Bataille de Jumonville Glen

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Bataille de Jumonville Glen
Informations générales
Date 28 mai 1754
Lieu Près d'Uniontown, Pennsylvanie
Issue Victoire britannique
Belligérants
Royaume de France Royaume de France  Grande-Bretagne
Commandants
Joseph Coulon de Villiers George Washington
Forces en présence
31 soldats 40 soldats
Pertes
10 morts
21 capturés
1 mort
2 blessés
Guerre de Sept Ans
Europe

Minorque (navale) — Lobositz — Reichenberg — Prague — Kolin — Hastenbeck — Gross-Jägersdorf — Moys — Rossbach — Breslau — Leuthen — Krefeld — Domstadl — Zorndorf — Saint-Cast — Tornow — Hochkirch — Lutzelberg (1758) — Bergen — Kay — Minden — Kunersdorf — Neuwarp (navale) — Hoyerswerda — Maxen — Meissen — Landshut — Emsdorf — Warburg — Legnica — Kloster Kampen — Torgau — Villinghausen — Kolberg — Wilhelmstahl — Burkersdorf — Lutzelberg (1762) — Freiberg — Baie de Quiberon (navale)


Amérique du Nord
Jumonville Glen — Fort Necessity — Fort Beauséjour — Monongahela — Petitcoudiac — Lac George — Fort Bull — Fort Oswego — Kittanning — Fort William Henry — Louisbourg — Cran — Fort Carillon — Fort Frontenac — Fort Duquesne — Fort Ligonier — Fort Niagara — Beauport — Plaines d'Abraham — Sainte-Foy — Ristigouche (navale) — Mille-Îles — Signal Hill


Inde
Plassey — Gondelour — Negapatam (navale) — Pondichéry (navale) — Wandiwash


Philippines
Manille

La bataille de Jumonville Glen, connue aussi sous le nom de L'affaire Jumonville, eut lieu le 28 mai 1754 dans l'actuel état de Pennsylvanie aux Etats-Unis d'Amérique. Théatre d'une affaire en abyme, elle a pour cause la lutte entre Français et Anglais pour le contrôle de la vallée de la rivière Ohio et se solda par une victoire anglaise. Si elle trouva un prolongement immédiat dans la bataille de Fort Necessity, ce fut aussi le premier affrontement de la guerre de Sept Ans, appelée French and Indian War aux Etats-Unis pour sa partie américaine, qui allait plus tard s'étendre en Europe .

Le commandant français est Joseph Coulon de Villiers, sieur de Jumonville, son adversaire est George Washington, futur premier président des Etats-Unis, alors jeune officier dans la milice de Virginie, troupe d'auxiliaires coloniaux britanniques.

Sommaire

[modifier] Prolégomènes

Depuis l'expédition de La Galissonière dans les territoires de l'Ohio en juin 1749, les français cherchent à installer durablement leur présence, avec pour objectifs de construire une série de forts et s'assurer du contrôle des amérindiens y habitant. Prenant les anglais de cours, la concurrence pour cette région riche en promesses commença.

En 1753, George Washington, jeune planteur enrôlé, accomplit une mission d'émissaire pour le compte du Gouverneur de Virginie Robert Dinwiddie auprès de Jacques Legardeur de Saint-Pierre, commandant des forces françaises en Ohio, à Fort Le Bœuf (maintenant Waterford en Pennsylvanie). Invité à diner par son hôte, il lui fut opposé une fin de non recevoir quant à la teneur de son message : l'exigence du retrait français des territoires de l'Ohio.

En février 1754, les Virginiens élèvent un fortin, le Fort Prince George, aux confins des rivières Ohio, Allegheny et Monongahela. En avril, les français les en délogent et bâtissent à la place Fort Duquesne[1]. Washington, promu Lieutenant colonel du nouveau régiment de Virginie, se trouve dans le sud de la Pennsylvanie quand il apprend la chute de Fort Prince George. Le 25 mai, il assume le commandement après la chute de cheval mortelle du commandant du régiment Joshua Fry.

Son parcours montre un George Washington actif et ambitieux, désireux de se mettre en avant malgré son jeune âge - il a 22 ans ! Sa bonne connaissance de la région le feront choisir comme aide-de-camp du général Braddock lors de l'expédition Braddock contre Fort Duquesne en 1755.

[modifier] L'affrontement

Le 27 mai 1754, Washington apprend qu'un détachement français d'une trentaine d'hommes campe dans une petite gorge non loin de Great Meadows. Au matin du 28, il s'y rend avec 40 hommes et des auxiliaires amérindiens. Aucune sentinelle n'est postée autour du campement. Le mot « bataille » est un peu emphatique pour décrire l'engagement : une fusillade de 15 minutes. 10 soldats français sont tués et 21 sont capturés, y compris le commandant du détachement, Joseph Coulon de Jumonville, qui est blessé [2]. Les Virginiens comptent 1 mort et 2 blessés.

C'est alors que Coulon de Jumonville est assassiné.

Les Britanniques avancèrent qu'il fut tué par le chef amérindien Tanaghrisson, surnommé Half King, de la tribu Sénéca, hostile aux français -qu'il accusait d'avoir tué et mangé son père- et présent au côtés de Washington qui ne tenait plus sa troupe. Ils considèrent ce geste comme un calcul prémédité pour déclencher la guerre. Half King aurait dit en français « Vous n'êtes pas mort encore mon père !? » avant de tuer Jumonville d'un coup de hache.

[modifier] L'affaire Jumonville

Le site de Jumonville Glen, en Pennsylvanie (Etats-Unis d'Amérique).
Le site de Jumonville Glen, en Pennsylvanie (Etats-Unis d'Amérique).

Venu avec un statut d'émissaire, Coulon de Jumonville avait pour mission de reconnaître si le territoire réclamé par la France avait été envahi, et délivrer le cas échéant aux Anglais une sommation de retrait des terres du roi Louis XV[3]. Son petit détachement était en fait une ambassade, accomplissant une démarche identique à celle de George Washington un an plus tôt à Fort Le Bœuf. D'où le manque de précautions comme l'absence de sentinelles.

Les français affirmèrent qu'il fut exécuté alors qu'il protestait d'avoir été pris en embuscade. Washington se justifiera par la suite en disant l'avoir pris pour un espion plutôt qu'un émissaire.

Dans une lettre à son frère, George Washington écrit à propos de Jumonville Glen :

"I fortunately escaped without any wound, for the right wing, where I stood, was exposed to and received all the enemy's fire, and it was the part where the man was killed, and the rest wounded." (« Je sorti d'aventure sans aucune blessure de l'aile droite, où je me tenais, qui était exposée et reçue tout le feu ennemi ; C'est là où fut tué [notre] homme, et ceux qui furent blessés »). Il conclut par une phrase restée célèbre : "I heard the bullets whistle, and, believe me there is something charming in the sound." (« J'ai entendu siffler les balles, et croyez moi il y a chose captivante en ce bruit »).

[modifier] Suites

Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur, commandant du Fort Duquesne, envoie un détachement de 500 hommes pour capturer Washington et en confie le commandement au propre frère de Jumonville, Louis Coulon de Villiers. Les poursuivants, qui trouvent les cadavres des victimes abandonnés aux loups, parviennent à leurs fins plus d'un mois plus tard, à Fort Necessity, lors de la bataille de Great Meadows, le 3 juillet 1754. George Washington évite le jugement pour meurtre, et donc l'exécution, en échange de sa reddition et d'aveux signés complets où il s'accuse être l'assassin de l'officier français. Il est remis en liberté.

Il nia plus tard les faits, arguant ne pas comprendre le français, langue dans laquelle est rédigé le texte, par ailleurs contenant plusieurs sujets. Il affirma que la traduction qu'on lui donnât pour qualifier l'acte était "death of" (« mort de ») ou "killing" (« tuerie ») mais pas "assassination" (« assassinat »). Une copie du document figure au musée de Fort Necessity National Battlefield, en Pennsylvanie.

L'affaire fait du bruit jusqu'en Europe, où la guerre s'emballe en même temps que l'arrivée de la nouvelle. Le meurtre de Joseph de Jumonville fait scandale en France. Voltaire, pourtant anglophile, s'indigne : « Je ne suis plus Anglais depuis que les Anglais sont pirates sur mer et assassinent nos officiers en Nouvelle-France ». En Angleterre, le politicien et écrivain Horace Walpole dépeint laconiquement l'affaire : " The volley fired by a young Virginian in the backwoods of America set the world on fire." (« Ce coup de feu tiré par un jeune Virginien dans les forêts d'Amérique a mis le Monde en feu »).

La réputation de George Washington en est ternie - momentanément.

[modifier] Notes et références

  1. Ils en seront chassé en 1758 par les anglais qui bâtiront Fort Pitt, qui deviendra plus tard la ville de Pittsburgh en Pennsylvanie.
  2. Un homme réussit à s'échapper et rejoint Fort Duquesne donner l'alerte.
  3. Même si les relations étaient très tendues, aucune belligérance n'avaient encore été déclarée.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

Il est bien entendu intéressant de comparer les visions anglo-étatsunienne et franco-canadienne de l'affaire.

[modifier] Réferences

  • (en)Montcalm and Wolfe, The Riveting Story of the Heroes of the French and Indian War, Francis Parkman, 1884.
  • (fr)Les dernières années de la Louisiane française, Marc de Villiers Du Terrage, Paris, 1905.
  • (fr)Notes sur la famille Coulon de Villiers, BRH, XII, Amédée Gosselin, 1906.
  • (fr)Papiers Contrecœur et autres documents concernant le conflit anglo-français sur l'Ohio de 1745 à 1756, Edition Fernand Grenier, Les Presses Universitaires Laval, Quebec, 1952.
  • (en)New France, G.F.G Stanley, 1968.
  • (en)Empire of Fortune: Crowns, Colonies, and Tribes in the Seven Years War in America. Francis Jennings, Norton, 1988.
  • (en)Crucible of War: The Seven Years' War and the Fate of Empire in British North America, 1754-1766, Fred Anderson, 2000.
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