Benoît XIII (antipape)
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Pedro de Luna ou encore Pierre de Lune (1329 Illueca - 1423), originaire d’Aragon, devient pape d'Avignon sous le nom de Benoît XIII. Il est aujourd'hui considéré comme un antipape par l'Église catholique.
Il est issu d’une famille noble d’Aragon. Il s’adonna d’abord à la jurisprudence civile et canonique, quitta cette étude pour porter les armes, la reprit ensuite, enseigna le droit canonique comme professeur à l’Université de Montpellier. Il laissa de nombreux ouvrages de droit, et même des manuels de théologie et d’ascèse.
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[modifier] Cardinal au début du grand schisme d’Occident
Il fut fait cardinal en 1375. Familier de Grégoire XI, il est prévôt de Valence (Espagne) et cardinal diacre de Sainte-Marie in Cosmedin.
Après bien des hésitations, il se range parmi les adversaires d’Urbain VI, participe à l’élection de Clément VII à Avignon et met à la disposition de celui-ci sa science juridique et ses talents de diplomate. Légat dans les royaumes ibériques de 1378 à 1390, il conduit la Castille et l’Aragon à adhérer à l’obédience du pape avignonnais. Pour une conférence diplomatique tenue à Medina del Campo en 1380, il compose un Traité du Schisme qui est un plaidoyer rigoureux en faveur de la position prise à Fondi par les cardinaux rebelles à Urbain VI.
Il est ensuite légat à Paris, chargé de négociations avec les principautés de la France du Nord et même avec l’Angleterre et l’Écosse.
[modifier] Pape à Avignon
À la mort de l’antipape Clément VII (1394) qui siégeait à Avignon, les cardinaux avignonnais l’élurent en même temps pape le 28 septembre 1394 (il est ordonné prêtre et consacré évêque) que les cardinaux de Rome élisaient Boniface IX ; il prit le nom de Benoît XIII. À la voie de cession – démission des deux papes – qui semblait avoir sa faveur quand il était cardinal, et dont on parle beaucoup à Paris, il substitue alors la voie de convention, c’est-à-dire la recherche d’un accord par négociation. Il récuse donc toutes les ambassades des princes et des universités qui tentent de le pousser à la cession. Dans le même temps, des négociations avec le pape romain Boniface IX se révèlent infructueuses.
Benoît XIII irrite donc, par son obstination, la plupart de ses cardinaux, autant que le roi de France et le duc de Bourgogne, qui domine alors le Conseil royal. Les seuls soutiens du pape restent le duc Louis Ier d’Orléans et le roi d’Aragon.
La France fait soustraction d’obédience en 1398, suivie par Naples et la Provence, la Castille et la Navarre. Benoît XIII est assiégé dans son palais par l’armée de Boucicaut. La Provence du roi Louis II d'Anjou ayant restitué son obédience en 1401, le pape s'évade en 1403 et s'y réfugie.
La France restitue à son tour son obédience en 1403, mais fait une soustraction partielle en 1406 qui réserve le pouvoir purement spirituel du pape. Après l’échec des négociations avec le pape de Rome, et les longues palinodies qui conduisent les deux adversaires à deux jours de marche l’un de l'autre, la France proclame sa neutralité entre les deux papes en 1408. Menacé par Boucicaut, Benoît XIII s’échappe et se retire d’abord à Châteaurenard, puis à Perpignan.
[modifier] Fin du grand schisme et déchéance papale
Après l’échec de longues négociations entre les cardinaux des deux obédiences et leurs papes, le concile de Pise dépose à la fois Benoît XIII et Grégoire XII, et élit Alexandre V. Alors que Grégoire XII et Jean XXIII, successeur d’Alexandre V, s’inclinent finalement devant le concile de Constance, Benoît XIII, seul, refuse d’abdiquer.
Abandonné de tous les princes, il se retire à Peñíscola où, jusqu’à son dernier jour, il multiplie les écrits juridiques, réfutant les prétentions conciliaires dans un Traité du Concile général où il dénie toute juridiction ou autorité aux cardinaux séparés de leur pape. Il fulmine des excommunications et fait cardinaux ses ultimes fidèles. Il meurt soit le 29 novembre 1422, soit le 23 mai 1423, soit le 17 novembre 1424.
[modifier] Succession
À sa mort, ses quatre derniers cardinaux se divisent. Trois d’entre eux élisent Gil Sanchez Muñoz sous le nom de Clément VIII, mais le quatrième, Jean Carrier élit à lui tout seul Bernard Garnier sous le nom de Benoît XIV. Le premier finira par se soumettre au pape Martin V, mais à la mort du second, Jean Carrier en reprend le nom et crée un schisme minoritaire. La lignée du second, dénuée de toute reconnaissance se perd dans l’oubli et a donné naissance à la légende des Antipapes imaginaires.
Aujourd’hui, on ne compte pas Benoît XIII dans la suite des papes, mais seulement comme antipape à Avignon. Son nom et son numéro seront repris au XVIIIe siècle par le pape légitime Benoît XIII à Rome.
[modifier] Source partielle
« Benoît XIII », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
[modifier] Bibliographie
(es) BENEDICTO XIII, Libro de las consolaciones de la vida humana - Ed Antinea 1998.
(es) Xavier Adro, El Papa de Peñiscola, un siglo de Europa., Édictions Petronio, Madrid, 1975.
(es) Joan Simó Castillo, La verdad sobre el "indestronable" Papa Luna, Imprenta Castell, 1976.