposition d'Hammourabi), autorisa l'Église à recevoir des legs et accorda le droit aux plaideurs de choisir entre le tribunal civil et la médiation de l'évêque. De plus, il promulgua des lois contre la prostitution des servantes d'auberges, contre les enlèvements, et sur l'humanisation des prisons (326). Enfin de nombreuses lois furent créées afin de lutter contre les relations extra-maritales, là encore pour renforcer le poids du mariage et des cérémonies religieuses chrétiennes autour de ce sacrement. Ainsi, en 329, une loi punit l'adultère d'une femme avec son esclave, en 331, une autre restreint le droit au divorce. En 336, une loi pénalisa les naissances illégitimes.

[modifier] Les réformes économiques

Solidus de Constantin, Ticinum (actuelle Pavie), 313, Cabinet des médailles (Beistegui 233)
Solidus de Constantin, Ticinum (actuelle Pavie), 313, Cabinet des médailles (Beistegui 233)

Constantin institua une nouvelle monnaie d'or, le solidus dont la stabilité et l'abondance fut assurée grâce aux confiscations qu'il fit des importants stocks d'or des temples païens. Le nom du solidus déformé en sou se maintint jusqu'à la Révolution française. Par contre, la dévaluation des monnaies d'argent et de bronze aggrava l'inflation et l'appauvrissement des couches modestes de la population.

Icône de détail Article détaillé : Monnaie romaine.

[modifier] Un empereur bâtisseur

Constantin entreprit la construction de nombreuses églises, entre autres la célèbre basilique constantinienne, ou basilique du Latran et « l'Église d'or » à Antioche.

À partir de 324, Constantin transforma la cité grecque de Byzance en une « Nouvelle Rome », à laquelle il donna son nom : Constantinople. Il y installa la capitale, et l'inaugura en grande pompe après douze ans de travaux, en 330. Constantinople est bâtie sur un site naturel défensif qui la rend pratiquement imprenable alors que Rome est sans cesse sous la menace des Germains[4]. Elle est également près des frontières du Danube et de l'Euphrate là où les opérations militaires pour contenir les Perses et les Goths sont les plus importantes. Elle est enfin située en bordure des terres de vieille civilisation hellénique. Constantin la bâtit sur le modèle de Rome avec sept collines, quatorze régions urbaines, un Capitole, un forum, un Sénat. Dans les premiers temps, il permet l'implantation de temples païens mais très vite la ville devient presque exclusivement chrétienne[5] et ne comporte que des édifices religieux chrétiens. Dès Constantin, la ville compte 100 000 habitants. Celui-ci y fait construire, le palais impérial, l'hippodrome le nouveau nom donné aux cirques romains ainsi que l'église de la Sagesse Sacrée (Sainte-Sophie)[6]. Il rebâtit la ville de Cirta actuelle Constantine (Algérie) et lui donna son nom. C'est après la victoire des Romains sur les Numides vers 203 av. J.-C., que Cirta était devenu une importante colonie romaine. En 310, elle fut mise à sac par l'armée de l'empereur Maxence, qui régna sur la moitié occidentale de l'Empire romain de 306 à 312/313 après J.-C.

[modifier] La naissance du césaropapisme

Icône de détail Article détaillé : Césaropapisme.

[modifier] L'idéologie impériale

Tête colossale de Constantin Ier, IVe siècle, musées du Capitole
Tête colossale de Constantin Ier, IVe siècle, musées du Capitole

Du fait de sa conversion, Constantin ne cherche pas à affirmer une filiation divine. Il prétend plutôt avoir été investi par le dieu des chrétiens pour gouverner l'Empire. La monnaie de l'époque montre une main sortant du ciel et lui tendant une couronne. La conversion de Constantin pose le problème du césaropapisme. L'empereur agit comme un clerc dans sa manière d'exercer le pouvoir. À Constantinople, il construit son palais comme si c’était une église ; il affirme avoir reçu une vision du Christ comme s’il était un apôtre, il porte d'ailleurs comme les empereurs à sa suite le titre d'isopostole, égal aux apôtres[7] ; il agit comme un évêque lors du Concile de Nicée convoqué par lui-même, mais il ne l’est pas[8]. Constantin affirme qu'il est le représentant de Dieu sur la terre. En son intelligence se reflète l’intelligence suprême[9]. Constantin affirme : « la providence divine agit de concert avec moi »[10]. En tant que réprésentant de Dieu sur Terre, ses décisions sont sacralisées. De ce fait, il lui parait évident que les décisions religieuses relèvent de son autorité. Il s'entoure d'un faste incroyable pour exalter la grandeur de la fonction impériale. Désormais la romanité et la religion chrétienne sont liées. Eusèbe de Césarée, reprenant les thèses de Méliton de Sardes[11], élabore, à cette époque, la théologie de l'empire chrétien. Pour lui, l'unification politique a permis l'unification religieuse. L'empereur est dans ce cadre, le serviteur de Dieu et comme l'image de fils de Dieu, maître de l'univers[12]. L'empereur reçoit aussi la mission de guide vers le salut et la foi chrétienne. Son intervention grandissante dans les questions religieuses se trouve ainsi légitimée ainsi que le césaropapisme.

Voulant mettre fin à la querelle qui divisait les chrétiens à propos du rapport entre le Fils et le Père, il convoqua et présida un concile œcuménique le 20 mai 325 dans la ville de Nicée, en Bithynie. La conception inspirée par les thèses du prêtre Arius (subordination du Fils au Père) y fut condamnée. La plupart des 250 ou 300 évêques présents signèrent un « symbole » (un accord) comportant le credo encore en usage aujourd'hui dans la plupart des Églises. Constantin se chargea d'appliquer les décisions du concile de Nicée en faisant chasser de leurs sièges les évêques « ariens » (on dit aussi « homéens » ; ceux qui ont accepté le credo sont appelés « orthodoxes », « nicéens » ou « homoousiens »). Mais, à la fin de sa vie, Constantin se rapprocha des ariens et c'est leur chef, Eusèbe de Nicomédie, qui organisa son baptême, sur son lit de mort.

[modifier] La politique extérieure

Constantin mena campagne contre les Goths, leur imposa la paix en 332, puis se porta contre les Sarmates du moyen Danube.

[modifier] Mort et succession

En 326, Constantin fit périr son fils aîné Crispus, puis son épouse Fausta. On ignore les raisons de ces exécutions, qui ne sont peut-être pas liées entre elles, mais on a évoqué un adultère ou une dénonciation calomnieuse de la part de Fausta.

En 337, il venait de déclencher un conflit avec la Perse Sassanide de Sapor II et s'apprêtait à mener une expédition contre cet empire, quand il mourut subitement près de Nicomédie. Il est baptisé sur son lit de mort. Il est enterré dans l'église des Saints-Apôtres qu'il avait fait construire à Constantinople.

Quand Constantin meurt, il n'a pas réglé sa succession. Ses trois fils se proclament Augustes après avoir assassiné leurs oncles et cousins à l'exception de Julien qui auraient pu être des concurrents. Ils se partagent l'Empire mais finissent par se disputer. Finalement l'Empire est réuni sous l'autorité du second fils de Constantin, Constance II qui nomme deux césars aux pouvoirs très réduits. Le nouvel empereur poursuit la politique de son père.

[modifier] Canonisation

Constantin est mort, d'après Eusèbe, le 22 mai 337, un dimanche de Pentecôte. Il est inscrit dans la plupart des calendriers byzantins le 21 mai avec sa mère Hélène, parfois le 22 (comme dans le lectionnaire de Jérusalem).

[modifier] Contemporains

[modifier] Notes et références

  1. Paul Matagne, revue Histoire antique, Constantin, n°26 juillet-août 2006, pp 64-69
  2. A Ducellier, M Kaplan et B Martin, (1978),Le Proche-Orient médiéval, Hachette, 1978 p. 22
  3. Christol et Nony,Des Origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974 p. :214.
  4. Ducellier, Kaplan et Martin, p. 24.
  5. Ducellier, Kaplan et Martin, p. 25.
  6. Lançon [1997],L'Antiquité tardive, PUF, coll. « Que sais-je ? », no 1455, 1997, p. 97.
  7. Pouvoir de la religion et politique religieuse dans les premiers siècles du christianisme, l’exemple de deux empereurs : Constantin et Justinien, Anne Fraïsse dans [1]
  8. Gilbert Dagron, Empereur et prêtre, étude sur le césaropapisme byzantin, Gallimard, 1996.
  9. Charles Diehl, Histoire de l'Empire Byzantin, P., Picard, 1920,1;1 dans [2].
  10. phrase citée dans l'article Césaropapisme de l'Encyclopaedia Universalis
  11. Cf. « Christianisme et stoïcisme », par Mihai Anton, in X-Passion, n° 37, 2004.
  12. Eusèbe de Césarée, La théologie politique de l'empire chrétien, Cerf, 2001.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Constantin Ier.

  Les empereurs romains  
Seconde Tétrachie

Augustes : Constance Chlore & Galère (305 - 306)
Césars : Maximin Daïa (305 - 313) & Sévère (305 - 307)

Constantin Ier (306 - 337) et Licinius (308 - 324) (Tétrarchie) Constantin II (337 - 340) & Constant Ier (337 - 350) & Constance II (337 - 361)

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