Acide carboxylique

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Vue 3D d'un groupement carboxyle.
Vue 3D d'un groupement carboxyle.

Le terme acide carboxylique désigne une molécule comprenant un groupement carboxyle. Ce sont des acides et leurs bases conjuguées sont appelées carboxylates.

En chimie organique, un groupe carboxyle est un groupe fonctionnel composé d'un atome de carbone, lié par une double liaison à un atome d'oxygène et lié par une liaison simple à un groupe hydroxyle.

Sommaire

[modifier] Généralités

En chimie, les acides carboxyliques constituent avec les acides sulfoniques (R-SO3H), les deux types d'acides de la chimie organique. On les trouve de manière abondante dans la nature, sous la forme d'acide gras (lipide) et ils sont très importants en chimie industrielle. Par exemple, l'acide acétique (ou acide éthanoïque) est non seulement une brique importante pour les molécules complexes que l'on trouve en biologie, mais est aussi une molécule produite industriellement et qu'on retrouve dans le vinaigre. Un des plus connus est l'acide acétylsalicylique, plus connu sous le nom d'aspirine. La brique de base des protéines, les acides aminés sont des acides carboxyliques.

Le groupe fonctionnel (caractéristique) est le groupe carboxyle :

Image:acide carboxylique.gif

(ou R est un hydrogène ou un groupe organique)

Les acides carboxyliques ont pour formule brute CnH2nO2 lorsque le R est un groupe alkyle. la calcul du nombre d'insaturation donne: \frac{2n+0-2n+2}{2}=1~. Cette insaturation traduit la liaison double carbone-oxygène.

On écrit souvent les groupements carboxyles sous la forme réduite : -COOH (forme non ionisée du groupement). La forme ionisée du groupement est : -COO-.

Celui-ci est toujours situé en fin de chaîne carbonée. L'ajout d'un groupement carboxyle a un composé organique est une carboxylation, l'élimination de ce même groupement est une décarboxylation.

[modifier] Ions carboxyliques

Ce sont des bases plutôt faibles. La charge négative sur la molécule est portée par un oxygène. Cette molécule partage sa charge négative entre ses deux oxygènes par résonance. Ce qui explique leur stabilité relative.

[modifier] Nomenclature

  • Systématique : on ajoute le suffixe « -oïque » au nom de l'alcane correspondant (ayant le même nombre d'atomes de carbone), et en le faisant précéder précéder de "acide".
  • Usuelle : comme de nombreux composés organiques, les acides carboxyliques ont des noms usuels fréquemment utilisés dans la littérature et rappelant la source depuis laquelle ils furent d'abord isolés.
Nom et source des acides carboxyliques
Type Structure Nom IUPAC nom commun Source
monoacides
H-COOH acide méthanoïque acide formique Sécrété par certaines fourmis (latin : formica, fourmis)
CH3-COOH acide éthanoïque acide acétique latin : acetum, vinaigre
CH3CH2-COOH acide propanoïque acide propionique grec : pion, gras
CH3CH2CH2-COOH acide butanoïque acide butyrique grec: bouturos, beurre
CH3(CH2)3-COOH acide pentanoïque acide valérique valériane
CH3(CH2)4-COOH acide hexanoïque acide caproïque
CH3(CH2)5-COOH acide heptanoïque acide énanthique
CH3(CH2)6-COOH acide octanoïque acide caprylique noix de coco, lait maternel
CH3(CH2)7-COOH acide nonanoïque acide pélargonique
CH3(CH2)8-COOH acide décanoïque acide caprique
CH3(CH2)10-COOH acide dodécanoïque acide laurique huile de noix de coco
CH3(CH2)14-COOH acide hexadécanoïque acide palmitique huile de palme
CH3(CH2)16-COOH acide octodécanoïque acide stéarique graisses animales
CH3CH(OH)-COOH acide 2-hydroxypropanoïque acide lactique
CH3CH(SH)-COOH acide 2-mercaptopropanoïque acide thiolactique
acides aromatiques
C6H5-COOH acide benzoïque benzène
HO-C6H4-COOH acide 2-hydroxybenzoïque acide salicylique fruits (sous forme de salicylate de méthyle)
H3COC-O-C6H4-COOH acide 2-(acétyloxy)benzoïque acide acétylsalicylique saule, aspirine
diacides
HOOC-COOH acide éthanedioïque acide oxalique présent dans beaucoup d'aliments comme l'oseille (latin : oxalis) ou les épinards
HOOC-CH2-COOH acide 1,3-propanedioïque acide malonique
HOOC-CH2-CH2-COOH acide 1,4-butanedioïque acide succinique
HOOC-CH2-CH(OH)-COOH acide 2-hydroxy-1,4-butanedioïque acide malique Pomme (latin : malus)
HOOC-CH2-CH2-CH2-COOH acide 1,5-pentanedioïque acide glutarique
HOOC-CH2-CH2-CH2-CH2-COOH acide 1,6-hexanedioïque acide adipique monomère du nylon
triacides
HOOC-CH2-(COOH)C(OH)-CH2-COOH acide 2-hydroxypropane-1,2,3-tricarboxylique acide citrique Provient du citron

[modifier] Propriétés physiques et structurelles

[modifier] État

Les acides carboxyliques sont liquides dans les conditions normales tant que leur chaine carbonée présente moins de 9 atomes de carbone. Ils sont solides au delà.

Les acides de faible poids moléculaire possèdent une forte odeur, par exemple l'acide butanoïque est responsable de l'odeur du beurre rance.

[modifier] Polarité, solubilité

La fonction acide carboxylique est fortement polaire et est à la fois donneur et accepteur de liaisons hydrogène. Ceci permet la création de ponts hydrogène par exemple avec un solvant polaire comme l'eau, l'alcool, et d'autres acides carboxyliques.

Dimère d'acide

De par cette propriété les acides carboxyliques de petite taille (jusqu'à l'acide butanoïque) sont complètement solubles dans l'eau. Les molécules d'acides sont aussi capables de former des dimères stables par pont hydrogène, ce qui permet d'expliquer pourquoi leur température d'ébullition est plus élevée que celle des alcools correspondants.

[modifier] Acidité

En solution dans l'eau, l'acide se dissocie partiellement en ion carboxylate, selon l'équation-bilan :

Image:Acide carbox+eau.GIF

Ce sont des acides faibles dans l'eau (pKA entre 4 et 5).

Comme les alcools, les acides carboxyliques montrent un caractère acide et basique : la déprotonation en ions carboxylates est facile, mais la protonation est plus difficile. Ils possèdent donc un pKA plus faible que celui des alcools. En fait l'acidité des acides carboxyliques s'explique par l'effet inductif dans le groupement carboxyle : la liaison C=O est très polarisée (électronégativité de l'oxygène supérieure à celle du carbone) ce qui fait que le carbone est électrophile, et il attire donc les électrons de l'autre oxygène. Or cet autre oxygène est lui-même lié à un hydrogène, et cette liaison est aussi polarisée, donc l'électron de l'hydrogène qui s'est rapproché de l'oxygène est attiré à son tour par le carbone électrophile. Cet hydrogène devient donc très facilement mobile, d'où l'acidité du groupement carboxyle.

La solubilité de l'acide carboxylique croit avec le pH.

[modifier] Spectroscopie

En infra-rouge (IR) , l'acide carboxylique présente 2 bandes de valence.

Vibration C=0 O-H
Nombre d'onde(cm-1) 1680-1710 2500-3200
Intensité (forte) large, moyenne a forte

[modifier] Structure

D'après la théorie VSEPR:

  • la géométrie autour de l'atome de carbone (liaisons) est de type trigonale.
  • la géométrie autour de l'atome d'oxygène de la fonction carbonyle (liaison double + doublets libres) est aussi de type trigonale
  • la géométrie autour de l'atome d'oxygène de la fonction hydroxyle (liaisons + doublets libres) est de type tétragonale (AX2E2).

L'acide carboxylique possède plusieurs formes mésomères.

[modifier] Réactivité

Image:acide carboxylique.gif

Comme le montre, entre autres, les différentes formules mésomères de l'acide carboxylique:

  • Les atomes d'oxygène sont des sites nucléophiles ainsi que des bases de Lewis
  • Le carbone central est électrophile
  • l'atome d'hydrogène électrophile et acide.

[modifier] Dérivés

Les acides carboxyliques comptent de nombreux dérivés:

En terme de groupe partant (nucléofuge) l'ordre de facilité est:

Cl- (chlorure d'acyle), RCOO- (anhydride), RO- (ester), -NH2 et -NR1R2 (amides).

[modifier] Synthèse des acides carboxyliques

[modifier] Synthèse par oxydation

  • des alcools ou des aldéhydes

Les acides carboxyliques peuvent être obtenus par oxydation des aldéhydes, donc en fait d'une double oxydation des alcools primaires.

RCH_2OH + KMnO_4 \longrightarrow RCHO

RCHO + KMnO_4 \longrightarrow RCOOH

  • des alcènes

RCH=CH_2 + KMnO_4 \longrightarrow RCOOH + CO_2

ex : Synthèse de l'Acide acétique par oxydation du propène

CH_3-CH=CH_2 + KMnO_4 \longrightarrow CH_3-COOH + CO_2

[modifier] Synthèse à partir d'un dérivé d'acide

Il s'agit simplement des hydrolyses des différents dérivés d'acides

RCO-O-R' + H_2O \Longleftrightarrow RCOOH + R'OH

  • nitrile

[modifier] Synthèse par réaction d'un organomagnésien sur le dioxyde de carbone

[modifier] Réaction

[modifier] Conditions

La synthèse a lieu à basse température (-40°C). Le dioxyde de carbone est alors sous forme solide, dite carboglace. Il est mis en excès. après réaction, on effectue une hydrolyse en milieu acide pour obtenir l'acide carboxylique

[modifier] Mécanisme

  • Première étape : addition de l'organomagnésien sur CO2
  • Deuxième étape : hydrolyse en milieu acide

[modifier] Synthèse malonique

Il s'agit d'un autre type de synthèse des acides carboxyliques, à partir du malonate de diéthyle au terme de plusieurs réactions.

[modifier] Le malonate de diéthyle

Ci-dessous la formule (aplanie) du malonate de diéthyle. Il s'agit en fait d'un di-ester (2 fonctions esters reliées par un groupe méthyle).

D'ailleurs, le malonate de diéthyle peut s'obtenir par une double estérification de l'acide malonique par l'éthanol:

Afin de simplifier les schémas du mécanisme, et pour mieux illustrer ses propriétés utilisés ici, nous noterons le malonate de diéthyle:

Du fait des effets inductif et mésomère attracteurs (-I, -M) des groupes esters, les atomes d'hydrogène sur la carbone central sont relativement acides (pKA=13, à comparer à l'acidité des hydrogènes sur un groupe alkyle , de l'ordre de 40-50). C'est ce qui permet la première étape de la synthèse

[modifier] Mécanisme

  • Première étape : on fait réagir l'éthanolate dans l'éthanol sur le malonate de diéthyle

(réaction acide-base relativement facile: \Delta pK_A \approx 5~). L'éthanolate est obtenue par réaction du sodium sur l'éthanol.

Cette réaction forme donc un carbanion et de l'éthanol.

Ce carbanion est stabilisé par mésomérie:

Remarque: il est impossible ici que le malonate réagisse une seconde fois. Le produit formé serait trop instable.

Cependant on met en présence un di-ester et une base forte: cela implique donc une réaction de type saponification de l'ester. Cela ne pose pas de problème, puisque la base choisie est en fait la même que le groupe partant, l'ion éthanolate. Une réaction de "saponification" de l'un des esters ne modifie donc pas celui-ci:

  • Deuxième étape : substitution nucléophile du carbanion obtenu précédemment sur un dérivé halogéné. La partie alkyle de ce dérivé sera celle de l'acide carboxylique synthétisé. C'est donc à cette étape qu'on décide de l'acide qu'on veut. On ne peut toutefois choisir qu'un dérivé primaire voire secondaire, un dérivé tertiaire, dans les conditions de la synthèse (présence d'une base relativement forte) réagirait par une réaction d'élimination (=> formation d'un alcène, et reprotonation du malonate).

Remarque: à cet instant, on peut de nouveau faire réagir l'éthanolate et faire une seconde alkylation.

  • Troisième étape : Saponification (mécanisme) des deux fonctions ester. On utilise cette fois comme base de la soude (Na+,HO-), ou de la potasse (K+,HO-).
  • Quatrième étape : Double réaction acide-base.
  • Cinquième étape : Décarboxylation du diacide.

Le diacide se "pseudo-cyclise". Cette conformation est d'autant plus stable qu'une liaison hydrogène se crée entre l'hydrogène d'une fonction hydroxyle et l'oxygène de la partie carbonyle de l'autre fonction acide, et par le fait que ce "pseudo-cycle" comporte 6 atomes. Une augmentation de la température permet alors le départ d'un molécule de dioxyde de carbone:

Un équilibre de tautomérie vient finir cette réaction.

Cette synthèse est d'autant plus intéressante qu'a priori, elle permet de synthétiser n'importe quel acide carboxylique, puisque, à part un groupe tertiaire, il semble qu'on puisse mettre ce qu'on veut à la place de R.

[modifier] Réactions à partir d'un acide carboxylique

[modifier] Transformation en dérivé

voir les articles correspondant:

[modifier] Réduction

Wikipedia HTML 2008 in other languages

100 000 +

Česká (Czech)  •  English  •  Deutsch (German)  •  日本語 (Japanese)  •  Français (French)  •  Polski (Polish)  •  Suomi (Finnish)  •  Svenska (Swedish)  •  Nederlands (Dutch)  •  Español (Spanish)  •  Italiano (Italian)  •  Norsk (Norwegian Bokmål)  •  Português (Portuguese)  •  Română (Romanian)  •  Русский (Russian)  •  Türkçe (Turkish)  •  Українська (Ukrainian)  •  中文 (Chinese)

10 000 +

العربية (Arabic)  •  Български (Bulgarian)  •  Bosanski (Bosnian)  •  Català (Catalan)  •  Cymraeg (Welsh)  •  Dansk (Danish)  •  Ελληνικά (Greek)  •  Esperanto  •  Eesti (Estonian)  •  Euskara (Basque)  •  Galego (Galician)  •  עברית (Hebrew)  •  हिन्दी (Hindi)  •  Hrvatski (Croatian)  •  Magyar (Hungarian)  •  Ido  •  Bahasa Indonesia (Indonesian)  •  Íslenska (Icelandic)  •  Basa Jawa (Javanese)  •  한국어 (Korean)  •  Latina (Latin)  •  Lëtzebuergesch (Luxembourgish)  •  Lietuvių (Lithuanian)  •  Latviešu (Latvian)  •  Bahasa Melayu (Malay)  •  Plattdüütsch (Low Saxon)  •  Norsk (Norwegian Nynorsk)  •  فارسی (Persian)  •  Sicilianu (Sicilian)  •  Slovenčina (Slovak)  •  Slovenščina (Slovenian)  •  Српски (Serbian)  •  Basa Sunda (Sundanese)  •  தமிழ் (Tamil)  •  ไทย (Thai)  •  Tiếng Việt (Vietnamese)

1 000 +

Afrikaans  •  Asturianu (Asturian)  •  Беларуская (Belarusian)  •  Kaszëbsczi (Kashubian)  •  Frysk (Western Frisian)  •  Gaeilge (Irish)  •  Interlingua  •  Kurdî (Kurdish)  •  Kernewek (Cornish)  •  Māori  •  Bân-lâm-gú (Southern Min)  •  Occitan  •  संस्कृत (Sanskrit)  •  Scots  •  Tatarça (Tatar)  •  اردو (Urdu) Walon (Walloon)  •  יידיש (Yiddish)  •  古文/文言文 (Classical Chinese)

100 +

Nehiyaw (Cree)  •  словѣньскъ (Old Church Slavonic)  •  gutisk (Gothic)  •  ລາວ (Laos)